Attaque djihadiste à Nana-Kéniéba : La rançon du pilotage à vue !

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photo à titre illustratif
Les djihadistes ( photo à titre illustratif )

L’attaque contre le poste forestier à Nana-Kéniéba au cours de laquelle deux forestiers ont perdu la vie porte la marque des djihadistes. Depuis fin 2019, l’alerte avait été donnée sur la présence des hommes armés dans la forêt de Baoulé. Visiblement, les préoccupations des agents forestiers n’ont pas été suffisamment prises en compte par la hiérarchie des forces de défense et de sécurité.

Dans la nuit du 6 mai 2021, le poste forestier de Nana-Kéniéba, situé dans la commune rurale de Siby, a fait l’objet d’une attaque de la part des hommes armés. Bilan : deux agents des Eaux et Forêts (Mamadou Seyba et Youssouf Diarra) tués, un agent blessé (Jean Kéïta), de motos et des fusils emportés par les visiteurs indésirables. Qui sont donc ces hommes armés ? Selon de nombreuses sources, il s’agit des djihadistes dont la présence avait été signalée depuis fin 2019 dans la forêt de Baoulé, une réserve forestière de plus de 2 millions d’hectares sur les territoires des régions de Kayes et Koulikoro.

L’attaque aurait commencé à la tombée du soleil avec les crépitements d’armes. L’alerte est donnée au poste de la direction nationale des Eaux et Forêts par un agent forestier, lequel a été informé par un habitant de Nana-Kéniéba. Dans les minutes qui suivent, le directeur national des Eaux et Forêts est informé de l’attaque confirmée par Youssouf Diarra qui a eu le temps de décrocher le coup de fil de l’un de ses collègues. Et malheureusement, ce brave agent forestier, fils unique de sa mère, mari de deux épouses y laissa sa vie au cours de l’attaque. Tout comme le chef de poste. Une unité de la Forsat accompagnée par une équipe de la protection civile est dépêchée sur les lieux. Quand elle arriva, les assaillants avaient déjà quitté les lieux en emportant deux motos et les armes individuelles de deux agents forestiers ayant perdu la vie.

Des informations recueillies, il ressort que les hommes armés connaissaient les lieux. Certains se sont même rendus dans le village pendant la journée pour acheter au moins dix (10) litres de carburant. A Nana-Kéniéba, l’attaque aurait été annoncée à l’avance dans certains milieux. Chez les agents forestiers, la piste de complicité villageoise est de plus en plus privilégiée. Selon les mêmes informations, ceux qui ont attaqué le poste forestier étaient visiblement armés et comptaient dans leur rang des tireurs aguerris au maniement des armes. Ils disposaient des fusils avec vision nocturne. Et une balle aurait perforé l’œil gauche de l’un de deux agents forestiers décédés pour sortir vers la nuque. Ce qui dénote de la netteté des tirs et surtout le professionnalisme des tireurs. Malgré tout, c’est l’épuisement des munitions en plein combat qui a été fatal aux agents forestiers.

Cette attaque a suscité une grande colère dans les rangs des agents des Eaux et Forêts qui réclament des armes lourdes au ministère de la Défense et des anciens Combattants pour « nettoyer » la forêt Baoulé. Les Eaux et Forêts affirment qu’ils ont toujours tiré la sonnette d’alarme sur la présence des hommes armés dans cette réserve forestière. Sans être entendus ! Pire, les patrouilles envoyées par la hiérarchie militaire se limitent aux abords de la forêt et évitent soigneusement les zones où la présence des hommes armés est signalée. Et que les commandants des équipes de patrouilles ignorent superbement les pistes tracées par les Eaux et Forêts, lesquels sont censés avoir la maîtrise du terrain.

Le moral n’est pas au beau fixe chez les agents forestiers. Il urge de prendre ce problème à bras le corps avant que cette réserve forestière ne soit une nouvelle base arrière pour les ennemis de la paix.

Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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