Edito : La présence française divise le Mali en Pro et Anti

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Le Premier ministre Edouard Philippe passe en revue les troupes de l'armée française en position à Gao, accompagné de la ministre de la Défense Florence Parly, le 24 février 2019. © AFP/Alain Jocard
Le Premier ministre Edouard Philippe passe en revue les troupes de l'armée française en position à Gao, accompagné de la ministre de la Défense Florence Parly, le 24 février 2019. © AFP/Alain Jocard

Les autorités de la transition se démêlent pour donner entière satisfaction à la France tant sur le plan de l’application de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation issu du processus d’Alger, que sur la poursuite de sa lutte contre le terrorisme. C’est pourquoi elles multiplient les actions de séduction comme la dissolution du CNSP, la visite à Kidal d’une forte délégation et surtout la promesse du respect de leurs engagements, qu’ils soient par rapport à la date de la fin du processus de la transition, ou de la mise en œuvre intégrale du fameux accord.

A l’opposé de cette position trop francophile, certaines organisations de la société civile, crient au néocolonialisme, à l’exploitation abusive des ressources et à la non-assistance à pays en danger, comme le Mali, qui est aujourd’hui en proie au terrorisme et à l’irrédentisme. Ces organisations de la société civile fustigent sans ambages, le comportement de la France qu’elles qualifient d’impérialiste, de néocolonialiste et d’être de connivence, voire d’intelligence avec l’ennemi du Mali.

En effet, cette guerre larvée entre Pro et Anti français sera un véritable coup de frein au processus de paix et de stabilisation amorcé par la transition. Elle sera un obstacle aux réformes tant attendues, permettant de jeter les bases du Mali Koura. Et si les autorités ne prennent pas garde, elles verront leur côte de popularité baissée drastiquement, par contre augmentera le sentiment anti français.

Pour le régime de la transition dirigé par Bah N’Daw, qui d’ailleurs vient de boucler une visite de 72 heures à l’hexagone, la France est un partenaire privilégié et incontournable dans la lutte contre le terrorisme, par conséquent il serait hors de question de demander son départ, encore moins de la contrarier même sur des questions relevant de la souveraineté du Mali. Pour rappel, avant cette visite du Président de la Transition, Bah N’Daw a multiplié d’abord des gestes pour se rapprocher davantage d’Emmanuel Macron, comme entre autres, la signature d’un décret permettant la mise en œuvre de l’Accord pour la paix et la réconciliation, ensuite le décret de dissolution du CNSP et enfin une forte délégation composée d’au moins quatre ministres à Kidal, au fief des autonomistes touareg.

Ces gestes, d’une grande portée diplomatique, sont faits par le Gouvernement Bah N’Daw pour rassurer le Président français de son engagement et de sa bonne foi à satisfaire les désidératas qui sont ceux de l’application intégrale de l’Accord pour la paix et la réconciliation et de la poursuite du combat contre le terrorisme. D’ailleurs la chaleur de l’accueil qui lui a été réservé par Macron, s’explique par cela.

Quant aux anti-français ou francophobes ils ne démordent pas, ils ont même le vent en poupe et ne désarment face à ce qu’ils ont appelé le bradage du Mali à la France ou encore la désintégration du pays en cours. Ils projettent de faire d’autres manifestations, après celle du 20 janvier 2021 qui a été violemment réprimée. Le 26 mars est la date retenue pour une autre manifestation anti française. Cette autre manifestation sera-t-elle réprimée ?

La réponse dans deux mois, en attendant les têtes de proue de ce combat national voir africain que sont Ibrahima Kebe, Adama Diarra, alias Ben le Cerveau, Salif Keita, Aboubacar Sidick Fomba et surtout le panafricaniste franco béninois Kemi Seba, multiplient les actions et sont plus que jamais déterminés à aller jusqu’au bout de leur logique qui est celle de bouter la France hors d’Afrique.

Youssouf Sissoko

Source : Inf@sept

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