Si elle venait à être polluée de suspicions et accusations, la Transition risque de creuser les sillons d’une autre crise plus grave, les mêmes causes produisant les mêmes effets.
L’atmosphère de la Transition doit être empreinte de confiance pour rassurer les différents acteurs susceptibles d’aller à la compétition électorale devant la sanctionner. Si ce n’est pas le cas, les autorités de la Transition auront simplement échoué dans leurs missions de poser les jalons d’un nouveau Mali.
En effet, il faut reconnaître que l’une des causes profondes des crises multidimensionnelles qui secouent le Mali depuis 2012 est d’origine électorale.
C’est ainsi qu’en 2012, plusieurs analystes avaient établi que feu le président ATT était dans le calcul d’une passe millimétrée à un successeur taillé sur mesure. D’aucuns avaient même indiqué que si l’élection présidentielle de 2012 avait eu lieu, le vainqueur était à mille lieues d’être IBK. Les noms de Modibo Sidibé ou de Pr Dioncounda Traoré étaient cités comme le potentiel successeur dont ATT devrait simplement être le faiseur de roi. Ce serait alors une forme de prolongement du système ATT sans lui-même.
Ces suspicions avaient été fortement dénoncées après par les proches d’IBK, qui n’avaient pas finalement hésité à qualifier le coup d’Etat du 22 mars 2012 de « salutaire et sanitaire ». Car, pour eux, si le renversement du régime ATT n’avait pas eu lieu, IBK pourrait difficilement se faire élire lors de la présidentielle de juillet-août 2013.
Par ailleurs, c’est le contentieux électoral mal géré de 2018 greffé aux élections législatives mal organisées et leur issue qui ont été à la base de la crise politico-sociale de 2020. Celle-ci atteint son paroxysme avec le renversement du président IBK le 18 août dernier avec les mécontentements cristallisés sur le choix de Moussa Timbiné comme président de l’Assemblée Nationale, dans un climat de contestation venant de tout bord.
Et certains observateurs avertis confiaient que IBK était dans son schéma de préparation de sa succession avec Moussa Timbiné ou, le cas échéant, le Premier ministre Dr Boubou Cissé. Tout cela avait pollué l’atmosphère de confiance entre les acteurs politiques et de la société civile au point qu’IBK a finalement été lâché par plusieurs de ses alliés et amis politiques.
Ces rappels doivent inspirer les autorités de la Transition afin qu’elles travaillent pour rétablir la confiance censée préserver la sérénité du jeu électoral. Si des acteurs sociopolitiques subissent à tort un quelconque harcèlement visant à les décrédibiliser avant les échéances électorales, la Transition risque de creuser une tombe pour le prochain régime.
C’est pourquoi il urge de tout mettre en œuvre pour lever toute équivoque rétablir la confiance et créer les conditions d’élections transparentes pour le choix responsable des futurs dirigeants du pays. Cette exigence est plus que d’actualité surtout qu’il se murmure que le pouvoir militaire est soupçonné de vouloir enterrer le personnel politique du moment en faveur d’un nouveau leadership.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net