Les hommes et les femmes devant siéger au sein du Conseil national de la transition (CNT) sont connus depuis le jeudi 3 décembre 2020. Ils ont été nommés à travers le décret N°2020-0239/PT-RM du 3 décembre 2020. Au total, ils sont au nombre de 121 personnes, dont des hommes politiques, des militaires et paramilitaires, de la société civile, de la culture et autres couches sociales du pays. Après la publication de cette liste nominative, des déclarations ont inondé les réseaux sociaux de la part de certains partis politiques dont la CODEM et des groupes armés, à savoir la Coordination des Mouvements de l’Azawad (CMA).
Cette dernière a, dans une déclaration, indiqué surseoir purement et simplement à sa participation au processus de mise en place du CNT jusqu’au rétablissement de la confiance et du compromis. Le comité stratégique du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5 RFP) a, de son côté, dénoncé les modes de désignation des membres du CNT avant de faire savoir que « le M5-RFP se réserve donc le droit d’attaquer devant les juridictions compétentes le décret de désignation des membres du CNT dont l’illégalité est évidente tant dans la forme que dans le fond. » Par ailleurs, le M5-RFP fustige la désignation d’individus ayant, pourtant dans un passé récent, ouvertement et farouchement combattu le processus de changement en cours, et reste résolument déterminé à empêcher toutes velléités de restauration de l’ancien régime.
La publication de la liste nominative des membres du CNT fait débat au sein de l’Etat major, des partis politiques, des groupes armés des régions du nord, de la société civile…
La réaction des acteurs intéressés était attendue et des déclarations ne se sont pas fait attendre. Ainsi, le principal mouvement contestataire du régime défunt, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP) a, dans son communiqué N°12, informé l’opinion nationale qu’il a appris sur les réseaux sociaux puis sur les antennes de l’ORTM, la lecture d’un décret daté du 3 décembre 2020 portant désignation des membres du Conseil national de la transition.
Le M5-RFP qui rappelle sa non participation au CNT dans le format proposé, a souligné que « par conséquent le M5-RFP dénie à quiconque d’y participer en son nom et met en garde les autorités de la transition contre toute manipulation visant à associer son nom à cette mascarade », informe le communiqué.
Le mouvement du M5-RFP a, par ailleurs, affirmé dans sa déclaration qu’il n’a fourni aucun dossier de candidature et par la même occasion n’a aucun représentant au CNT et dénie quiconque de se réclamer de lui.
Au-delà, le M5-RFP déplore les pratiques inquiétantes de violations systématiques des textes constitutionnels et légaux par les autorités de la transition, en l’occurrence à travers la désignation de membres du CNT à titre individuel ou par cooptation, en violation de la charte de la transition et des décrets subséquents portant conditions d’éligibilité et clé de partition des membres du CNT.
Pourtant, insiste, le M5-RFP, ces textes attribuent les sièges de l’institution à des entités nommément désignées. « Le M5-RFP se réserve donc le droit d’attaquer devant les juridictions compétentes le décret de désignation des membres du CNT dont l’illégalité est évidente tant dans la forme que dans le fond.
Par ailleurs, le M5-RFP, dont le crédo est la refondation du Mali et le bannissement des mauvaises pratiques, fustige la désignation d’individus ayant, pourtant dans un passé récent, ouvertement et farouchement combattu le processus de changement en cours, et reste résolument déterminé à empêcher toutes velléités de restauration de l’ancien régime », avise-t-il.
Déterminé jusqu’au bout pour que justice soit rendue aux martyrs, le M5-RFP se dit engagé pour la réussite de la transition afin de préserver la vision et les impératifs de changement de système qui est l’objectif principal du mouvement national patriotique enclenché le 5 juin 2020.
Outre le M5-RFP, les groupes armés du nord ont aussi procédé à des déclarations à l’image de la plateforme des mouvements du 14 juin 2014 d’Alger. Ce mouvement dit avoir appris également sur les réseaux sociaux le décret fixant la liste nominative des membres du CNT.
