Hier, mercredi 28 avril 2021, les membres du directoire de l’Alliance pour le Mali (APM-Maliko) étaient face à la presse à leur siège à Bamako pour se pencher sur la situation sociopolitique du pays, en l’occurrence le chronogramme des élections générales publié le 15 avril 2021 par les autorités maliennes. Selon les conférenciers, le fichier électoral est établi suite à une révision ordinaire des listes électorales. «Celle-ci doit se dérouler du 1er octobre au 31 décembre 2021 de chaque année. Malheureusement pour cette année, l’unique occasion que nous avons avant les scrutins est consacrée au referendum. Des révisions exceptionnelles sont organisées. Elles dureront 15 jours. La dernière révision annuelle de liste a été interrompue par la grève au niveau de l’Administration territoriale. Du coup, le choix est fait d’aller à des échéances aussi importantes que la présidentielle et les législatives de fin de Transition sans un fichier bien nettoyé et mis à jour », précise Modibo Kadjoké, président du directoire de l’APM-Maliko.
Cette conférence de presse était principalement animée par Modibo Kadjoké, président du directoire de l’APM-Maliko, en présence d’autres responsables du parti comme Yaya Haïdara, Pr. Doumbia. Dans une déclaration liminaire lue par le conférencier, Modibo Kadjoké, il ressort que la mauvaise organisation des élections est à la base des problèmes ayant contribué à plomber le pays. « Il est donc attendu de la Transition d’asseoir de nouvelles Institutions fortes et de reformer le système politique en entrevoyant des acteurs qui s’occuperont des prochaines élections présidentielles et législatives au sortir de la transition en cours avec le moins de contestations possibles. Aucun empressement, quel que soit le motif, ne doit amener le Mali à bâcler les reformes ou à organiser les élections sans au préalable aller aux réformes indispensables. Lesdites reformes doivent impérativement obtenir un large consensus sur la base d’un agenda validé par tous », a souligné Modibo Kadjoké. Selon lui, le Mali a besoin de plus de réformes et de moins d’élections et la Communauté internationale se satisfera certainement au moins de l’élection de Président de la République. Il a fait savoir que la démocratie malienne est malade et qu’elle a besoin de soins. Il a rappelé que les scrutins à organiser sont au nombre de 6 : Référendum : 31 octobre 2021 ; Conseillers collectivités : 26 décembre 2021 ; Députés et Présidentielle : 27 février 2022 ; second tour Présidentielle : 13 mars 2022 ; second tour des législatives : 20 mars 2022. Aux dires du conférencier, aucun de ces scrutins n’est lié aux nombreuses reformes attendues. Selon lui, ce sont des élections totalement déconnectées des préoccupations nationales.
Selon Modibo Kadjoké, des scrutins sont organisés dans des conditions qui ne garantissent ni la sincérité ni la sécurité ni la transparence et pour des objectifs difficiles à cerner. Le conférencier se pose la question de savoir pourquoi cette précipitation pour la révision constitutionnelle alors que les élections marquant la fin de la Transition seront organisées sur la base des textes actuellement en vigueur, notamment la Constitution de 1992. «La Transition doit consacrer le plus d’énergie et de temps à créer les conditions pour des élections les moins contestables. La Transition doit aider à réduire les causes des contestations électorales, les causes des crises politiques répétitives. Le fichier électoral est établi suite à une révision ordinaire des listes électorales. Celle-ci doit se dérouler du 1er octobre au 31 décembre 2021de chaque année. Malheureusement pour cette année, l’unique occasion que nous avons avant les scrutins est consacrée au referendum. Des révisions exceptionnelles sont organisées. Elles dureront 15 jours… La dernière révision annuelle de liste a été interrompue par la grève au niveau de l’Administration territoriale. Du coup, le choix est fait d’aller à des échéances aussi importantes que la présidentielle et les législatives de fin de Transition sans un fichier bien nettoyé et mis à jour», a déclaré Modibo Kadjoké.
«Recadrer la Transition afin de la rendre plus inclusive »
Il a souhaité la mise en place de l’Organe Unique de Gestion des Élections et de la CENI (Commission électorale nationale indépendante). A ses dires, l’organisation d’élections dans une zone sécurisée par des porteurs d’armes non étatiques serait un acte de forfaiture dès lors que lesdits porteurs ont des projets politiques. «Nous voulons, ici de façon solennelle, prendre date avec l’histoire et mettre le Gouvernement devant toutes ses responsabilités. Nous pensons que cette situation a suffisamment duré et il est temps que des décisions fortes soient prises : pas d’élection dans toutes les zones où les armes qui protègent ne sont pas celles de l’Etat régulateur », a-t-il souhaité. S’agissant de la réorganisation territoriale, il dira qu’il y aura 19 régions plus le District de Bamako, 111 cercles et 372 arrondissements (dont 6 à Bamako). A l’en croire, ladite réorganisation est prévue d’ici au 30 septembre 2021.
Par ailleurs, le conférencier évoque une incohérence dans la coordination de l’action gouvernementale. Comme propositions, le parti APM-Maliko indique que le Comité d’Orientation Stratégique, présidé par le Premier Ministre, doit jouer réellement son rôle qui est de définir le périmètre des reformes ; établir un calendrier consensuel des reformes, suivi d’un chronogramme et d’un plan de sécurisation des élections ; respecter la fin de la Transition en 18 mois en organisant les 2 scrutins essentiels : les législatives et la présidentielle. Partant du fait que la nouvelle constitution n’a pas de lien avec ces 2 scrutins, l’APM-Maliko suggère de prendre le temps d’un débat démocratique le plus large, le plus profond possible et le plus inclusif afin d’organiser le scrutin référendaire à partir de 2022. Le parti préconise la préparation dans les meilleures conditions pour l’élection au niveau des Collectivités en 2022. En outre, le parti souhaite l’organisation de la révision ordinaire des listes électorales aux dates prévues ; la désignation des membres de la CENI. De plus, le parti exige la nécessité de recadrer la Transition afin de la rendre plus inclusive (CNT, Gouvernement y compris).
Répondant aux questions des journalistes, Modibo Kadjoké a fait savoir que leur parti participera aux scrutins à venir. Quant à Yaya Haïdara de l’APM-Maliko, il a souhaité des réformes afin de limiter le rôle de la cour constitutionnelle du Mali à la gestion des contentieux électoraux. Et quant à la proclamation des élections, l’orateur estime que cette tâche doit revenir à l’organe unique de gestion des élections.
Aguibou Sogodogo
Source : Le Républicain