Six membres du gouvernement ont effectué le déplacement de Kidal, depuis la veille, pour prendre part à ce Comité de suivi de l’accord. Il s’agit des ministres de la sécurité et de la protection civile Modibo Koné, de la réconciliation nationale Ismaël Wagué, de la refondation de l’État et des relations avec les institutions Mohamed Coulibaly, de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche Mahmoud Ould Mohamed, de l’emploi et de la formation professionnelle, Mohamed Salia Touré, de la promotion de la femme, de l’enfant et de la famille Bintou Founé Samaké.
Le gouverneur de la région de Kidal, le Colonel Fodé Malick Sissoko, ne cachait pas sa satisfaction de voir flotter le drapeau malien devant le gouvernorat, ainsi que le mur faciale de la salle du Comité de suivi drapé des couleurs vert or rouge. Une photo qui ne peut pas cacher les nombreux pick-up contenant des combattants des mouvements, qui jalonnent le long de la route de l’héliport à l’intérieur de la ville, surmontés du drapeau de la CMA. Les combattants tiennent la ville de Kidal et y assurent la sécurité des personnes et des biens.
La présence de la CMA et des deux plateformes dans la salle a fait dire au Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, Mahamat Saleh Annadif, que ce jour devrait être marqué par le sceau particulier. Depuis cinq qu’il est au Mali, part aux CSA, c’est la première fois qu’il voit autant de participants, avec les cinq membres permanents du Conseil de sécurité, qui sont représentés au plus haut niveau. Ainsi ont pris part à ce premier CSA délicieux, les Ambassadeurs de France, des États-Unis, de Chine, de Russie, du Royaume Uni, et tous les pays africains voisins impliqués dans l’accord pour la paix et la réconciliation, comme le Nigeria, la Mauritanie, le Niger, le Tchad, le Burkina Faso. L’Union africaine et la Cedeao à travers leurs représentants à Bamako ont pris part au CSA de Kidal. En outre, le ministre français des Affaires étrangères, Jean Yves Ledrian d’une part et l’Organisation islamique étaient connectés pour communiquer par visioconférence.
Mahamat Saleh Annadif a souligné la solidarité de la communauté internationale, à travers sa présence à Kidal, car le chemin pour y parvenir a été parsemé d’embuches. « Si nous y sommes parvenu, c’est d’abord l’environnement de la présidence de la médiation internationale à travers l’Algérie, et aussi la volonté des Maliens eux-mêmes, car depuis un certain temps nous sentons une volonté politique. C’est ce qui avait manqué dans la mise en œuvre politique de l’accord. Nous sentons une certaine confiance qui s’est établie entre les parties signataires de l’accord. Une relation décomplexée est en train de se créer, d’une part entre le gouvernement et les responsables des mouvements, et d’autre part entre le gouvernement et les partenaires du Mali ». Pour le Représentant spécial du Secrétaire général de l’ONU au Mali, c’est ce qui a permis d’avoir une nouvelle dynamique. Selon lui, cette dynamique doit au bout se matérialiser par les dividendes de la paix pour les populations maliennes.
« Dans moins de cinq mois, nous serons appelés à faire le bilan de six ans d’efforts consentis pour restaurer la paix et la cohésion au Mali », a déclaré le ministre algérien des Affaires étrangères, Sabri Boukadoum, président de la présente session du Comité de suivi de l’accord. La mise en œuvre de l’accord a certes accusé du retard, en raison d’un environnement complexe auquel s’est greffée la crise sanitaire du Covid-19, selon le ministre algérien. Il a encouragé la médiation à « continuer de manière progressive, sereine et évolutive dans la stabilité tant recherchée. »
Le ministre de la réconciliation nationale Ismael Wagué a rappelé les décision du Conseil de sécurité des Nations-Unies et du sommet de Pau en ce qui concerne le DDR (Démobilisation, désarmement et réinsertion) et d’intégration accélérée : 3000 combattants devaient passer par le processus accéléré pour être intégrés dans les forces de sécurité, selon le ministre de la réconciliation nationale. Les questions de développement et l’opérationnalisation du fonds de développement durable ont été abordées par le ministre, qui indique que le comité de gestion tenu en décembre 2020 a retenu seize projets pour un montant de plus de 38 milliards de FCFA. Le dernier mot reviendra au comité de pilotage de ce fonds qui se réunira sous la présidence du Premier ministre.
A la fin des travaux du CSA l’Ambassadeur de France au Mali, Joël Meyer, a souligné la symbolique du lieu : Kidal, même s’il ne faut pas résumer toute la problématique de l’accord de paix à celui de Kidal, dit-il. Il a souhaité que cette réunion consacre le retour de l’ensemble des services de l’État malien au nord. « Au-delà du symbole, ce qui est important, c’est de poursuivre le travail sur le fonds. Il y a une feuille de route qui a été actualisée par tous les acteurs, et qui trace des objectifs très précis, des étapes avec un chronogramme, c’est ce à quoi il faut s’atteler maintenant ». Joël Meyer a précisé qu’il pense notamment « à la question du DDR global, à l’intégration des ex combattants dans l’armée, la police ou dans la réinsertion économique. Nous félicitons la réunion qui s’est tenue le 9 février entre les parties signataires, le gouvernement et les mouvements. Je suis heureux d’entendre que cette réunion va se poursuivre dès le lendemain de ce CSA (Comité de suivi de l’accord) pour avoir un accord sur l’ensemble du DDR global », a poursuivi l’Ambassadeur de France au Mali. A cela s’ajoute les questions du quota, du commandement. « Je suis heureux d’avoir aussi entendu que le comité de pilotage du fonds de développement durable qui doit financer des projets en particulier pour le nord se tiendra bientôt également sous l’égide de Monsieur le Premier ministre.
C’est important aussi que le Conseil national de transition puisse adopter le plus vite possible cette loi sur la police territoriale qui est importante », selon Joël Meyer. « Il faut capitaliser ces acquis mais ne pas s’arrêter au symbole, il faut continuer sur le fonds, il y a beaucoup de choses qui sont atteignables très vite ces prochains mois, j’ai parlé du DDR, j’ai parlé des projets pour le nord, j’ai parlé de la police territoriale, je parle du retour pour achever la troisième compagnie du bataillon reconstitué à Kidal, pour assurer ses missions régaliennes de sécurisation et de protection notamment des bâtiments administratifs ». Selon l’Ambassadeur, la confiance renouvelée entre les parties signataires est perceptible. « C’est grâce à ces confiances que ça nous encourage aussi à aller de l’avant à accompagner le Mali, toutes les parties à réaliser leurs objectifs de mise en œuvre de l’accord de paix. Je rappelle que la France a fait un don de 2 millions d’euros pour ce fameux fonds du développement durable et des projets consacrés au nord du pays », indique Meyer.
B. Daou
Source : Le Républicain