Soixante douze heures après la déposition de l’exécutif de la transition selon un scénario identique à celui utilisé pour éjecter le très contesté IBK, le 18 août 2020, des jours sombres s’annoncent pour le Mali.
La France, dont la force Barkhane lui sert de précieux bouclier contre les hordes jihadistes fanatisées venues du Maghreb, principalement de l’Algérie, n’entend pas valider » un coup d’État dans le coup d’État « . Son président Emmanuel Macron juge le procédé « inacceptable « . Son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Ledrian va plus loin en brandissant des menaces ciblées contre ses auteurs. Lesquels se trouvent être en même temps les chefs de l’armée malienne. Comment, dans ces conditions, poursuivre entre les deux pays le partenariat militaire qui s’est avéré jusqu’ici dissuasif pour les groupes terroristes de s’aventurer dans les agglomérations urbaines du sud du pays, notamment Bamako ? Il y a là, assurément, un sérieux motif d’inquiétude.
L’Union européenne, autre partenaire de poids du Mali dans sa lutte contre le terrorisme, a également condamné sans équivoque la seconde intrusion-si l’on peut l’appeler ainsi- des hommes de Kati dans le champ politique, en l’espace de neuf mois. Et promis, elle aussi, des sanctions. Toucheront-elles l’assistance qu’apporte sa Task Force aux FAMA et aux populations civiles ou son programme de formation ( EUTM) visant à rendre nos troupes plus combatives et efficaces sur les théâtres des opérations ? Il faut le redouter.
Pour leur part les Etats-Unis d’Amérique n’ont pas mis de temps pour annoncer la suspension de leur appui militaire et sécuritaire au Mali. Cela, peu de temps après leur décision récente, qui a suscité un grand espoir, d’accroître leur contribution, à travers Barkhane et la force commune du G5-Sahel, dans la traque et l’éradication des groupes terroristes dans la sous-région.
Les nouvelles ne sont pas bonnes non plus du côté du financement de l’économie. Attendu à Bamako mercredi dernier, le vice-président de la Banque mondiale, premier bailleur du Mali avec un engagement avoisinant mille milliards de FCFA, a préféré poursuivre sa route sur le Burkina Faso, à ses yeux plus accueillant et plus sûr par les temps qui courent. Il est fort à craindre que ce réflexe, somme toute compréhensible, n’inspire d’autres partenaires financiers bilatéraux et internationaux, ce qui ferait souffrir davantage la trésorerie publique déjà très mal en point.
Le pire serait que la mission Goodluck Jonathan, désormais familière du décor bamakois depuis le temps qu’il y multiplie les séjours à la recherche d’une conciliation introuvable, rentre à Abuja (siège de la CEDEAO) avec le sentiment d’un nouvel échec. Les sanctions économiques et financières qui pourraient en découler à l’initiative des chefs d’États et de gouvernements dont une réunion sur le Mali est attendue les jours prochains, seraient lourdes de conséquences. Non seulement sur le quotidien des Maliens déjà fort lamentable, mais aussi, ceci découlant de cela, sur la stabilité sociale.
Saouti HAIDARA
Source : l’Indépendant