Les rumeurs d’une éventuelle dissension entre le président de la transition Bah N’Daw et son vice-président Assimi Goita ont fait les choux gras de la presse malienne la semaine dernière. Il n’en est rien du tout. C’est juste un montage grotesque et machiavélique pour brouiller toutes pistes afin de permettre à Assimi Goita de se « victimiser ». Cela le permettra de sortir par la grande porte de l’exécutif et de s’occuper de sa candidature, les maliens ayant un penchant assez exacerbé pour le mélodrame. Sur quoi compte-t-il pour se faire élire ? Le bilan de la transition pourrait- il plaider en sa faveur ? Ne serait-il pas en train de filer du mauvais coton ?
Ne dit-on pas que le pouvoir rend fou et aveugle ? Apres s’être accaparé facilement du pouvoir le 18 aout 2020, Assimi Goita et ses compagnons d’infortune n’excluent plus aucune hypothèse pour s’y maintenir au-delà du délai prescrit pour la fin de la transition, à savoir 18 mois. Ils sont à la manœuvre et la militarisation à outrance continue. La preuve, ils se sont accaparés de tous les leviers du pouvoir, il ne leur reste plus que de choisir leur candidat pour l’élection duquel ils sont prêts à tous les stratagèmes. Donc, la prétendue dissension entre Bah N’Daw et Assimi Goita n’est qu’une vaste campagne de diversion pour tromper l’opinion.
Tous les observateurs avertis de la scène politique malienne savent qu’Assimi Goita reste le seul maître à bord du bateau Mali. La preuve, ce sont les nominations sans discontinuer, des militaires à des postes juteux de l’administration. Donc, la prétendue querelle entre le Président de la transition Bah N’Daw et son vice-président Assimi Goita est de la surenchère politique, voire un sondage d’opinion. Ce sondage n’est que la face visible de l’iceberg du machiavélique plan tendant à faire d’Assimi Goita le prochain président du Mali. Mais, si et seulement si, le colonel pouvait méditer cette célèbre phrase de Seydou Badian Kouyate, je le cite : « le pouvoir est comme une source claire et limpide. On s’y regarde, on admire sa limpidité, mais au fond d’elle, le sable n’est pas toujours pur, il est bien souvent mêlé à la boue. » Ceux qui sont en train de lui faire miroiter l’espoir qu’il pourrait être candidat le trompent lamentablement et il court le risque de se faire harakiri. Qu’il comprenne que l’heure du tripatouillage des élections est révolue. Le peuple malien n’acceptera plus que sa victoire lui soit volée. IBK en a appris à ses dépens quand il a tripatouillé les résultats pour se maintenir au pouvoir en 2018.
Rien qu’à en juger par la vague de mécontentements et le manque de rupture d’avec les pratiques du passé, on en conclurait que le plan d’Assimi Goita ne passerait pas et toute tentative de forcing aboutirait à une gravissime crise. Donc, le colonel putschiste a intérêt à ne pas céder aux sons opportunistes de quelques zélateurs à l’image de Kaou Djim. Ce qui est attendu de lui, pour écrire une nouvelle page glorieuse de l’histoire du Mali, est de doter le Mali d’institutions fortes et d’organiser des élections libres, transparentes dont les résultats ne souffriront d’aucune contestation possible. En se laissant entraîner par des vagues opportunistes, Assimi Goita court également le risque de se noyer tout seul.
Youssouf Sissoko
Source : Inf@sept