Edito : Le Bateau-Mali n’est-t-il pas sur le point de chavirer?

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Youssouf Sissoko
Youssouf Sissoko

Cette question vaut son pesant d’or au regard des événements qui s’y passent aujourd’hui. Certains sont malheureux et d’autres sont simplement ridicules, voire farfelus. En effet, depuis la prise du pouvoir par une junte militaire, le 18 Août 2020, le Mali est dans une impasse totale tant sur le plan politique que socio sécuritaire. Il est empêtré, certes dans une crise multidimensionnelle depuis l’ignoble coup d’Etat qui a renversé ATT en 2012, mais son amplification pour devenir plus gravissime encore, date d’après l’opération du 18 Août 2020. Aujourd’hui nombreux sont les maliens à s’interroger si le vieil adage selon lequel le bateau- Mali tanguera, mais ne chavirera jamais, n’est pas un lointain souvenir ou une grande épopée servant de refrain aux artistes chanteurs. Le bateau Mali a presque chaviré, non pas faute de maliens compétents pour le mener à bon port, mais par la turpitude et l’égoïsme d’autres qui veulent tout pour eux seuls et rien pour les autres.

La composition du Conseil National de Transition, CNT, a fini par convaincre plus d’un malien que les putschistes du 18 Aout 2020, loin de libérer le Mali et de jeter les bases d’un Mali Koura, ne sont que des assoiffés du pouvoir, prêts à tout pour le confisquer afin de  jouir deses délices. Le choix des membres de l’institution parlementaire de la Transition, en plus de violer la charte de la transition et les deux décrets qui définissent la clé de répartition, il est également une insulte à l’égard des forces sociopolitiques. En effet, « cette histoire » est devenue une affaire de copains, de copines, de laudateurset surtout de ma famille d’abord, toutes choses que les maliens ont déploré sous le régime défunt d’IBK. Les conséquences de cette flétrissure de la junte seront énormes, car en plus de l’impasse autour des réformes, pourtant indispensables pour le Mali dont aspire le peuple, il y a un risque de soulèvement populaire pour dire non à cette gestion clanique et chaotique, des militaires dont la première mission est d’ailleurs la défense de l’intégrité territoriale et la sécurisation des personnes et de leurs biens.

La troisième transition depuis l’avènement de la démocratie au Mali, celle du trio Bah N’Daw, Assimi Goita et Moctar Ouane, est sur le point de battre le record de la désinvolture, de la forfaiture et du clientélisme. Et pourtant, le coup d’Etat qui a précédé cette transition, loin d’être un coup de massue à notre démocratie comme en 2012, a plutôt était salué par tous les patriotes épris de justice, de paix et de sécurité. Comble de l’ironie, les auteurs de ce quatrième putsch, depuis notre indépendance, ayant reconnu le rôle éminemment important joué par les forces patriotiques qui ont mené le combat pendant plus trois mois, se sont finalement  rétractés en revenant sur sa promesse d’organiser une transition civile et en  mettant à l’écart les acteurs du changement comme le M5 RFP. Ils se sont comportés de la manière la plus solitaire et  la plus arrogante dans leurs prises de décisions et surtout dans le choix des hommes et des femmes qui doivent parler, pendant cette transition, au nom du peuple malien.Par leurs comportements le Mali, loin de retrouver sa stabilité d’avant le coup d’Etat, est aujourd’hui dans une impasse totale, car les forces du changement loin de baisser la garde, sont en train de s’organiser pour apporter des éléments de réponse cinglants qui sied à ce mépris que les acteurs de la 25ième heure que sont les militaires, ont infligé aux forces du changement.

Le Bateau-Mali est tout simplement sur le point de chavirer.

Youssouf Sissoko

Source : Inf@sept

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