Si l’on en croit ce qu’il a laissé entendre au New York Times, ce retour rebattrait les cartes de la scène politique en Libye.
C’était la première fois depuis une décennie et le renversement de son père qu’il s’exprimait dans la presse internationale : Saïf al-Islam Kadhafi a affirmé au New York Times en fin de semaine dernière qu’il envisageait un retour en politique en Libye, tout en restant vague sur son programme et sur une possible candidature à la présidentielle prévue en fin d’année. Il a fait remarquer que les dirigeants politiques libyens n’ont « apporté que misère » et considéré que « l’heure est au retour au passé ».
À part la polémique fortement engagée sur les réseaux sociaux, entre les pour et les contre de son retour annoncé en politique, et mise à part des tribus qui lui sont toujours fidèles et qui ont salué ce retour, peu de responsables politiques ont réagi officiellement à ses propos.
Les déclarations de Saïf al-Islam ont cependant provoqué la surprise et des craintes et ont laissé la classe politique perplexe. Il a voulu adresser plusieurs messages à la fois : dire qu’il est vivant et en bonne santé, qu’il est en Libye et qu’il a le droit de se présenter aux élections comme tout citoyen libyen.
Le candidat des déçus du soulèvement d’il y a dix ans
Les islamistes qui dominent l’ouest libyen semblent être toujours sous le choc après la publication de photos récentes de Saïf al-Islam et cela après avoir convaincu leurs sympathisants de sa mort alors qu’il vivait reclus à Zentan. Ces photos leur indiquent qu’ils doivent désormais composer avec lui après qu’il a évoqué son retour progressif sur la scène politique. Dans l’interview accordée au journal américain, il n’a fait en réalité que confirmer des propos répétés depuis 2016 par ses proches et sympathisants qui ont lancé une campagne en vue de son élection à la présidentielle. Ils le considèrent comme le « Mandela libyen » et l’unique personne capable de réunifier et de sécuriser le pays. Beaucoup de Libyens, déçus des résultats du soulèvement de 2011, partagent cet avis après dix ans de chaos.
Quant à Khalifa Haftar qui domine l’est du pays, il risque d’être le plus grand perdant en cas de retour de Saïf al-Islam, un vrai concurrent pour le maréchal qui craint sa popularité. Saïf al-Islam, s’il candidate à la prochaine présidentielle, serait une vraie menace pour Khalifa Haftar dont la moitié de ses forces est composée de fidèles à l’ancien régime.