Même si le suspect nie tout mobile «raciste», la triple attaque qui a visé des salons de massage s’inscrit dans un contexte de hausse des violences visant la communauté asiatique
Les chiffres sont implacables. Sur les huit meurtres pour lesquels le tireur d’Atlanta a été inculpé, mercredi, six victimes étaient des femmes asiatiques. Même si Robert Aaron Long a nié tout mobile «raciste» et que la police juge qu’il est trop tôt pour parler de «crime haineux», de nombreuses voix politiques ont fait le lien entre l’attaque et la hausse des actes violents visant la communauté asiatique depuis le début de la pandémie de coronavirus. Mercredi, plusieurs marches contre la «haine anti-asiatique» ont été organisées aux Etats-Unis, de Washington à Atlanta.
«Je sais que les Américains d’origine asiatique sont très inquiets parce que, comme vous savez, je parle de la violence contre les Américains d’origine asiatique depuis quelques mois», a déclaré Joe Biden. «Je pense que c’est très, très préoccupant», a-t-il ajouté, en précisant que le motif des fusillades restait «à déterminer».
«L’identité des victimes illustre une hausse inquiétante de la violence contre les Asiatiques qui doit cesser», a tweeté l’ex-président démocrate Barack Obama. Ces fusillades «sont des actes brutaux et vils, qui aggravent la peur et la douleur que les Américains d’origine asiatique affrontent chaque jour», a ajouté la cheffe démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi.
Les attaques contre les asiatiques multipliées par trois
Près de 70% des personnes d’origine asiatique interrogées par Stop AAPI Hate ont été victimes de harcèlement verbal et 10% agressées physiquement entre mars 2020 et février 2021, selon un rapport de cette association publié mardi.
Bien qu’il soit parfois difficile d’établir le mobile xénophobe d’une attaque, le nombre de ces crimes a presque triplé, passant de 49 à 122 l’année dernière dans les 16 plus grandes villes américaines, d’après une étude du Center for the Study of Hate and Extremism. D’après les militants antiracistes, le ressentiment a été alimenté par le discours de l’ancien président Donald Trump, qui qualifiait souvent le coronavirus de «virus chinois».
Robert Aaron Long, un Américain de 21 ans, a assuré aux autorités que ses attaques n’avaient pas de « mobile raciste ». Selon les enquêteurs, le suspect, qui a grandi dans un milieu très religieux, a évoqué son «addiction au sexe» et sa volonté de viser des « lieux de tentation ». Facebook a confirmé avoir mis hors ligne son profil Instagram qui listait dans sa biographie: «armes, famille et Dieu.»