Si se dédire était prohibé en politique par une loi au Mali, il est sûr que la scène politique de notre pays compterait beaucoup d’incarcérés et par conséquent moins mercantile. Cela se justifie d’une façon criante par le passage de l’actuel locataire de la primature, en la personne du docteur Choguel Kokala Maiga, devant le Conseil national de transition (CNT).
En effet, la quête du pouvoir est un long trajet semé d’embuches, qui ne pardonne aucune précipitation et autre jactance. Notre Premier ministre l’aura compris à ses dépens, ce vendredi 30 juillet 2021, date à laquelle il a présenté le Programme d’action gouvernemental (PAG) devant un CNT dont il avait à la limite exigé la dissolution du fait de son illégitimité qui le scandalisait avant sa nomination. Il est un fait avéré que la politique est un jeu d’intérêts, qui demande un pragmatisme froid. Mais de là à traiter un camp de tous les noms d’oiseaux et le rejoindre aussitôt après une délicieuse et séduisante offre, cela pourrait expliquer le mépris que le peuple nourrit vis-à-vis de l‘homme politique. Par ailleurs, il faut concéder au Premier ministre l’intelligibilité de son PAG bâti autour de quatre axes, en occurrence le renforcement de la sécurité sur l’ensemble du territoire national, les reformes politiques et institutionnelles, l’organisation des élections générales, la promotion de la bonne gouvernance et l’adoption d’un pacte de stabilité. Sur cette même lancée le docteur Choguel a fait savoir que son PAG est décliné en neuf objectifs assorti d’un chronogramme détaillé de mise en œuvre, avec un cout estimatif de 2 050 063 000 000 FCFA et à la clé un respect des limites temporelles de la Transition, et se fonde sur trois piliers (sécuritaire, politique et social). Parallèlement à ce volet le premier ministre assimile le Mali à un grand corps malade qui nécessite un traitement de choc et éprouve trois besoins vitaux que sont la sécurité, la justice et la refondation. Et de conclure par un appel au sursaut patriotique pour la réémergence du pays à travers une gouvernance de rupture bâtie sur nos valeurs sociétales de dialogue et sincérité, entre autres.
Dans sa forme, le discours du Premier ministre a été à la hauteur de l’homme réfléchi et rassembleur, mais dans le fond la pertinence ne convainc pas quant à la réalisation des points qui concernent l’organisation des élections générales dans sept mois, la relecture intelligente et consensuelle de l’accord de paix d’Alger, la réforme constitutionnelle etc.
Quoi qu’il en soit, le dire vrai et la refondation prônée par le Premier ministre va encore attendre car personne ne pourra nier que la politique de l’autruche d’IBK n’a pas été suppléée par la politique du caméléon. Même si les membres du CNT ont eu la courtoisie de ne pas trop tenir rigueur à l’homme qui a demandé la dissolution de l’organe parlementaire qu’ils composent et semblent avoir retenu que celui qui a promis que le Mali respectera ses engagements internationaux et se transcendera pour éviter de tomber dans un autre cycle d’instabilité avec une prorogation de la durée de la transition.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin