Dans cette interview – imaginaire ou presque – que le vice-président de la Transition nous a accordée, la semaine dernière, dans son bureau ovale, il rassure les Chefs d’Etat de la CEDEAO et les Maliens que tout sera mis en œuvre pour que les engagements pris, par les autorités de la Transition, soient respectés, à la lettre, les 14 mois à venir. Interview. Sans concession.
Mr le président, pardon Excellence Mr le vice-président de la Transition, une fois de plus, les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont, au cours de leur 58e sommet, tenu samedi, appelé les autorités de la Transition à dissoudre le CNSP, l’organe politico-militaire de la junte militaire, qui a poussé IBK à la démission, suite au putsch du 18 août dernier. Pourquoi la dissolution du CNSP tarde-t-elle à se faire ?
Nous allons le faire, inchallah !
Mais quand, exactement ?
Je ne peux, à cet instant précis, vous donner une date une date. Mais, elle se fera.
Selon la charte de la Transition, la dissolution du CNSP devrait intervenir dès le lendemain de la mise en place des organes de la Transition. Alors, ce n’est pas encore fait ?
C’est simple : nous avons trouvé, tellement, d’urgences sur place que mes camarades et moi, nous n’avons pas eu le temps de nous réunir pour décider de la dissolution du CNSP. Pour ce qui me concerne, je suis, tellement, pris par la lutte contre l’insécurité, au Nord, au Centre et au Sud de notre pays que je n’en dors plus. C’est, à peine, si je ferme l’œil deux heures par jour.
Voici, entre autres raisons, qui expliquent le retard pris par la dissolution du CNSP.
Que répondez-vous à ceux qui pensent que la junte militaire ne veut pas dissoudre le CNSP parce qu’elle veut montrer aux Maliens que c’est lui qui a la haute main sur le pouvoir ?
Pas la junte militaire, seulement, puisque des civils sont à nos côtés pour conduire la Transition.
Cela fait la seconde fois que les Chefs d’Etat de la CEDEAO demandent aux autorités de la Transition de dissoudre le CNSP. Allez-vous attendre qu’ils prennent des sanctions contre le Mali pour que vous vous exécutiez ?
Pas du tout ! D’ailleurs, il n’y aura pas de troisième fois. Tout sera mis en œuvre, les jours à venir, pour ce faire.
Mr le président, pardon Excellence Mr le vice-président, les Maliens s’interrogent : qui dirige le Mali, vous ou le président ?
Dites à nos compatriotes que la réponse est dans la question : c’est le président qui dirige le Mali ; quand au vice-président que je suis, il n’est là que pour appuyer le président de la Transition. Surtout, dans les domaines, aussi, sensibles et délicats, que la Défense et la Sécurité.
Et à quoi servent, dans ce cas, les ministres de la Défense et de la Sécurité ?
Je ne dirige pas leurs départements respectifs. Bien au contraire. Mais en tant que vice-président de la Transition, chargé des questions de Défense et de Sécurité, je suis chargé de doter nos forces armées et de sécurité de matériels adéquats, afin qu’elles puissent s’acquitter, convenablement, de leur mission régalienne de défense de l’intégrité du territoire national et de la protection des personnes et de leurs biens.
Récemment, nous avons lancé la commande d’un nouvel avion tactique pour l’armée de l’air. Qui a réceptionné, il y a quelques jours un MI-35 M.
Mr le président, pardon Excellence Mr le vice-président de la Transition, il ne reste plus que 14 mois aux autorités de la Transition pour mener à bien toutes les réformes politiques et institutionnelles contenues dans la charte de la Transition. Etes-vous sûr d’y arriver, compte tenu du retard pris ?
Bien sûr ! Même si nous ne crions pas sur les toits ce que nous faisons, nous travaillons. Sans tambour, ni trompette. Je vais donner un scoop : ces réformes connaissent, déjà, un début d’exécution. Même si le M5-RFP les qualifie, à tort, de « travail unilatéral ». Parce qu’il n’y est pas associé.
Pourquoi, les mouvements et partis politiques regroupés au sein du M5-RFP n’y ont pas été associés ?
Parce qu’ils ne veulent s’y associer, tant que leurs désidératas ne sont pas pris en compte ; alors que nous, autorités de la Transition, nous sommes limitées par le délai de 18 mois, fixé par la CEDEAO.
Mais s’ils veulent y participer, notre porte reste ouverte pour d’éventuelles propositions.
Quelle explication avez-vous donné aux Chefs d’Etat de la CEDEAO lorsqu’ils ont accusé les autorités de la Transition de n’avoir pas dissout le CNSP ?
Aucune !
Et pourquoi ?
La raison est simple, voire simpliste : le protocole de la conférence des Chefs d’Etat et de gouvernement ne me permettait pas de prendre la parole. C’est pourquoi, je vous ai dit qu’entre le président et le vice-président de la Transition que je suis, il n’y a pas de confusion possible. C’est le président qui dirige le Mali, qui parle en son nom. Moi, je suis là pour l’épauler, uniquement, dans certains domaines précis.
Avez-vous un message à l’endroit de vos concitoyens ?
Nous sollicitons l’aide et le soutien de tous, quels que soient leur bord politique, leur race ou leur religion, afin de mener cette transition à bon port.
Propos recueillis par Le Mollah Omar
Source : Canard Déchainé