Au Mali, plus précisément à Bamako, beaucoup des jeunes filles à risques ou victimes d’exploitation sexuelle à des fins commerciales sont en générales sont issues de familles économiquement précaires, des jeunes filles en situation de rue, ou migrantes, des vendeuses, des aides ménagères, ou des filles qui travaillent dans des bars.
Mais on a constaté que la plupart de ces filles aussi surtout à Bamako le font avec la complicité des parents. Par faute de moyens, elles s’adonnent à la facilité en utilisant leurs enfants. Une réalité constatée à travers nos recherches, qui démontrent que la plupart des familles bamakoises vit dans ces situations avec leurs filles. Elles sont la plupart des diplômés sans emploi, des demies lettrées et souvent celles qui ne sont jamais passées par une école qui prennent les charges de la maison. Elles décident ainsi de tout dans les familles en présence des parents qui n’ont rien à dire car ce sont elles qui font les dépenses. Il suffit juste de faire un tour en ville pour faire le constat, elles sont souvent dans de belles voitures et partent avec les mêmes voitures sans que les parents ne se demandent la provenance de toutes ces merveilles.
Mes parents, confie la jeune fille de 24 ans, « sont au courant de mon travail, ils ne me dissuadent pas et personne ne s’y oppose. Car, c’est grâce à mon job que je règle les problèmes de ma famille. L’essentiel, dit-elle, est de ne pas voler ou mendier. Je suis très active sur facebook et je copte les bels hommes avec quelques messages. On se voit, on discute et on fait l’amour au prix qui me convient car je sais que je suis belle et rares sont les hommes qui peuvent résister à ma beauté ». Aissata est claire « Chez moi, chaque membre de la famille doit contribuer, et peu importe la provenance de l’argent. Et c’est à moi de faire la majorité des dépenses donc c’est une grande responsabilité et toutes les décisions de la famille me reviennent, car c’est moi qui donne plus. Autrefois, lorsque je n’amenais rien, je n’étais pas écoutée car je ne contribuais pas aux dépenses de la maison, mais aujourd’hui mon avis est demandé même si je suis hors du pays. Mon nom et ma photo sont avec des gardiens d’hôtel. Lorsque les étrangers viennent, je suis immédiatement contactée par eux car je gère aussi les gardiens, donc ils me favorisent avec des clients. Avec ce travail j’ai pu m’acheter un véhicule et je paie mon cours du soir. Je sais qu’un jour ou l’autre je vais arrêter ce métier que je fais malgré moi-même. »
J’étais vendeuse ambulante pour le compte de ma mère au grand marché à Bamako. J’ai dû quitter l’école après la mort de mon père car ma maman ne pouvait plus payer mes études. Pour aider ma mère dans les dépenses de la maison, je partais vendre de la marchandise au niveau de la grande mosquée de Bamako où je restais parfois tard la nuit. Ce sont des amies commerçantes qui faisaient la prostitution, qui m’ont encouragée à me prostituer la nuit d’abord au niveau du grand marché de Bamako et ensuite dans un bar et depuis je me prostitue toujours dans le bar. Et souvent, il m’arrive parfois de me déplacer pour aller rencontrer certains de mes clients dans les hôtels. Grace à Dieu aujourd’hui et à ce travail on a une maison ma mère et moi et une très jolie voiture je voyage partout dans le monde avec mes clients. J’aide ma mère dans les dépenses quotidiennes, et elle est heureuse c’est tout ce qui compte. Ce témoignage est de TS, une fille de 27ans qui est directe et s’en fout de ce que les autres peuvent passer d’elle.
Cette mère nous raconte avec des larmes aux yeux, « j’ai exploité ma fille, elle n’a jamais travaillé de toute sa vie mais c’est elle qui payait mon loyer de 150 000 et toutes mes factures d’eau et d’électricité. Elle amenait aussi à manger et me donnait beaucoup d’argent. Je l’ai toujours encouragé dans ce sens. Je ne lui ai jamais montré la voie du mariage. Je me suis juste habituée à cette vie de reine pas de mari et j’ai abandonné toute ma famille car ma petite fille menait une vie que personne n’appréciait en famille. Je ne sais rien faire de ma vie maintenant elle est décédée. Que vais-je devenir ?
Le mauvais comportement de beaucoup jeunes filles aujourd’hui est pour la plupart du au mauvais comportement des parents. Incapables d’assurer une bonne éducation à leurs enfants, ils sont obligés de sacrifier la vie de leurs enfants
KONATE Samba KONATE
Source : L’Essor