Après la grève de la centrale syndicale (l’Union nationale des travailleurs du Mali), plusieurs syndicaux nationaux se font de plus en plus entendre. Ces syndicats, notamment la santé, les transporteurs, boulangers… ont tous déposé des préavis de grève afin d’obliger les autorités de la transition à régler leurs différentes doléances. Conséquence : le front social est en train de se détériorer dangereusement, alors que l’Etat, à cause de la gestion calamiteuse de l’ancien régime, a de plus en plus du mal à honorer ses engagements vis-à-vis des travailleurs et des autres couches sociales.
Ainsi, le mercredi 17 février 2021, les transporteurs du Mali ont procédé à un arrêt de travail à Bamako. Cet arrêt de travail des transporteurs fait suite à la décision du ministère des Transports et des Infrastructures relative au paiement de la redevance de péage par passage à tous les postes implantés sur les axes routiers.
Le secrétaire général du SYNTRUI (Syndicat des transporteurs), Massama Keïta ne conteste pas la mesure mais souhaite une modification du mode de payement : « Nous voulons la régulation dans le paiement au poste de péage. Nous sommes contre le paiement multiple en 24 heures aux postes de péage. Nous préférons une augmentation de paiement une seule fois en 24 heures plutôt que de payer chaque passage…», a-t-il ajouté.
Pour sa part le Ministre des Transports et des Infrastructures a indiqué dans un communiqué « aux usagers de la route que le paiement de la redevance de péage par passage procède de l’application des dispositions de l’Arrêté interministériel n°08-1388/MF-MET-MATCL-MS1PC du 14 mai 2008 portant création des postes de péage et fixation des tarifs. Ce mode de paiement, confirmé par le Conseil des ministres à sa session du mercredi 19 février 2020, est pratiqué par les autres pays de l’espace UEMOA. L’entretien des routes construites à grands frais par l’Etat est l’affaire de tous. En conséquence, chaque usager de la route doit participer à la protection et à la pérennité des infrastructures. Le Ministre des Transports et des Infrastructures sait compter sur la bonne compréhension et l’esprit de civisme de l’ensemble des usagers de la route ».
Santé : Vers une grève 10 jours
Au même moment, les syndicats des Centres Hospitaliers Universitaires des Hôpitaux ont déposé, sur la table du Gouvernement, un préavis de grève de 240 heures, à compter du lundi 1er mars 2021. Cette décision fait suite à l’échec des négociations entre le Gouvernement et les syndicats.
En effet, plusieurs syndicats de santé sont concernés par ce mouvement. Il s’agit des organisations des Centres Hospitaliers Universitaires (CHU) Gabriel Touré, Point G, Hôpital Dermatologique, Hôpital du Mali. Ces différents comités relèvent du Syndicat National de la Santé de l’Action Sociale et de la Promotion de la Famée (SNS-AS-M), de celui du syndicat autonome des cadres médicaux (SYNACAM) et du Syndicat des Médecins du Mali (SYMIMA).
Le préavis de grève fait suite, selon le document, « au non-respect des engagements pris par le gouvernement envers les comités syndicaux grévistes et l’échec des négociations entre le gouvernement et le Comité syndical du CHU Gabriel Touré ».
Les revendications de ces agents de la santé portent également sur le retard récurrent dans le payement des primes de garde et autres droits du personnel dont les ristournes, l’allocation familiale, etc.
Les populations de la capitale ont été confrontées à un mouvement de grève des boulangers. A travers ce mouvement, ceux-ci protestaient contre la hausse du prix de la farine de blé.
Cette grève des boulangers a été fortement ressentie par les populations de la capitale. Et pour cause, le pain constitue l’un des produits alimentaires les plus consommés dans les foyers. Ailleurs, des vendeurs et autres livreurs et boutiquiers ont subi les conséquences de cette grève des boulangers.
En outre, depuis ce mouvement l’on a assisté une flambée des prix de baguette du pain et d’autres produits alimentaires de grande consommation : le pain de 200 F CFA est passé à 300 F CFA la baguette, la viande de 2.200 à 2.400 F CFA le kilogramme, l’huile de 800 F CFA à 1.000 F CFA le litre, la farine de 375 à 400 F CFA le kilo, le sucre de 500 à 650 F CFA le kilo, le sac de farine au lieu de 10.000, est vendu à 15.000 F CFA et le carton de lait de 25.000 passe à 35.000 F CFA dans certaines localités du pays. Ces différentes augmentations des produits sont aujourd’hui à la base d’un profond malais social perceptible à Bamako et dans certaines villes du pays. Or, l’argent se fait rare et la paupérisation gagne du terrain dans tout le pays.
A côté de ce malaise social l’insécurité est présente et frappe de plein fouet les populations. L’Etat n’est plus présent dans plusieurs localités du nord et du centre.
Grèves, crise financière, insécurité, malaise social… Ce sont là les maux qui minent aujourd’hui le pays. Or, les nouvelles autorités ne semblent guère prendre la mesure de ces maux et des urgences actuelles. Ce qui pose problèmes…
Mémé Sanogo
Source : L’Aube