Le principal mouvement de contestation du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta, le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP), a du mal à se remettre après les crises de leadership. En décidant de voler de ses propres ailes, c’est-à-dire sans l’imam Dicko et son mouvement politique, le M5-RFP ressemble aujourd’hui à une coquille vide.
Le Mouvement du 5 juin-Rassemblement des forces patriotiques n’est pas content de la gestion de la transition par les militaires. Et pour que nul n’en doute, le principal mouvement de contestation du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta a tenu deux « grands meetings ». D’abord, le dimanche 21 février 2021, au Palais de la Culture de Bamako et le week-end dernier, à la Maison des ainés. Au cours de ces rassemblements, les responsables du mouvement sont revenus sur la gestion de la transition en cours au Mali depuis août 2020. Dans une déclaration lue par Me Mohamed Aly Bathily, ancien ministre, le M5-RFP exige la relecture de l’Accord d’Alger et prône la tenue, sans délai, des assises nationales de la refondation. En outre, le M5-RFP dit « NON à la marche d’une transition sans boussole ni repère ; NON aux manœuvres en cours pour faire des élections à venir une cession du pouvoir à un homme choisi par la junte ; NON aux injustices, aux arrestations extrajudiciaires, aux atteintes aux libertés d’expression…». Selon le M5-RFP, la transition en général et le processus électoral en particulier ne peuvent continuer à être l’affaire « d’une junte militaire qui a décidé de faire main-basse sur tout le Mali : les institutions, l’administration, l’économie, les élections…».
Plusieurs responsables du M5-RFP ont participé, dont Choguel Kokalla Maïga, Me Mohamed Aly Bathily, Modibo Sidibé, Me Demba Traoré, Me Mountaga Tall, Jeamille Bittar, Mme Sy Kadiatou Sow. « Le Mouvement du 5 juin, convaincu, « preuves à l’appui », de l’existence d’une complicité objective et d’une convergence d’intérêts et d’objectifs entre l’ancien régime officiellement déchu et les autorités militaires de la transition, fidèle à ses idéaux et engagements, a déjà déclaré qu’il ne peut ni s’associer ni assumer la gouvernance en cours, ni rester non plus observateur passif de ses dérives », révèle la déclaration du M5-RFP. Pour le mouvement, ne pas rester un observateur passif, c’est affirmer son désaccord et continuer de porter les justes et légitimes revendications du peuple malien pour les faire aboutir par tous les moyens légaux et démocratiques. Selon le M5-RFP, quand on n’est pas d’accord, on dit : NON ! « Le M5-RFP dit NON et agira en conséquence pour mettre un terme à la perpétuation des pratiques que le peuple malien, sous sa houlette, a combattu au prix du sang des martyrs tombés sous les balles assassines du régime déchu. A cet égard, au-delà des annonces futiles du pouvoir militaire, le M5-RFP réaffirme sa ferme détermination à obtenir justice et réparation pour eux. Le M5-RFP dit NON aux velléités de quelques hauts gradés des Forces de Défense et de Sécurité qui ont usurpé la victoire du peuple, de troquer le treillis militaire contre le costume ou le boubou civil et de délaisser les théâtres des opérations pour s’embourber dans les jeux et intrigues à Bamako et ailleurs ». Le M5-RFP dit NON à l’impunité pour les auteurs de la corruption et de toutes les autres formes de délinquance financière qui ont ruiné et appauvri le Mali et qui continuent de narguer le peuple malien auquel ils ont imposé des conditions de vie infrahumaines. Pire, ajoute la déclaration du M5-RFP, les pratiques de corruption continuent à tous les niveaux à un rythme effrayant. Le M5-RFP, s’adossant à la volonté du Peuple malien à travers les prises de positions de toutes ses composantes, dit NON à la mise en œuvre intégrale et accélérée de l’Accord d’Alger et exige, pour le moins, sa relecture. Pour le M5-RFP, l’intégrité territoriale du Mali, la souveraineté nationale, l’unité nationale, la forme républicaine et laïque de l’Etat ne sont pas négociables. « Le M5-RFP dit NON à la marche d’une transition sans boussole ni repère, ne sachant où aller ni que faire et prône la tenue sans délai, des Assises nationales de la Refondation pour arrêter le pilotage à vue, les multiples dérives et surtout pour fixer un cap à l’action publique. Le M5-RFP dit NON aux manœuvres en cours pour faire des élections à venir une cession du pouvoir à un homme choisi par la junte pour perpétuer son pouvoir et s’assurer d’une immunité. La transition en général, et le processus électoral en particulier, ne peuvent continuer à être l’affaire d’une junte militaire qui a décidé de faire main-basse sur tout le Mali : les institutions, l’administration, l’économie, les élections. Le M5-RFP dit NON aux injustices qui se perpétuent, aux arrestations extrajudiciaires, aux atteintes aux libertés d’expression, de la presse, de manifester et aussi aux démolitions sélectives d’habitations sans le moindre respect des règles procédurales et de la dignité humaine dans le mépris total des missions et des priorités assignées à la Transition », indique la déclaration du M5-RFP. Au cours de ce meeting, le M5-RFP précise qu’il agira pour redonner à la Transition son vrai sens et la trajectoire dont elle n’aurait jamais dû dévier. « Nous le ferons pour nos martyrs, nous le ferons pour notre peuple, nous le ferons pour la grandeur de notre pays. Le meeting d’aujourd’hui n’est que le premier jalon de l’entreprise de rectification de la Transition que nous entamons. Et que nous conduirons ensemble à terme. Inch’Allah !», conclut la déclaration. Le mouvement est revenu sur sa position, le week-end dernier, à la Maison des ainés. Le message est on ne peut plus clair. Seulement, le M5 aura du pain sur la planche pour réaliser ses objectifs. Puisque le principal mouvement de contestation du régime déchu d’Ibrahim Boubacar Keïta a du mal à se remettre après les crises de leadership. En décidant de redémarrer sans l’imam Dicko et son mouvement politique, le M5 RFP ressemble aujourd’hui à une coquille vide.
Zan Diarra
Source : Soleil Hebdo