Processus de la transition, composition du CNT, lutter contre la corruption et la délinquance financière, dossier des victimes répressions du mois de juillet 2020 ; démolition des habitations dans la zone aéroportuaire, arrestations extrajudiciaires, Accord pour la paix et la réconciliation… ce sont là, entre autres, les sujets d’actualité abordés par le M 5 lors d’un grand meeting organisé, hier, au Palais de la Culture Amadou Hampâté Ba. Le mouvement organisait là sa première manifestation après la chute d’IBK, le 18 août 2020. Devant une foule nombreuse, le M 5 a fustigé le pouvoir actuel et exigé un changement véritable.
Cette manifestation, la première depuis le changement de régime en Aout 2020 a été l’occasion Idoine pour le mouvement de fustiger la gouvernance des Autorités de la Transition « qui mettent le Mali en danger » selon les responsables du mouvement du 5 juin – Rassemblement des Forces Patriotiques.
Ainsi les différents leaders du M5-RFP qui se sont succédés à la tribune pour évoquer la situation actuelle du pays. A l’unanimité, ils ont pointé un doigt accusateur sur les militaires, auteur du coup d’état contre Ibrahim Boubacar Keïta. Ce, en procédant à la militarisation de tous les leviers de l’Etat. Aussi, le mouvement a dénoncé les arrestations extrajudiciaires, le déroulement des réformes politiques et institutionnelles sans inclusivité… Pour le M 5, il n’y aucun doute : le Mali est actuellement géré par copinage. Et c’est ce même copinage qui a prévalu lors de la mise en place du conseil national de transition.
Lors de son intervention Konimba Sidibé déclare : « Cette mobilisation est la preuve vivante de votre attachement indéfectible à la Démocratie, à la liberté mais surtout la preuve de votre passion et de votre amour pour le Mali ».
La lutte contre la corruption et surtout l’impunité autour de certains grands scandales financiers sous IBK (achat de l’avion présidentiel, loi de programmation militaire…) ont été largement évoqués lors du meeting. Ainsi, Konimba Sidibé et Me Mohamed Ali Bathily ont dénoncé l’impunité orchestrée autour de ces affaires. Pour eux, les auteurs de ces scandales qui ont ruiné le pays continuent de narguer le peuple malien auquel ils ont imposé des conditions de vie infrahumaines. Pire, les pratiques de corruption se poursuivent à tous les niveaux et a un rythme effrayant, ont qu’ils déclaré.
En outre, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5-RFP) s’est insurgé face : « aux injustices qui se perpétuent, aux arrestations extrajudiciaires, aux atteintes aux libertés d’expression, de la presse, de manifester et aussi aux démolitions sélectives d’habitations sans le moindre respect des règles procédurales et de la dignité humaine dans le mépris total des missions et des priorités assignées à la Transition ».
Pour sa part, Me Demba Traoré a demandé que justice soit faite pour les victimes des répressions des 10, 11 et 12 juillet 2020.
Sur l’application de l’accord d’Alger, le M5 est sans ambiguïté, il dit « Non » à la mise en œuvre intégrale et accélérée de l’Accord d’Alger et exige, pour le moins, sa relecture. Pour le M5-RFP, l’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté nationale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’Etat ne sont pas négociables.
La dissolution du CNT exigée
S’agissant du Conseil national de la transition (CNT), le Mouvement du 5 juin est sans équivoque. Il demande sa dissolution pure et simple. Selon, le M5-RFP, le CNT est illégal, illégitime et budgétivore. C’est pour cela que le M5 affirme avoir introduit une requête pour sa dissolution. Et le mouvement est sûr d’obtenir gain de cause : « La procédure de dissolution introduite auprès de la Cour suprême ne peut qu’aboutir au regard de la solidité de nos arguments et du souhait des Maliens de ne plus avoir à faire à des juges aux ordres comme dans un passé récent ».
Sur les prochaines élections, le M5 met en garde contre les manœuvres en cours pour faire des élections à venir une cession du pouvoir à un homme choisi par la junte pour perpétuer son pouvoir et s’assurer d’une immunité. La transition en général, et le processus électoral en particulier, ne peuvent continuer à être l’affaire d’une junte militaire qui a décidé de faire main-basse sur tout le Mali : les institutions, l’administration, l’économie, les élections…
Au-delà de cette dénonciation, le M 5 fustige aussi les velléités de quelques hauts gradés des Forces de Défense et de Sécurité qui ont usurpé la victoire du peuple, de troquer le treillis militaire contre le costume ou le boubou civil et de délaisser les théâtres des opérations pour s’embourber dans les jeux et intrigues à Bamako et ailleurs. Ce sont eux qui sont responsables de l’aggravation et de l’extension de l’insécurité par leurs comportements et ses impacts négatifs sur le moral de la troupe.
Enfin le M5 s’engage à tout faire pour redonner à la Transition son vrai sens et la trajectoire dont elle n’aurait jamais dû dévier.
Mémé Sanogo
Source : L’Aube