Une grosse saignée financière estimée à près de 200 milliards de FCFA pour la clôture des exercices 2019-2020 y compris le premier semestre 2021, provoquée par un cartel au sein des douanes maliennes bizute l’écosystème financier et économique du Mali. Au cœur de ce désastre financier abyssal, quelque 35 sociétés opérant dans l’importation des produits pétroliers et de marchandises solides font de fausses déclarations de réexportation de leurs marchandises vers des pays de la sous-région (Burkina, Niger, Bénin, TOGO, Ghana). Exclusif.
C’est l’un des plus gros scandales qui secoue les douanes maliennes. Confidentiel Afrique est en possession en exclusivité d’un rapport d’investigations détaillé de plus de 400 pages, ébruité par des corbeaux internes qui entendent mettre fin à ces pratiques mafieuses, devenues la chienlit d’un système électrocuté par de gros pontes de l’etablishment. La rédaction de Confidentiel Afrique qui a épluché ce rapport confidentiel peut révéler que c’est un tsumani financier à grande échelle qui sévit dans les douanes maliennes. S’il y’a un secteur qui retient la plus grande attention, c’est bien les gabelous maliens, surnommés les ‘’soldats de l’économie’’ où le rapport nous apprend qu’un véritable système vagabond s’est installé, géré par une mafia composée d’opérateurs économiques, d’hommes politiques, de hauts fonctionnaires. On parle aussi d’une connexion inoxydable qui relie de hauts gradés de l’armée aux hautes autorités douanières maliennes. Un cercle vicieux s’est installé d’après le rapport depuis le régime d’Ibrahim Boubacar KEITA, s’adonnant impunément à un pillage de l’économie sans être inquiété. Les choses ont commencé à prendre des proportions inquiétantes avec la cascade de faux documents de réexportation de marchandises et particulièrement de produits pétroliers. C’est en quelque sorte le modus operandi favori. Déclarer dans les livres de la douane malienne des marchandises qui transitent par les Ports d’Abidjan et Dakar, destinées à la réexportation, alors qu’elles sont déversées sur le marché malien. Le modus operandi perdure. Avec la complicité des hautes autorités maliennes. On déflore également une vaste corruption opérée pour payer le silence et l’inaction des douanes maliennes. L’affaire est bien connue dans les couloirs de l’institution, mais piétinée et étouffée par un triumvirat. Le rapport interne confidentiel balance les responsables des entités stratégiques opérationnelles. Confidentiel Afrique a jugé pas nécessaire de citer les noms des responsables de douane qui pourtant ont été cités dans ce rapport. Confidentiel Afrique détient la liste des 35 sociétés constituant ce cartel. Nous la publierons au moment venu. Demain fera jour.
Ce cercle vicieux est entretenu et s’est aggravé depuis le régime d’Ibrahim Boubacar KEITA par un cartel d’hommes d’affaires maliens en complicité avec des douaniers maliens, souffle un operateur très au parfum de ces pratiques mafieuses perpétrées par ces collègues.
Un manque à gagner de l’État malien provisoirement de 200 milliards de FCFA de 2019- 2021
Comment comprendre que des multinationales pétrolières n’important plus le carburant puisqu’étant approvisionnées localement par un système local parallèle ne paye plus du coup de taxes à l’État ? Ces multinationales renseignent ce rapport en possession de Confidentiel Afrique se ravitaille directement à partir de leurs fausses déclarations de réexportation. Comment comprendre que plus d’une trentaine d’opérateurs économiques qui importent des marchandises au Mali utilisant la formule de réexportation avec la complicité de hauts gradés des douanes maliennes, encaissant eux aussi, un pourcentage de la valeur due en cash et la marchandise est déversée sur le marché malien sans paiement initial des taxes devant être versées au Trésor public ? Le même système est appliqué au niveau de l’importation du pétrole où un traitement préférentiel serait accordé aux membres du cartel qui enrichissent illicitement ces élites de cette organisation mafieuse.
Évoquer le rôle des douanes maliennes dans l’économie et le développement du Mali, c’est aussi rappeler leurs missions régaliennes de renflouer les caisses de l’État, de veiller à l’importation et à l’exportation des marchandises. Selon nos informations, les autorités de la junte militaire au pouvoir depuis mi-aout dernier dont en première ligne le Président Assimi GOITA a été saisi de la gravité de ce cartel bien huilé qui fait saigner à grosses turbines les caisses publiques. Avec l’avènement de la démocratie au Mali en 1991, les textes régissant ces soldats de l’économie pour les conformer aux différents textes sous régionaux, régionaux et internationaux ont qualitativement évolués. Depuis plusieurs mois, une équipe de journalistes d’investigations, non moins activistes panafricains soutenus par des experts en intelligence économique ont mis sur place un réseau qui a pour objectif de dénoncer les maux qui freinent les développements de nos nations. A l’instar du réseau Forbiden Story, qui a récemment révélé les scandales du logiciel Pécasus, ces journalistes s’apprêtent à publier leur rapport sur le Mali concernant des secteurs qui sont souvent envahis par la haute corruption notamment les impôts, les douanes, les mines, l’énergie, les marchés des travaux publics et l’armée. Dans ce cas précis, le Mali fait partie des États où des investigations très poussées dans le but d’aider les nouvelles autorités en place à Bamako à procéder à des refondations majeures, afin de mettre fin à cette hémorragie financière outrancière.
Pour ne prendre que ces deux dernières années (2019/2020), le Mali aurait perdu provisoirement la bagatelle de 200 milliards de FCFA au profit de ce cartel qui fait fortune et arrose toute la chaîne de l’écosystème économique du pays. Ce rapport volumineux en notre possession de près de 600 pages contient des faits de corruption accablants sur la base simple de faux documents dits déclarations de fausses réexportations de marchandises destinées à la sous-région, alors qu’en réalité elles sont bien déversées sur le marché malien. Ce rapport devrait nécessiter de la part des autorités militaires de la transition des décisions courageuses dans le cadre de la refondation, l’une de leurs priorités , et sévir à tout prix contre les pontes de ce cartel.
Nous y reviendrons plus en détails dans nos prochaines éditions
Par Hippolyte GOURMANTIER et Hugues DESORMAUX (Confidentiel Afrique)
Source : confidentielafrique