Se basant sur les données de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI), la Chaire Sahel, située au Burkina, a produit une étude sur les dépenses de sécurité dans les pays du G5 Sahel. A Bamako, un atelier de trois jours ouvert, ce lundi 28 juin, permettra d’adopter une feuille de route pour la mise en œuvre des recommandations de l’étude.
Les dépenses militaires dans les pays du G5 Sahel augmentent avec l’insécurité. Quels sont les effets d’éviction (conséquences négatives) de ses dépenses sécuritaires sur les dépenses de développement ? La question était au centre de l’étude présentée par la Chaire Sahel de la Fondation pour les études et recherches sur le développement international (Ferdi).
Aux dires de Tertius Zongo, ancien Premier ministre du Burkina et directeur de la Chaire Sahel, l’étude a été menée avec des experts locaux dans chaque pays membre du G5 Sahel. «Le développement du Sahel doit être pensé par les experts sahéliens» a-t-il indiqué au lancement de l’atelier de trois jours présidé par le secrétaire général du ministère malien des Affaires étrangères. Un atelier organisé par le Secrétariat Exécutif du G5 Sahel, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer.
De 2015 à 2018, le Mali a injecté 1,6 milliards de dollars (environ 900 milliards FCFA) dans les dépenses militaires. Ce qui fait de notre pays, le plus gros budget militaire du G5 Sahel devant le Tchad avec 963 000 millions de dollars. En termes de part du budget national attribuée aux dépenses militaires, le Mali se classe au 12e rang mondial avec 14% de son budget attribué en 2018 à l’armée. Dans le G5 Sahel, seul le Tchad a fait mieux à la même période avec 15% de son budget national attribué aux dépenses militaires.
Dépenses militaires vs dépenses de développement
En 2018, l’enveloppe globale des dépenses militaires dans les pays du G5 Sahel a atteint 1,2 milliards d’euros. Un niveau « historiquement élevé » des dépenses militaires, a souligné l’étude de la Chaire Sahel. Des dépenses liées au contexte sahélien marqué entre autres par : une faible densité du peuplement, des vastes superficies, des coûts logistiques élevés, la nature asymétrique des menaces…. Cependant, pour être efficaces, « les efforts de sécurité ne doivent pas s’effectuer au détriment des dépenses envers les populations les plus pauvres », a conseillé l’étude.
Dans leurs recommandations, les experts de la Chaire Sahel demandent un changement d’approche aux Etats. Plutôt que de considérer les dépenses de sécurité comme des dépenses de souveraineté, «la sécurité doit être considérée comme une composante du développement ». C’est à ce prix, recommande l’étude, que l’effet d’éviction des dépenses sociales et de développement sera évité « pour sortir du piège de l’insécurité et de la pauvreté ».
Mamadou TOGOLA
Source : Maliweb.net