Il y a une différence fondamentale entre la pratique de l’islam, le fait d’être musulman et l’arabisme qui est un mode de vie propre aux arabes. Nos compatriotes ne semblent pas comprendre cela. Les différents peuples musulmans à travers le monde gardent leurs coutumes et leurs traditions dans le respect des règles islamiques et ne sont pas moins musulmanes pour cela que les Saoudiennes ou les Iraniennes.
Mais sous nos cieux, dans la vallée moyenne du Niger, la confusion est telle que, jouant sur l’ignorance des masses entrées récemment dans l’islam, certains prêcheurs leur demandent tout bonnement de vivre comme les arabes du temps de Mahomet (PSL), autrement dit, de manger et de s’habiller comme eux. Le temps historique ne comptant pas pour eux, ils leur préconisent de revenir au bas moyen âge alors qu’eux-mêmes jouissent amplement des avantages de l’évolution.
Peu éclairés et sortis des écoles coraniques traditionnelles, ils déforment sciemment les données du Coran soit pour faire sensation, soit pour se montrer plus instruits que leurs collègues en religion. Si les hommes les suivent peu dans leurs élucubrations d’outre-ciel, les femmes en revanche, boivent leurs paroles comme du petit lait. De cette manière, des nouveautés furent introduites dans notre pratique de l’islam comme la célébration du Maouloud, celle de la nuit du destin et la promotion de certaines femmes comme prêcheuses ou maîtresses en islam portant le nom de malimatou mais allez savoir ce que cela veut dire.
Cependant, les voyageurs dans les pays arabes et berbères du Moyen-Orient rapportent n’avoir jamais vu dans ces pays des femmes prêcher mais cette espèce foisonne à présent dans nos sociétés souvent contre espèces sonnantes et trébuchantes.
Il en va ainsi aussi de l’habillement à propos duquel certains érudits enseignent que la femme, objet de désir naturel, doit s’accoutrer comme une femme arabe, tout le corps couvert de vêtement de la tête aux pieds avec seulement deux petits orifices pour permettre aux yeux de fonctionner normalement.
Dans les rues de Bamako, on est estomaqué d’apercevoir des femmes cousues dans des linceuls noirs qu’elles prennent pour un signe de dévotion certaine alors que leurs époux pleurent de désespoir de les voir ainsi malmener par des prédicateurs moyenâgeux. La religion est certes ce qu’elle est et la culture autre chose. Tous les peuples du monde ont su faire cette différence sauf peut-être nos sociétés qui continuent à confondre les deux.
Charles Baudelaire, poète français du XIXè siècle disait à propos du christianisme que c’est du béni de Dieu mais qu’il fallait l’avaler avec précaution. L’islam, quant à lui, ne doit pas perturber le mode de vie de ses pratiquants. El hadj Oumar Tall, après avoir abattu le pouvoir politique de Ségou, essaya d’implanter l’islam dans tout le pays, mais n’arriva à y semer qu’un islam de cour, les campagnes environnantes demeurant dans leur paganisme.
Les femmes musulmanes des villes semblent oublier qu’avant l’islam, ce pays avait une grande culture dont l’habillement était un des aspects les plus importants et enviés dans les pays voisins. Et se prenant pour des sultanes de Bagdad, elles encombrent nos rues avec leurs parfums venus d’Extrême Orient, ce qui par ailleurs ne les empêche guère d’être autrement, côté mœurs. Mais, comme dirait Stendhal dans « La chartreuse de Parme », trop de dévotion souvent mène à la débauche.
Facoh Donki Diarra
écrivain Konibabougou
Source : Mali Tribune