Le Premier Ministre, Moctar Ouane, a rencontré, courant semaine dernière, les forces vives de la nation malienne : des représentants des partis politiques, de la société civile, des groupes armés impliqués dans le processus de paix, pour évoquer, dans les détails, les réformes politiques et institutionnelles à engager avant les élections prévues en mars 2021. Dans la foulée, le Chef du Gouvernement a annoncé la création d’un Comité d’Orientation stratégique (COS) sur les réformes politiques et institutionnelles.
Cette proposition cadre quasiment avec les préoccupations de l’ensemble des acteurs sociopolitiques maliens. Qui souhaitent également que des réformes politiques et institutionnelles aient lieu. Mais pas n’importe comment ! D’autant qu’ils souhaitent qu’elles soient inclusives, consensuelles et pas biaisées. Alors que le PM semble trancher que le COS, qui sera créer pour pencher sur les réformes politiques et institutionnelles, ne sera qu’un « organe consultatif , un cadre de concertation et d’échanges avec les acteurs politiques et sociaux, pour nourrir la réflexion du Gouvernement et l’aider dans l’action » avec des membres choisis selon ses propres critères. Faut-il alors comprendre que les futures décisions du COS ne seront pas contraignantes ? Que le Gouvernement est dans la dynamique de l’option d’un passage en force ?
Notre pays traverse en tout cas une zone de grande turbulence dans tous les domaines. Pour s’en sortir pour de bon , il faut forcément que l’ensemble des Forces vives soient intégrées de façon consensuelle et inclusive dans toutes les grandes entreprises que mène ou va mener le Gouvernement de Transition. Au cas contraire, il y a fort à parier que le parachèvement du processus de réorganisation territoriale, la réforme du système électoral, l’élaboration et l’adoption d’une nouvelle Constitution ou la poursuite du chantier de la régionalisation, s’ils ont pu avoir lieu, ne seront que des réformes purement biaisées obtenues par un passage en force.
Pourtant, l’histoire contemporaine de notre pays devait enseigner aux autorités de la Transition que les tentatives de passage en force, pour l’imposition de réformes politiques et constitutionnelles au peuple, n’ont abouti qu’à un fiasco. En 2018, la dernière tentative de réformes constitutionnelles impulser par le régime IBK n’a pu aboutir. Une forte insurrection populaire, sous la diligence de la Plateforme « Anté Abana », n’a-t-il pas contraint le président IBK à ranger pour de bon ses textes de réformes constitutionnelles ? Avant lui, la rue avait aussi contraint Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Traoré de renoncer à réformer les institutions politiques et la Constitution.
Pour avoir été ministre des Affaires étrangères d’ATT et en tant qu’homme du sérail de l’administration de son pays, ces faits historiques ne sont point ignorés du PM actuel. Cette réalité doit normalement servir d’enseignement à Moctar Ouane afin qu’il s’attèle à rendre le cadre du COS consensuel qu’inclusif. Ce qui lui donnerait plus de chances de pouvoir mener à bout les ambitieuses réformes politiques et constitutionnelles dont son Gouvernement compte réaliser. C’est cela ou rien !
Gaoussou Madani Traoré, DirPub
Source : Le Pélican