Ce vendredi 08 février 2021, l’imam Mahmoud Dicko, est sorti de son long silence quasi léthargique, pour enfin publier un manifeste. Dans un style très évasif : il fait son mea culpa « pour avoir soutenu certains dirigeants qui ont privilégié leur intérêt égoïste au détriment de l’intérêt général des maliens » ; il prend ses distances vis-à-vis de l’actuelle Transition ; et se propose en médiateur national pour la refondation du Mali. Même si dans son manifeste, le « Mollah » malien (un attribut qui lui est collé par certains de ses compatriotes) ne l’affirme pas explicitement, toutefois il affiche d’une manière alambiquée des ambitions pour la présidentielle de 2022.
Depuis des mois, les leaders politiques classiques maliens sont en précampagne pour la présidentielle de 2022 sur l’ensemble du territoire national. Le manifeste de Mahmoud Dicko, publié le 05 février 2021, sonne donc comme un véritable discours de rentrée politique. Il continue et va continuer de focaliser l’actualité politique dans notre pays.
Avant sa publication, l’Imam Mahmoud Dicko venait juste de boucler un long séjour en Arabie Saoudite. A son absence, ses proches et sympathisants avaient procédé à une quantité de communications sur les réseaux sociaux et par voie de presse, en vantant les qualités et mérites de leur leader religieux. Était-ce donc un moyen pédagogique pour préparer les fans aux nouvelles aspirations politiques de Mahmoud Dicko ? Quoi qu’il advienne, une chose est certaine : cet homme religieux vient de franchir un grand pas en direction de l’arène politique. Ce qui amène les maliens, très désemparés, à beaucoup s’interroger sur l’ancien président du Haut Conseil Islamique (HCI). Il est alors suspecté de tous les attributs.
L’Imam Dicko est-il un Guide spirituel, Homme politique ou imposteur ? L’Imam Dicko peut-il être vraiment le médiateur entre les politiques, les autorités de la Transition, les différents mouvements indépendantistes et d’autodéfenses ? L’Imam est-il le religieux, politique, ou les deux à la fois, ou un simple leader d’association ? Mahmoud Dicko a-t-il des ambitions présidentielles ? Par ce manifeste, se démarque-t-il in fine des Colonels putschistes après les avoir conseillés de garder pour eux seuls les rênes du pouvoir ?
Où bien Dicko voit-il simplement venir l’échec de la Transition ? Ce manifeste, un moyen de chantage contre les putschistes ? Quand d’autres compatriotes ne comprennent pas pourquoi dans son manifeste, il continue d’ignorer les victimes de la répression. Notamment, celles qui ont perdu leur vie en s’interposant comme bouclier humain pour empêcher son interpellation par les forces de l’ordre. Autant de questionnements mais qui ont leur réponse dans son « Manifeste pour la Refondation du Mali ».
Mais une chose est de toute façon évidente, l’Imam Dicko a mis ses menaces de quitter à nouveau la mosquée à exécution pour porter sa voix sur les questions sociopolitiques. Il considère que les conditions lui ont contraint de revenir sur la scène publique. Le « Mollah » ne se comporte plus en simple guide religieux. Mais il nourrit désormais de sérieuses ambitions politiques nationales. Avec la disparition de l’ex-chef de file de l’opposition, Soumaïla Cissé, l’Imam Dicko ne veut donc plus demeurer le faiseur de rois qu’il fut. Il croit désormais en ses chances pour tout simplement devenir lui-même le roi.
Conscient donc de son poids au sein de l’électorat musulman, l’Imam Dicko va certainement cesser d’être cet épouvantail du jeu politico-électoral dans son pays, pour se porter in fine candidat à la présidentielle en 2022. N’est-ce pas le contenu de son manifeste très révélateur de cette ambition présidentielle ?
Falaye Keïta
Source : Le Pélican