Spéciale Forum de Bamako dénommé « L’Autre Forum de Bamako » : Le débat sur la négociation avec les groupes djihadistes relancé

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Abdallah Coulibaly
Abdallah Coulibaly

L’Hôtel Salam de Bamako a abrité, le jeudi 18 février 2021, la cérémonie d’ouverture de la session spéciale du Forum de Bamako dénommé « L’Autre Forum de Bamako » organisée par les responsables de la Fondation Forum de Bamako, en partenariat avec le groupe VIP Africa. Cet « autre forum » en prélude du traditionnel forum reporté au mois de mai 2021 a pour thème : « État, Citoyennetés, Religions et Laïcité : état des lieux, enjeux et perspectives au Mali ». L’objectif est de sortir de l’atelier avec des constats et des recommandations partagés qui pourraient inspirer les réformes attendues pendant la transition, de même que les négociations avec les groupes djihadistes, voulues par le DNI (Dialogue national inclusif).

La cérémonie d’ouverture des travaux de cet « autre forum » était présidée par le représentant du premier ministre, Lt.Col. Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, en présence du Président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah COULIBALY, du chef de la délégation de l’Union Européenne (UE) au Mali, Bart Ouvry, de l’ancien premier ministre du Mali, Moussa Mara, des anciens ministres, des diplomates accrédités au Mali, de l’imam Mahmoud Dicko, des experts, des rapporteurs dont notre « Directeur de Publication », Boukary Daou et de plusieurs autres personnalités. Dans ses mots de bienvenue, le Président de la Fondation Forum de Bamako, Abdoullah COULIBALY, a mis l’accent sur le thème de la rencontre de deux jours intitulé: « État, Citoyennetés, Religions et Laïcité : état des lieux, enjeux et perspectives au Mali ».

Dans son discours, Abdoullah Coulibaly a parlé des notions de civilité, de civisme, d’altérité, de tolérance et de solidarité. « C’est une grosse honte pour notre pays, que de voir l’honneur de paisibles citoyens entaché par les mensonges et les dénigrements sans fondement. C’est un scandale inadmissible que d’entendre ou de lire à longueur de journée, à travers les réseaux sociaux, des injures, des grossièretés et autres abus de langage proférés contre de hautes personnalités religieuses, politiques, civiles et militaires, pour ternir leur image et bafouer leur dignité. La tolérance religieuse qui caractérise le Mali, montre parfois quelques signes d’affaiblissement, au fur et à mesure de la montée de l’extrémisme de certaines franges de la communauté musulmane, ce qui est de nature à inquiéter les minorités religieuses et peut menacer notre vivre ensemble si on n’y prend garde», a-t-il dit. Selon lui, si la question foncière reste en l’état où les plus démunis sont dépossédés de leurs terres et exposés aux abus de pouvoir en tous genres, beaucoup de localités du Mali, notamment, celles du sud, rallieront les mouvements radicaux qui leur promettent un minimum de justice.

«Les débats entre intellectuels africains, s’ils ne s’imprégnaient pas des aspirations réelles des populations, risquent d’être de stériles querelles de sémantique. Dans le meilleur des cas, chaque intellectuel se réduira à faire le perroquet, l’avocat ou pour dire drument les choses, le mercenaire de l’école ou du pays dont il a reçu la formation intellectuelle et idéologique ou l’appui financier », a-t-il dit.

L’engagement politique d’un leader religieux est-il en soi un acte condamnable ?

En réaction à cette interrogation, Abdoullah Coulibaly a rappelé qu’il est du devoir du musulman de repousser l’injustice par ses deux mains, de la combattre par sa langue et de la rejeter de toute la force de son cœur. A sa suite, l’ambassadeur, Bart Ouvry de l’UE, a salué une réflexion qui tombe à point nommé, à un moment de Transition où des choix importants s’annoncent tels une révision de la Constitution. Selon lui, les intellectuels maliens et la société civile ont un rôle de leadership à jouer pour offrir des perspectives, pour offrir des choix au peuple malien. « Depuis 2012, des débats sont en cours et doivent amener les Maliens à arriver à un consensus sur la manière d’organiser la société. On n’a aucun besoin d’unanimité et la diversité est une valeur aussi. Mais il faut un consensus sur les bases de la société, la participation de tous au bien commun et le respect des institutions. Une justice équitable est in fine le seul moyen de régler de manière pacifique et durable les conflits qui sont inévitables dans toute société. Je conclue mes propos en vous assurant que l’UE est à l’écoute et que nous maintenons notre volonté de vous accompagner. Nous le faisons déjà actuellement en accompagnant des investissements pour un meilleur fonctionnement de la justice, du cadastre foncier, de l’état civil », a conclu le chef de la délégation de l’UE au Mali. Procédant à l’ouverture des travaux, le représentant du premier ministre, Lt. Col. Abdoulaye Maïga, ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation, a fait savoir que le Mali, comme de nombreux pays de la sous-région, voire de l’Afrique, traverse des crises multidimensionnelles qui mettent en exergue la pertinence du thème de la rencontre. « Aujourd’hui, la tenue de la présente rencontre est une opportunité pour approfondir, développer et affiner les pistes de solutions pour contribuer à restaurer la paix, la sécurité et promouvoir le développement dans nos Etats », a conclu le ministre.

Aguibou Sogodogo

Source : Lerepublicainmali

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