Front social en ébullition : La grève de l’UNTM dope un dangereux malaise sociopolitique

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Bourse de travail qui a servi de cadre pour le Mouvement démocratique
Bourse de travail qui a servi de cadre pour le Mouvement démocratique

Qu’est devenue la courtoisie républicaine dans un contexte de Transition politique malienne plus que laborieuse et tendue ? A la colère de l’UNTM s’ajoute un climat politique plutôt tendu.

Quand le pays vit dans une situation compliquée de crise multidimensionnelle, une grève d’aussi longue durée pouvant être convertie en une grève illimitée doit préoccuper au plus haut point l’Etat. Le chef de l’Etat, le président de la Transition, Bah N’Daw est plus qu’interpellé pour agir avec diligence afin de désamorcer cette bombe sociale menaçant l’existence même de la nation malienne. Comment comprendre que dans le Mali agonisant surtout depuis le 18 août 2020, une centrale aussi importante que l’UNTM puisse envisager et décréter un arrêt de travail de 5 jours, allant du 17 au 21 mai, reconductible du 24 au 28 mai puis transformable en grève illimitée à compter du 28 mai dans ce Mali à terre ? Pourquoi en est-on arrivé là ? Pourquoi le gouvernement n’est-il dans un tant soit peu dans l’anticipation ? Comment les autorités ont-elles pu laisser la situation pourrir à ce point ? L’existence même du Mali n’est-elle pas aujourd’hui sur un fil de rasoir susceptible de se rompre à tout moment ?

Il faut donc souligner avec force que les revendications syndicales de la plus grande centrale syndicale du Mali, l’Union nationale des travailleurs du Mali (UNTM) viennent de se greffer à un climat de mécontentement et de difficultés sociopolitiques et économiques fragilisant davantage la paix sociale, la stabilité et la quiétude.

En effet, à la récente réunion de la commission de conciliation Gouvernement-UNTM-Patronat, les positions sont apparues très tranchées. Aux propos du ministre du Travail et de la Fonction publique Me Harouna Toureh, le représentant de l’UNTM a opposé une farouche opposition, une réplique traduisant le fossé entre les autorités et le monde syndical.

Me Harouna Toureh avait-il besoin de révéler à ses interlocuteurs de l’UNTM ,que le gouvernement  a des arsenaux juridiques pouvant éviter ou empêcher les manifestations susceptibles de troubler l’ordre public ? Le ministre du Travail avait-il besoin de verser dans un discours de recadrage voire, de menace pour expliquer le cadre fonctionnel du gouvernement sur les doléances syndicales ?

Où le représentant de l’UNTM place-t-il la courtoisie républicaine pour manquer de retenue envers le gouvernement et les institutions de la Transition ? Pourquoi le syndicaliste a-t-il discrédité les autorités en traînant leur image dans la boue comme composées sous un arbre ou sous un hangar ? Ces échanges plus que houleux entre le gouvernement et l’UNTM prouvent à suffisance que la déchirure du tissu social  a atteint un degré avancé et il urge que les ressorts traditionnels et religieux, gardiens du temps se mettent rapidement en branle pour sauver ce qui peut l’être.

En effet, la cherté de la vie, l’injustice dans la rémunération et traitement salariaux, les déceptions et frustrations sociopolitiques peuvent constituer un terreau fertile de déflagration funeste pouvant sceller le sort du vivre-ensemble et de la cohésion nationale.

Il appartient à présent au président de la Transition et au Premier ministre de tout mettre en œuvre pour recoudre le tissu social. Ils peuvent, par exemple, en attendant que le nouvel attelage gouvernemental ne soit mis en place, mobiliser les autorités coutumières, religieuses de la République pour calmer les ardeurs de défiance de l’UNTM pour une sortie de crise, ne serait-ce que provisoire.

Boubou SIDIBE

Source : Maliweb.net

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