Depuis l’annonce de la CEDEAO, de la suspension du Mali de ses instances, comme un phénomène de contagion, d’autres organismes continentaux et internationaux n’ont pas tardé à emboîter le pas. Il s’agit entre autres de la Commission de l’Union Africaine, du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) et de la Banque mondiale. S’y ajoute, la déclaration du président français Emmanuel Macron, de rappeler les coopérants militaires français et de la suspension des opérations conjointes entre la force Barkhane et les Famas dans la lutte contre les groupes jihadistes. Des sanctions qui relèvent du respect des textes fondateurs de ces organisations mais qui ne sont pas de nature à soutenir l’Etat du Mali à sortir de la crise multidimensionnelle dans laquelle il vit depuis 2012.
Après la suspension du Mali des instances de la CEDEAO, la réclamation de la nomination d’un nouveau Premier ministre civil et le maintien des élections au début 2022 par celle-ci lors de son sommet extraordinaire des chefs d’Etat à Accra le weekend dernier, ce fut le tour de la France de venir à la charge avec sa décision de suspension de ses opérations militaires conjointes avec le Mali le 3 juin dernier après avoir condamné ce second coup d’Etat en 9 mois de la transition
Cependant comme si cela ne suffisait pas, c’est le tour du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) qui s’est réuni en session extraordinaire le 3 juin à Paris, sous la présidence de la secrétaire générale Louise Mushikiwabo, pour examiner la situation du Mali suite au coup d’Etat perpétré le 24 mai dernier contre les autorités légitimes de la transition.
A l’issue de cette session ordinaire une résolution fut adoptée à l’unanimité et cela à travers un communiqué de presse datant du 3 juin 2021, dans lequel le CPF a également condamné fermement ces évènements et a décidé, conformément aux dispositions de la Déclaration de Bamako, de suspendre la République du Mali des instances de la Francophonie, tout en maintenant les programmes de coopération multilatérale francophone, notamment ceux en soutien du processus de rétablissement de l’ordre constitutionnel et démocratique. Il exige des Forces de Défense et de Sécurité maliennes la levée immédiate de toutes les restrictions imposées à tous les acteurs politiques, en particulier l’assignation à résidence l’ancien président et son premier ministre. Et le maintien aux dates indiquées des élections au plus tard en mars 2022, dans un cadre concerté qui garantisse leur caractère libre, fiable et transparent.
Par la suite, ce fut le tour de la Banque Mondiale de suspendre ses opérations financières au Mali. Selon un porte-parole de la BM a qui s’est confié au site d’informations ‘’l’Agence France Presse’’, la banque mondiale a temporairement mis en pause les décaissements de ses opérations au Mali pendant qu’elle suit et évalue de près la situation. Une décision a été prise conformément à la politique de la banque applicable à des situations similaires à celle survenue au Mali, a indiqué la même source.
Cette dernière vient empirer la situation d’un pays déjà fragilisé par ces multiples crises. Car depuis les évènements de 2012 le Mali a perdu beaucoup de ses partenaires techniques et financiers.
Ces suspensions du Mali sont vues par beaucoup de Maliens comme une manière de pousser les militaires au pouvoir vers une transition politique (civile) exigée par la communauté internationale à travers la CEDEAO depuis le 1er coup d’Etat du CNSP en août 2020. Des sanctions justes, mais de trop. Espérons sur un lendemain meilleur pour le Mali.
Par Maïmouna Sidibé
Source : Le Sursaut