Le Premier ministre de Transition, Dr Choguel Kokalla Maïga, sera, en principe, vers la fin de ce mois de juillet, devant le Conseil national de Transition (CNT) pour présenter son plan d’action gouvernementale. Réussira-t-il à convaincre lors de ce grand oral ?
Comme il l’annonçait lors du premier conseil de cabinet de son équipe gouvernementale, le Premier ministre Choguel Kokala Maïga, s’inscrit résolument dans l’engagement à satisfaire les Maliens. « Les Maliens meurtris par des souffrances de toute nature attendent beaucoup de nous et nous ne devons pas les décevoir », déclarait-il quelques jours après son entrée en fonction.
Le chef du gouvernement de transition sera, avec cet engagement, face aux représentants transitoires du peuple dans les prochains jours pour décliner ses actions. Celles-ci sont censées se dérouler sur une période trop brève de s8 petits mois, dans un contexte où tout semble prioritaire.
Convaincre les représentants du peuple
Ce grand oral face aux membres du CNT doit permettre au Premier ministre d’exposer sa stratégie concernant le processus de sécurisation du pays, la problématique d’amélioration du quotidien de ses compatriotes et les échéances électorales.
Sur le premier point, Dr Choguel Kokala Maïga peut surfer sur les efforts en cours, sous l’impulsion du chef de l’Etat, chef suprême des Armées, le Colonel Assimi Goïta, permettant de renforcer la montée en puissance des FAMAs sur le terrain. Ce qui fait que l’on assiste, de plus en plus, à une accalmie sur le front sécuritaire au niveau de plusieurs zones du pays. C’est pourquoi au centre et au Nord du pays, les attaques terroristes ont diminué en nombre, de même que les violences intercommunautaires.
Par rapport à l’amélioration du quotidien des Maliens, le Premier ministre peut s’appuyer sur la satisfaction des revendications phares portant sur l’unification de la grille salariale conclue avec l’UNTM. Cet effort est à saluer et devrait conduire à décrisper le front social, même si les enseignants sont mécontents pour leur situation particulière.
En plus, la question de la cherté de la vie devrait préoccuper le chef du gouvernement, qui doit trouver les meilleures recettes afin d’impacter positivement sur les prix des denrées alimentaires pour apaiser ses compatriotes. Sans oublier que l’Etat doit intensifier ses efforts pour soulager les couches défavorisées à travers des actions d’assistances (comme celles de soutien aux déplacées et personnes indigentes, veuves et orphelines de ces derniers jours) et faire des progrès sur le paiement de la dette intérieure, l’entretien routier, etc.
Se concentrer sur l’essentiel
Concernant la préparation des prochaines élections, le Premier ministre doit éviter de s’encombrer de réformes lourdes, trop coûteuses et non consensuelles. Y a-t-il encore du temps pour envisager une révision constitutionnelle ? Doit-on encore disperser des énergies sur une régionalisation laborieuse et sujette à des adversités inutiles ? Faut-il procéder dans le contexte actuel à la relecture de l’Accord pour la paix et ouvrir une éventuelle boîte à pandore préjudiciable à la sérénité de la Transition ? Il urge de renoncer à des élections locales et régionales pour ne se focaliser que sur l’élection présidentielle de février 2022. Celle-ci doit passer par un mécanisme fort, autonome, indépendant et consensuel. Il doit centraliser les compétences d’une « CENI renforcée » ou d’un organe unique de gestion des élections ». Il doit être animé par des experts électoraux de compétence avérée et reconnue qui doivent passer par un appel à concurrence rigoureusement mis en place.
Tous ces points majeurs du plan d’action gouvernementale doivent être discutés, sans complaisance et fortement soupesés par les membres du CNT. Ceux-ci ne devraient faire aucun cadeau au Premier ministre sur la faisabilité et les capacités de financement de ces actions dans le temps restant. Ce n’est qu’après ces vérifications et analyses que le parlement provisoire doit donner quitus au locataire de la primature pour aller rapidement se mettre à la tâche. Celui-ci doit clarifier ses positions sans aucune équivoque sur l’impérieuse nécessité de respecter l’engagement solennel de l’Etat malien de respecter le délai des 18 mois, fixés à cette transition.
En définitive, Dr Choguel Kokala Maïga est très attendu sur les questions du délai de la Transition, sur le mécanisme de gestion transparente et crédible des prochaines élections, notamment la présidentielle et sur la nécessité de réduire les missions de la Transition. Une transitoire ne doit pas vouloir faire beaucoup de choses, au risque de se perdre dans les dédales. Car, « qui trop embrasse, mal étreint ».
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net