Au départ très prisé et convoité de toutes parts, l’organe législatif de la transition est certes encore en nombre largement suffisant pour délibérer. Il n’en demeure pas moins que les défections ne se comptent plus sur les doigts d’une main. Après les démissions ou refus de siéger de l’imam Oumar Diarra et de la fille aînée de Ousmane Chérif Madani Haidara, plusieurs autres membres, apprend-on, ont abandonné sur la pointe des pieds le Conseil national de transition. Nos affirment qu’on en décompte déjà six conseillers au total ayant officiellement jeté l’éponge et dont la plupart évoquent le même motif de convenance. Il faut dire que beaucoup s’étaient tout simplement mépris sur la disponibilité qu’exige la fonction législative, tandis que d’autres semblent déçus par la persistance des pratiques naguère reprochées à l’ancienne représentation nationale : dépenses exorbitantes, recrutements peu désintéressés de personnels, des avantages dans les mêmes proportions que ceux fustigés par les adeptes du changement, etc.
La Transition rattrapée par un putsch à l’aveuglette
Face aux énormes défis qu’elles affrontent laborieusement et avec tant de peine, la Transition est en passe d’être rattrapée par les erreurs et incuries irréversibles de ceux qui l’ont occasionnée. Elles leurs rebondissent à la face notamment à travers plusieurs missions contraignantes dont les réformes institutionnelles. Comment par exemple organiser l’élection présidentielle avec une Ceni représentative des différentes forces politiques ? C’est manifestement la quadrature du cercle, et pour cause : alors que l’Assemblée nationale est dissoute, l’actuel CNT ne repose sur aucun critère qui puisse les départager. Reste la possibilité d’adaptation de la nouvelle loi électorale en gestation à cette donne, imputable par ailleurs aux ardeurs euphoriques de putschistes. Toujours est-il que d’autres effets imprévus vont réapparaître avec une suppression probable du parrainage parlementaire des candidatures à la présidentielle. On pourrait peut-être ne retenir que le seul parrainage des élus municipaux, quoique cette option, par-delà l’expiration des mandats municipaux au moment du scrutin, préfigure d’une affluence ingérable de candidatures que le seul relèvement de la caution pourrait ne pas freiner. Paradoxe : il fallait épargner l’assemblée nationale d’une dissolution pour que la tâche soit plus facile.
Rassemblées par la Rédaction
Source : Le Témoin