Depuis un moment, une loi relative à la création d’une police territoriale fait le tour des réseaux sociaux. Une précision de taille, la loi n’a pas encore passé au CNT, probablement à la plénière prochaine, les conseillers du CNT vont en débattre. Cette loi entre dans le cadre de la mise en œuvre intelligente de l’accord d’Alger annoncée par le Président de la transition. Pendant que la population réclame une relecture, les autorités se précipitent dans sa mise en œuvre.
Cette police territoriale que les autorités de la transition envisagent de créer aura le même rôle que la police nationale, excepté l’établissement de la carte d’identité nationale. Mais, elles oublient une chose, cette loi, une fois passée, la CMA profitera pour faire de cette police territoriale une armée efficace à affronter l’armée malienne dans les jours à venir. Cette police va même établir la carte d’identité de l’Azawad pour prétexte que la police nationale est absente.
La partition du pays
Cette loi ne prévoit pas les types d’armes qui seront utilisés par ses policiers, mais c’est sûr et certain qu’un policier de Kidal ne portera pas la même arme que celui d’Ansongo. La CMA dira que l’arme varie en fonction du danger qui sévit dans le milieu. Un prétexte pour que le policier territorial de Kidal puisse avoir accès à une kalachnikov, un pistolet de 6 coups pour celui de Gao.
Les autorités de la transition sont en train d’ouvrir une brèche pour alimenter le banditisme au Mali. En autorisant des individus qui volent à utiliser une arme, cela revient à légaliser leurs actes.
Tout le monde sait qu’il y a des communes qui n’arrivent même pas à payer leurs fonctionnaires actuels, à plus forte raison payer des futurs policiers. Cela signifie que, quand des communes seront dans l’incapacité de payer leurs policiers, ces derniers utiliseront leurs armes à l’encontre des paisibles populations pour se payer eux-mêmes !
Cette loi n’est point au bénéfice de la nation. C’est uniquement pour donner une légitimité aux combattants de la CMA à intégrer les rangs. Au lieu de créer une police de trop, les autorités de la transition doivent renforcer la police nationale. Cet épisode nous laisse comprendre qu’il n’y aura plus de relecture intelligente mais plutôt une mise en œuvre intelligente de l’accord. Monsieur le Président, cette mise en œuvre intelligente nous conduit à une division du pays de façon intelligente.
ABDOUL AZIZ O DIALLO
Source : Le Matinal