Au Mali, la période d’après post-Ramadan s’annonce mouvementer, au regard des déclarations à la limite menaçante du M5-RFP et de l’inextinguible crispation du climat socio-politique de façon générale. En effet, rien ne semble aller au Mali avec une population et une classe politique majoritairement en déphasage avec les autorités de la Transition.
Le scénario convulsif qui se dessine présente de similitudes avec celui de juin 2020 et augure un knock-out dont le Mali d’aujourd’hui se relèvera difficilement. En dépit de l’indignation et la frustration justifiées et causées par une insécurité qui franchit le seuil de l’inquiétude, la vie chère, le chômage, l’école aux abois, les conciliabules contre-nature militaro-politico-religieux en vue des futures échéances électorales, il paraîtrait malsain et très périlleux d’enclencher une dynamique insurrectionnelle ou de se mettre dans une logique d’exiger une dissolution institutionnelle.
En réalité, au Mali, ce qui semble être à tout point de vue une malheureuse évidence, c’est qu’on s’efforce de vivre dans le déni comme si tout était normal ou que tout pouvait se résoudre d’un coup de baguette magique. Ce raisonnement, qui consiste à considérer certaines personnes comme des thaumaturges, a occasionné la chute du régime Ibrahim Boubacar Keita, loin d’être irréprochable, et continue mordicus à réclamer la tête de l’actuel pouvoir qui, selon toute vraisemblance, minimise son couperet. Cette transition, malgré tout, demeure encore le moment propice pour une véritable introspection nationale permettant au Mali de retrouver ses lettres de noblesse et non une période pour embraser ce qui reste du pays. Et cela, chacun à son niveau doit le comprendre au nom l’intérêt commun. L’heure n’est plus de s’adonner à la gymnastique favorite de nos concitoyens, qui consiste à s’accuser mutuellement et qui n’avance en rien un pays souffrant intérieurement de dissensions infructueuses et nuisibles. En témoignent entre autres le point de presse très récent du ministre de l’énergie et de l’eau, Lamine Seydou Traoré, qui reproche sans ambages à ses prédécesseurs de ne pas avoir mis en place un système efficient pour prévenir les aléas d’aujourd’hui. Et que dire du livre du général Yamoussa Camara intitulé « Ma part de vérité » dans lequel il dépeint de façon très poétique quelques grandes personnalités comme des scélérates ou pire de véritables gibiers de potence.
Ce qui est assez révélateur est que cette œuvre du général Camara est allée très vite en rupture pas à cause des analyses objectives sur des chapitres qui traitent des questions délicates comme le pouvoir exécutif et législatif, la justice mais plutôt pour les critiques subjectives de personnes. Toutes choses qui dénotent de la grande propension de la population pour ces agissements qui n’ont que le mérite de revigorer les clivages qui gangrènent le pays. Si le général a exprimé sa part de vérité à quoi doit-on s’attendre quand SoumeilouBoubèyeMaiga, Alpha Oumar Konaré, MountagaTall, ChoguelMaiga, Oumar Mariko, TiebiléDramé, Ibrahim Boubacar Keita, Dioncounda Traoré, IssoufiMaiga , Mahmoud Dicko décideront de s’essayer à cet exercice ? Certainement une éruption volcanique, qui ne servira probablement à rien. En tout cas, l’ex ministre de la justice Mamadou Ismaël Konaté a appelé à l’ordre le général Yamoussa sur certaines de ses allégations le concernant. Au Mali il est plus que temps de sortir de ce cocon de vaines accusations mutuelles et de travailler à apaiser le climat socio-politique pour une véritable émergence de notre mère patrie.
Ousmane T Diakité
Source : Le Témoin