Ce que je pense : quelles mesures pour redresser la transition?

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Cheick Sidi Diarra
Cheick Sidi Diarra

La visite effectuée au Mali les 11 et 12 janvier 2021 par la délégation du Médiateur de la CEDEAO, le Président Goodluck Jonathan a relevé les insuffisances ci-après dans le processus de transition:

– la non dissolution du CNSP, malgré le parachèvement de la mise en place des organes de la transition;

– le non achèvement de la feuille de route et de son plan d’action;

– le caractère non inclusif du processus de transition, en particulier dans la préparation des textes fondamentaux (Constitution, réformes politiques, réformes électorales conformément aux recommandations du DNI, la création de circonscriptions administratives);

– les interpellations extrajudiciaires en violation des procédures légales.

La délégation a insisté sur le respect de la période de 18 mois initialement convenue.

Elle a par ailleurs invité les dirigeants de la transition à s’engager pour la réussite de celle-ci.

Sans porter de jugement personnel sur la conduite des principaux acteurs de la transition, je m’en vais proposer les éléments ci-après pour redresser la transition:

1- renoncer à la structure d’appui aux élections créée au sein du M/ATD et créer un Cadre de Concertation ouvert aux partis politiques, à la société civile, aux académiciens aux fins de convenir des orientations à donner pour la vision sur les réformes et du contenu à leur donner.

Le Cadre de Concertation constituera des Commissions thématiques correspondant aux différentes priorités de réformes.

Ces commissions thématiques, avec l’assistance des académiciens, définiront le contenu à donner à chaque secteur de réformes prioritaires (pour connaitre les priorités de réforme, la feuille de route de la transition et les conclusions et recommandations du DNI nous édifieront).

A l’issue de ces concertations, on créerait des Comités d’experts pour traduire dans le droit les choix prioritaires opérés.

Je donnerais 4 mois au Cadre de Concertation et à ses commissions thématiques pour définir les orientations.

Je donnerais 4 mois aux comités d’experts pour procéder à la rédaction des textes juridiques. Ils n’auraient plus besoin de consulter en amont, car le cadre de concertation y aurait déjà procédé.

Ils se limiteraient à rédiger avec l’appui des académiciens ayant pris part au cadre de concertation.

Parallèlement, la préparation matérielle des consultations référendaire et électorales se déroulerait: mise à jour du fichier électoral et sa certification consensuelle, acquisition du matériel électoral, mobilisation des ressources et formation du personnel au guide électoral etc.

En la matière il faut éviter d’élaborer des textes dans un cadre restreint et non inclusif et penser que le “oui” ou le “non” d’une consultation référendaire suffirait à leur donner un sceau de légitimité. Ça ne se passe pas comme cela dans une démocratie.

2-Dissoudre le CNSP, ses membres étant déjà dans les institutions de la transition et dans l’Administration;

3- Mettre fin à la pratique des interpellations extrajudiciaires, sinon aucun Malien ne sera plus en sécurité chez lui.

Il faut par ailleurs assurer la transparence et la diligence dans la gestion du dossier concernant la tentative de déstabilisation pour lever les doutes aussi bien dans l’opinion nationale qu’au niveau de la CEDEAO;

4- finaliser la feuille de route de la transition et son plan d’action, qui sont différents du Programme d’action gouvernementale, mais qui s’en inspire;

5- présenter la Déclaration de politique générale du gouvernement sans tarder;

6- prioriser la mise en œuvre des résolutions et recommandations du DNI;

7- apporter de la transparence dans les nominations dans les postes de responsabilité.

Je pense que si tout le monde est de bonne foi, certaines mesures incontournables seraient de nature à apaiser les tensions.

Nous n’avons pas besoin qu’un prochain Sommet virtuel des Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO vienne nous rappeler ce qu’il faut faire pour sauver notre pays, le Mali.

Nous devons en avoir conscience par nous-mêmes et pouvoir nous élever à la hauteur de nos responsabilités.

L’histoire nous jugera. Nos enfants nous jugeront.

Cheick Sidi Diarra

Ancien Secrétaire Général Adjoint des Nations Unies

Source : Le Républicain

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