Ayant été l’un des démolisseurs acharnés du régime IBK, le Premier ministre Dr Choguel Kokala Maïga semble éprouvé des difficultés à rassurer ses « amis » sociopolitiques sur sa capacité à travailler de façon désintéressée pour le redressement du pays. D’où des peaux de bananes sur la route du gouvernement de transition.
« Qui tue par l’épée périt par l’épée ». Le seul fait que la « légitimité » du Premier ministre actuel tient au fait qu’il est l’un des meneurs de la fronde déstabilisatrice qui a fait tomber le pouvoir IBK pose un problème d’éthique politique.
En effet, quoi que l’on en dise, le pouvoir IBK est issu des urnes. C’est la présidentielle, houleusement contestée de 2018, après un premier mandat issu du scrutin (plus acceptable de 2013), qui a donné une certaine légitimité à celui qui sera renversé le 18 août 2020. Et parmi les ministres d’IBK entre 2013 et 2018, on comptait un certain Dr Choguel Kokala Maïga, qui plus est, a été l’un des porte-parole du gouvernement. C’est durant le second mandat d’IBK seulement que Choguel s’est finalement mué en opposant du régime, dont il a été comptable durant le premier mandat. C’est au point que l’on peut se poser la question de ce qui a si gravement contribué à détérioré les rapports entre IBK et le leader du MPR pour que ce dernier arrive à en devenir l’un des plus sérieux pourfendeurs.
Dr Choguel Maïga parviendra donc à la primature, après avoir manifesté, à plusieurs reprises, contre le pouvoir IBK, dont il avait été l’un des piliers. Ce cheminement fera que le chef du gouvernement a du mal à rassurer ses compatriotes et surtout une bonne partie de la classe politique et de la société civile.
En effet, pour les uns et les autres, le simple fait d’avoir battu le pavé pour contribuer à renverser un régime ne doit donner l’opportunité d’assumer de hautes responsabilités de l’Etat. Ce qui veut dire que le gouvernement de transition ne devrait pas être dirigé par le porte-parole du comité stratégique du mouvement du 5 octobre-Rassemblement des forces patriotiques (M5-RFP). Comment le leader contestataire d’hier peut-il du jour au lendemain assumer le rôle du reconstructeur dans un contexte quasiment identique ? Comment à titre d’exemple le dénonciateur de l’Accord pour la paix d’Alger peut devenir le chef de l’administration devant l’appliquer ? Comment celui qui avait soutenu les enseignants dans leurs revendications salariales peut, quelques semaines après, devenir le chef du gouvernement devant donner la satisfaction souhaitée à cette crise sociale ? Comment le leader qui venait de dénoncer l’illégitimité du CNT, devrait, quelques jours plus tard, venir solliciter l’aval de cet organe pour son Plan d’action gouvernemental (PAG) ?
Ce sont là des questions qui, ajoutées à la gestion quotidienne des affaires publiques, semblent poussé à une forme d’adversité des plusieurs acteurs politiques et de la société civile.
En effet, le passage du statut d’opposant d’IBK à celui du Premier ministre d’après IBK confronte inévitablement Choguel Maïga à un désir de prolonger son séjour primatorial. Ceci, dans le but de disposer de capacités temporelles de changement de gouvernance. Cela ne passera donc pas sans une volonté réelle de prolonger la transition au-delà du délai convenu de 18 mois. Et c’est cela que plusieurs acteurs politiques ont perçu et se sont positionnés, la semaine dernière, avec une déclaration ayant l’allure d’une mise en garde. Ce qui peut créer des conditions d’une tension politique entre le Premier ministre de Transition et une partie de la classe politique. Une situation qui doit inciter le chef du gouvernement à réajuster sa méthode de gestion du pays, à assurer plus d’inclusivité dans sa gouvernance. En clair, à, d’une manière ou d’une autre, rassurer ses compatriotes.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net