« A la demande des autorités de la transition, la plateforme a fourni une liste de personnes devant siéger au sein du Conseil national de transition dans le respect d’un format convenu. A sa grande surprise et contre toute attente, la plateforme s’est rendue compte qu’aucune de ses propositions n’a été retenue ».
Cet état de fait a poussé la plateforme de condamner vigoureusement ces comportements de non respect d’engagements convenus et du fait accompli qui rendent difficile la bonne collaboration. Toutefois, selon le porte parole de la plateforme, Haballa Ag Hamzatta, son organisation réitère son attachement à la République et à ses institutions et invite les autorités de la transition à la conduite consensuelle et inclusive de la transition dans notre pays. Enfin, la plateforme dit être attachée à l’application dans les meilleurs délais de l’accord de paix issu du processus d’Alger.
Un autre mouvement des groupes armés, la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA), a produit également un communiqué sur le sujet. Suite à cette nomination des membres du CNT, les ex- rebelles de la CMA, disent être au désespoir de constater que ces louables efforts pour construire la confiance et la paix se heurtent déjà aux jeux habituels de manœuvres dilatoires et de volte face de la part des autorités en charge de la transition.
Partant de ce constat, la CMA a déclaré ne point pouvoir évoluer dans un environnement animé, dit-elle, par des acteurs très peu respectueux de leurs engagements.
« En conséquence et au vu du quota insignifiant qui lui a été alloué au sein du CNT malgré tous les gages précédemment obtenus se voit obligée de surseoir purement et simplement à sa participation au processus de mise en place du CNT et ce jusqu’au rétablissement de la confiance et du compromis », précise le communiqué.
A travers la signature de son porte-parole, Almou Ag Mohamed, la CMA a rappelé aux autorités son profond attachement à une mise en œuvre diligente et intégrale de l’accord de paix issu du processus d’Alger dans un délai limité.
Le parti CODEM a, pour sa part, déclaré aussi que cette nomination des membres du CNT manque de transparence sur la représentativité des différentes couches sociales. Ce qui est de nature à renforcer le flou autour de la composition du CNT.
Selon le parti de Housseyni Amion Guindo, le fonctionnement du CNT va souffrir de légitimité. « La CODEM, en prenant acte du présent décret, informe l’opinion nationale et internationale qu’elle n’a pas été consultée et qu’elle n’a fourni aucun dossier pour le CNT.
Toutefois, la CODEM rappelle qu’elle reste résolument engagée dans son rôle de veille politique et citoyenne sur la transition politique en cours dans notre pays », lit-on dans sa déclaration.
Enfin, la CODEM a fait remarquer son engagement pour la sauvegarde de la démocratie et le retour à l’ordre constitutionnel normal dans notre pays.
La nomination des membres du CNT a fait réagir aussi le président d’honneur du parti ADP-Maliba, Aliou Boubacar Diallo, qui s’est prononcé sur sa page facebook. « Le 08 octobre dernier, je saluais la mise en place du Gouvernement de transition conduit par le premier ministre Moctar Ouane comme étant une étape cruciale pour avancer dans la mise en œuvre de la feuille de route de la transition.
Deux mois plus tard, c’est à présent au tour du Conseil National de transition d’être formé. Ainsi, l’ensemble des pouvoirs de transition (exécutif, législatif et judiciaire) sont installés », s’est-il réjoui.
Et d’ajouter qu’il ne s’agit donc plus de rentrer dans des polémiques et des débats stériles, mais plutôt d’accompagner les autorités de la transition dans la réussite de leur mission fondamentale, qui est, selon lui, d’organiser des élections libres et transparentes.
Après ses souhaits de réussite aux membres du CNT, l’ancien député des dernières législatives a assuré les autorités de la transition de son plein soutien dans la mise en œuvre des réformes politiques et institutionnelles qui permettront au Mali, de son avis, de retrouver le chemin de la paix durable et d’un retour à un ordre constitutionnel normal.
Sidiki Dembélé
Source : Lerepublicainmali