Après une année 2020 tourmentée par une crise sociopolitique qui a balayé le régime impopulaire et corrompu du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), le 18 août 2020, l’année 2021 s’annonce comme celle de tous les espoirs mais aussi de tous les dangers pour notre pays. Elle est celle des réformes majeures pour sortir notre pays des cycles de crises qu’il traverse depuis l’instauration de la démocratie en 1991 ou celle du chaos. Elle offre une dernière chance aux autorités de la transition de faire un toilettage de nos textes en déphasage avec les réalités du moment. Et si jamais, le Mali manque ce tournant de son histoire pour se doter des voies et moyens pour faire face aux défis auxquels il est confronté depuis des décennies, la survie de notre État prendra un très sérieux coup.
L’année 2021 est celle du sacrifice suprême pour tous les Maliens épris de paix et de justice. Pour atteindre cet objectif, il est du devoir de tous les Maliens de se donner les mains pour ne pas rater cette chance inouïe qui va décider du sort de notre pays, confronté à toutes sortes de dysfonctionnements qui plombent sa marche vers un développement harmonieux et durable. Et ce sursaut ne saurait se réaliser sans la main tendue des dirigeants de la transition aux catégories socioprofessionnelles de notre pays dont certaines se sentent déjà marginalisées ou écartées de la gestion de la période transitoire. Or il se trouve aujourd’hui que le fossé s’est déjà élargi entre les autorités de la transition et une partie de la classe politique et de la société civile suite à la mise en place des organes de la transition.
On reproche aux militaires de faire fi des textes dans la désignation des membres du Conseil national de transition (CNT) et de verrouiller la gestion administrative du pays par la nomination des officiers supérieurs (colonels, généraux) aux postes de gouverneur de région. Ils sont dix- sept (17) militaires gouverneurs nommés sur les vingt gouverneurs de régions que compte notre pays. Cette militarisation est vue d’un mauvais œil par certains hommes politiques et acteurs de la société civile. Ils condamnent cette gestion des militaires et les soupçonnent de tripatouiller les élections générales en faveur d’un candidat qu’ils choisiront comme ce fut le cas d’IBK, en 2013 qui a bénéficié du soutien du général Amadou Haya Sanogo et de ses hommes.
En tout cas, malgré cette électricité dans l’air, si c’est pour les intérêts du Mali et des Maliens, rien n’est encore perdu pour notre pays. Il suffit que le président de la transition, Bah N’Daw, s’investisse pour réconcilier les deux (02) parties qui se regardent en chiens de faïence afin qu’elles parlent le même langage. Cela n’est pas au-dessus de ses moyens, si c’est vrai qu’il a été appelé au chevet de la patrie en danger. Sa rigueur, sa personnalité et son sens élevé de l’État sont des atouts entre ses mains pour rassembler les Maliennes et les Maliens afin qu’ils se retrouvent dans une union sacrée pour entamer les réformes nécessaires à la restauration de l’honneur et de la dignité de notre pays, souillés par la mauvaise gouvernance des femmes et des hommes cupides qui ont pillé le pays au nom de la démocratie.
Sachons que l’échec des réformes sur lesquelles les élections générales seront organisées précipitera la chute du nouveau président élu en 2022. Donc, saisissons cette occasion pour éviter une autre crise à la fin de la transition. Sinon, la voie sera ouverte à la division de notre pays.
Yoro SOW
Source : Inter De Bamako