En visite de 48 heures au Mali, le Ministre français des affaires Étrangères, Jean-Yves Le Drian, a rejeté ce lundi lors d’une conférence la possibilité de « dialoguer avec les groupes djihadistes ». Ces propos ont été nuancés par le Premier ministre de la transition Moctar Ouane, qui rappelle que le dialogue avec les djihadistes est une recommandation du « dialogue national inclusif ».
Le Mali et la France restent partagés sur l’option d’engager un dialogue avec les groupes djihadistes qui sévissent au Nord et au Centre du pays. Du 25 au 26 octobre, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian , en visite au Mali, la première d’un haut responsable français depuis le coup d’État du 18 août, a exprimé un ‘’niet’’ par rapport à la possibilité de dialoguer avec les groupes djihadistes. « Disons les choses très clairement: il y a les accords de paix (…) et puis il y a les groupes terroristes qui n’ont pas signé les accords de paix (…) Les choses sont simples », a déclaré le chef du Quai d’Orsay devant la presse, qui a rencontré auparavant les deux principaux groupes signataires de l’Accord de paix, aujourd’hui représentés dans le gouvernement de transition, pour les presser à sa mise en œuvre.
Toujours sur le dialogue avec les groupes liés à Al-Qaïda et au groupe État islamique, le ministre Le Drian rapporte que la position de la France était également celle des pays du G5 Sahel, de la communauté internationale et du Conseil de sécurité.
Cette dernière phrase contredit la récente déclaration du Secrétaire Général des Nations-Unies, Antonio Guterres, qui, dans un entretien par visioconférence avec le journal français Le Monde, a déclaré « «Il y a des groupes avec lesquels on pourra discuter et qui auront intérêt à s’engager dans ce dialogue pour devenir des acteurs politiques du futur. »
Il faut noter que cette position du Ministre des Affaires Étrangères de la France a été nuancée par le Chef du Gouvernement de la transition, Moctar Ouane, qui lui a directement rappelé que le dialogue avec les groupes Djihadistes était une recommandation du dialogue national Inclusif, tenue en décembre 2019. Cette concertation nationale qui a réuni toutes les forces vives du pays avaient suggéré de dialoguer avec Amadou Kouffa et Iyad Ag Ghaly, les chefs jihadistes du Centre et du Nord du Mali. Et les autorités de la transition du Mali semblent s’inscrire dans cette logique parce que, déclare le premier ministre malien, «cette possibilité de dialoguer est une opportunité d’engager une vaste discussion avec les communautés afin de définir les contours d’une nouvelle gouvernance des espaces. Cela va nécessiter (…) un séquençage et une coordination avec nos partenaires notamment ceux qui interviennent sur le plan militaire. »
La possibilité de dialoguer avec les groupes djihadistes commence à avoir échos au-delà des frontières du Mali. Après le Secrétaire Général de l’ONU, le commissaire de l’Union africaine (UA) à la Paix et la Sécurité, Smaïl Chergui, avait également laissé entendre l’idée «d’explorer le dialogue avec les extrémistes ». L’Union africaine évoque ce dialogue afin de “faire taire les armes” dans le Sahel en référence à l’accord conclu récemment entre les Etats-Unis et les talibans afghans.
Siaka DIAMOUTENE
Source : Maliweb.net