C’est un secret de polichinelle, l’Imam Mahmoud DICKO, autorité morale du M5-RFP et son porte-parole, Issa Kaou NDJIM, Coordinateur général de la CMAS, ne sont plus en odeur de sainteté. En tout cas, même les plus optimistes des observateurs sont parvenus à ce constat après les deux sorties médiatiques de l’imam, ces derniers temps, suivies de la démission d’un cadre important de l’ACRT créé par M. NDJIM pour soutenir la Transition en cours. Et cela, en guise de protestation au soutien de l’ACRT à une éventuelle candidature du vice-président de la Transition, le Colonel Assimi GOITA, à la présidentielle de 2022.
Pour le n°10 du M5-RFP, Issa Kaou NDJIM, les événements semblent visiblement évoluer dans le mauvais sens, à tel point qu’il y’a quelques semaines de cela, une partie du bureau du Comité exécutif de la CMAS a publiquement remis en cause sa présence à la tête de cette organisation qu’il a pourtant créée pour défendre, dit-il, les valeurs sociétales ainsi que la vision politique et religieuse de l’imam Mahmoud DICKO.
Comme si cela ne suffisait pas, le fossé semble aussi se creuser entre le coordinateur général de la CMAS et mentor.
Alors que Kaou NDJIM continue de crier haut et fort qu’il garde toujours la confiance de l’imam, ce dernier, longtemps muré dans le silence, est sorti de sa réserve en s’adressant directement au Peuple malien, à travers un Manifeste qu’il vient de publier. Mais c’est l’interview accordée à nos confrères de France 24 qui a permis de mettre en évidence les divergences de vue entre l’imam et son porte-parole.
Entre les deux hommes, on est plus loin d’une rupture, voire du clash, si ce n’est déjà le cas. Selon certaines indiscrétions, l’Imam aurait même déjà refusé de recevoir Issa Kaou Djim quand ce dernier a cherché à le rencontrer.
Mais étant conscient du fait qu’il risque d’être une étoile filante sans le soutien de l’imam, Kaou NDJIM va-t-il rebrousser chemin à temps ?
Ce qui est évident, c’est que la sortie médiatique de l’imam sans le concours d’Issa Kaou NDJIM est en soi un aveu de divergence avec son porte-parole.
Visiblement, les deux hommes ne partagent plus la même vision de la gestion de la transition quand on sait que Issa Kaou NDJIM, qui prête une ambition présidentielle au Colonel Assimi GOITA, multiplie les sorties comme dans un élan de préparer l’opinion à cette éventualité.
Par contre dans son Manifeste, tout comme lors de son interview sur France 24, l’imam est moins enthousiaste et n’hésite même pas à montrer les limites de la gouvernance actuelle face aux défis qui assaillent le pays.
Dans l’hypothèse que le Colonel GOITA nourrit les ambitions secrètes d’être le candidat de la junte en 2022, l’imam et les militaires putschistes ne seraient pas sur la même longueur d’onde.
Mais, pour le moment, ce ne sont que des hypothèses, quand on sait que le Colonel GOITA est interdit, selon les termes de la Charte de la transition, d’être candidat en 2022, à condition de démissionner de son poste avant les élections ou de tripatouiller les textes.
Mais, sans l’une ou l’autre condition, le Colonel Assimi serait donc victime d’un procès d’intention de la part de ses détracteurs. Et, aujourd’hui, il ne fait plus l’ombre d’aucun doute que l’imam et les militaires putschistes de Kati ne partagent plus les mêmes priorités de la transition.
L’autre fait qui est assez révélateur des divergences entre, d’une part, l’imam et Kaou NDJIM et, d’autre part, entre l’imam et la junte de Kati, c’est la démission de Albadia DICKO de l’ACRT. Parmi les motivations qui soutiennent la décision de ce fidèle de l’imam DICKO, il y a évidemment son opposition à un soutien à la candidature du vice-président de la transition en 2022.
Les termes de la lettre de démission sont assez clairs sur ce point. ‘’Après votre (ndlr : Issa Kaou NDJIM) déclaration de souhait et de soutien à la candidature du vice-président de la transition à la prochaine élection présidentielle sur certaines chaînes de télévision, qui est contraire à l’esprit du manifeste de l’ACRT, vous violez les accords fondamentaux de ce mouvement. Le manifeste de l’ACRT ne mentionne nulle part «le soutien à un candidat», sa mission est d’aider les acteurs de la transition à sa réussite, faire justice pour les victimes du 10, 11 et 12 juillet.
Je suis également au regret de vous voir jouer tout le rôle de Secrétaire à (‘organisation, à la mobilisation et à l’information en plus de vos prérogatives de Président. Ce serait irresponsable à mon sens de continuer à occuper de fait, le poste de chargé à la Communication de l’ACRT.
Aussi, j’estime que la lutte qui a failli me coûter la vie le 10 juillet dernier avait pour objectif le changement du système de gestion oligarchique et clanique.
Par conviction, je me disais qu’il faut aider la transition à mettre en place les nouvelles bases du Mali Koura en 18 mois. C’est regrettable de vous entendre dire que vous soutenez un acteur de la transition avant même de faire le bilan de leur gestion. C’est pourquoi je pense que nous n’avons plus les mêmes visions du changement souhaité par le peuple et des objectifs de l’ACRT.
Convaincu de mon engagement pour le Mali Koura avec ou sans les acteurs de cette transition, je me désolidarise de vos actes et déclarations que je trouve peu catholiques. Pour ces raisons qui ne sont pas compatibles à ma vision, je démissionne de toutes les instances de l’ACRT qui me semble aujourd’hui être un instrument de votre candidat’’, a dénoncé Albadia DICKO.
En voyant ce dernier se désolidariser de tout appel de Issa Kaou NDJIM à soutenir la candidature du Vice-Président de la Transition, on en vient à la conclusion que ce proche de l’imam défend clairement sa vision qui est différente de celle prônée par Kaou NDJIM en son nom.
Les jours à venir nous édifieront davantage…
Par Abdoulaye OUATTARA
Source : Info-Matin