Grande marche de la population de Djenné contre l’insécurité : «Depuis le 4 avril 2021, le cercle de Djenné a enregistré plus d’une vingtaine d’attaques avec 51 morts, 53 blessés, 260 ménages déplacés…»

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La mosquée de Djenné
La mosquée de Djenné

La population du cercle de Djenné (Région de Mopti) a organisé, le dimanche 22 août 2021, une grande marche pacifique de protestation dans la ville de Djenné pour dénoncer l’insécurité qui sévit dans la localité depuis un certain temps. Ladite marche est partie de la place publique de la ville de Djenné, en passant par le marché pour prendre fin à la préfecture où un Mémorandum a été lu à l’intention du préfet. Dans ce Mémorandum, la population interpelle les autorités de la transition à prendre toutes les dispositions nécessaires pour endiguer ce phénomène d’insécurité et garantir aux populations et au cercle de Djenné une stabilité à travers un bon maillage sécuritaire. «Depuis le 4 avril 2021, le cercle de Djenné a enregistré plus d’une vingtaine d’attaques avec 51 morts, 53 blessés, 260 ménages déplacés, des écoles fermées, plus de 10 000 bétails emportés et beaucoup de dégâts matériels », révèle le Mémorandum lu à la fin de la Marche. En outre, la population sollicite auprès des autorités, l’implantation d’un poste de sécurité permanent dans la commune de Femaye (Djenné).

Des milliers de personnes, dont des leaders politiques, religieux et traditionnels, ont pris part à cette marche gigantesque contre l’insécurité et pour la paix à Djenné. Parmi les marcheurs, on peut citer des personnalités comme Me Baber Gano, ancien député de Djenné, ancien ministre, secrétaire général du Rassemblement pour le Mali (RPM), le maire de la commune urbaine de Djénné, Alphamoye Samassé, le chef de village de Djenné, Hassèye Yaya Maïga, le représentant de l’imam de Djenné, Gouro Djeïté, la représentante des femmes leaders, Awa Guittèye, le représentant du Haut conseil islamique de Djenné et bien d’autres personnalités venues des 12 communes du cercle de Djenné. La marche a débuté aux environs de 11h 30mn par l’exécution de l’hymne national du Mali à la tribune encore appelée la place publique de la ville de Djenné en passant par le marché pour prendre fin à la préfecture aux environs de 12h 45 mn.

Sur les banderoles que détenaient les manifestants on pouvait lire entre autres : « Les populations de Djenné condamnent les massacres des populations et l’enlèvement des bétails et appellent les autorités de la transition à la sécurisation des personnes et de leurs biens » ; « Arrêtez les tueries des populations et restituez les 10 000 têtes de bétails volés dans le cercle » ; « Nous voulons la paix et la sécurité » ; « Djenné : marche de soutiens aux FAMAS et aux populations victimes des communes de Femaye/Taga et Derrary/Gagna ». Sur le trajet, les marcheurs scandaient : « on veut la paix », « Paix au Mali, Paix à Djenné ». Arrivé à destination, un Mémorandum a été lu par Moussa Gouro Diall, Maire de la Commune de Femaye à l’intention du préfet de Djenné. Dans ce Mémorandum, les populations du cercle de Djenné, les leaders politiques, traditionnels, religieux et de la société civile expriment leur vive préoccupation par rapport à la dégradation de la situation sécuritaire. Selon Moussa Gouro Diall, le cercle de Djenné est en proie à l’insécurité grandissante depuis plus de 6 ans. Or, dit-il, dans un passé récent, le cercle de Djenné était cité comme exemple dans la résolution de la crise sécuritaire avec la compréhension de la population du bien-fondé du vivre ensemble. «Voilà depuis quelques temps, le cercle de Djenné devient le théâtre de toutes les inquiétudes se matérialisant par la commission de nombreux cas de violences, d’attaques ciblées des personnes et de leurs biens avec son cortège de veuves et d’orphelins, de pillage de bétails anéantissant l’économie locale et le pouvoir d’achat », a souligné Moussa Gouro Diall.

Avant de dénoncer les nombreuses attaques dans le cercle de Djenné et particulièrement dans les communes de Fémaye et de Derary. « Considérant que depuis le 4 avril 2021, le cercle de Djenné a enregistré plus d’une vingtaine d’attaques avec 51 morts, 53 blessés, 260 ménages déplacés, des écoles fermées, plus de 10 000 bétails emportés et beaucoup de dégâts matériels ; Considérant que cette situation entrave les travaux champêtres, l’élevage, la pèche et la libre circulation des personnes et des biens ; Considérant que la sécurisation des populations et de leurs biens est de la responsabilité de l’Etat ; Nous populations de Djenné, condamnons les attaques djihadistes, terroristes contre les civils qui ont causé d’énormes pertes en vies humaines et en spoliation de bétails ; Apportons notre soutien indéfectible à nos forces de défense et de sécurité et les encourageons dans leur mission difficile souvent périlleuse de sécurisation des personnes et de leurs biens ; Félicitons les populations de Djenné et singulièrement celles de Femaye et de Derary pour leur force de résilience », a déclaré Moussa Gouro Diall.

Les autorités de la transition interpellées !

Aux noms des marcheurs, il a interpellé les autorités de la transition à prendre toutes les dispositions nécessaires pour endiguer ce phénomène d’insécurité et garantir aux populations et au cercle de Djenné une stabilité à travers un bon maillage sécuritaire. En outre, il sollicite auprès des autorités l’implantation d’un poste de sécurité permanent dans la commune de Femaye. Par ailleurs, il réaffirme l’attachement de la population de Djenné aux idéaux de la paix, de la justice, de la réconciliation et du vivre ensemble. « Aux victimes civiles et militaires, nous présentons nos condoléances à leurs familles et souhaitons prompt rétablissement aux blessés. Aux ménages en déplacement, nous demandons aux autorités de tout faire pour faciliter leur retour dans leurs foyers respectifs », a-t-il dit. Moussa Gouro Diall a rappelé que c’est dans la paix que se construit un développement harmonieux. «Ainsi, nous invitons l’ensemble de la population du cercle de Djenné au pardon, à l’entente, à la cohésion sociale, gage de tout développement.

Pour terminer, permettez-moi de remercier aux noms de l’ensemble de mes collègues maires des communes de Djenné, Ouro-Aly, Niansanari, Pondori, Nemaya Badenya Kafo, Fakala, Dandougou Fakala, Madiama, Kewa et Togué Mourari qui se sont joints à moi en ces moments difficiles pour les populations de Femaye et de Derary, tous les manifestants sortis massivement ce matin avec à leur tête les Chefs de villages, les imams, les élites politiques et toutes les bonnes volontés, que tous retrouvent ici notre profonde gratitude et reconnaissance pour les soutiens moraux, matériels et financiers qu’ils nous ont apporté pour cette marche », a conclu Moussa Gouro Diall. En plus de la lecture du Mémorandum, des déclarations ont été faites par les uns et les autres. Et tous les intervenants, en l’occurrence Me Baber Gano, ex- député de Djenné, le chef de village de Djenné, Hasseye Yaya Maïga, le représentant de l’imam de Djenné, le représentant du Haut conseil islamique de Djenné, le maire de Djenné, le maire de Derary ont dénoncé la recrudescence de l’insécurité dans le cercle de Djenné et ont invité, par conséquent, les autorités de la transition à œuvrer pour endiguer ce fléau. « La question de Djenné doit être une question prioritaire aujourd’hui.

Nous nous considérons comme étant des Maliens à part entière et notre sécurité ne peut pas être sous-traitée. Il faut obligatoirement que l’armée régalienne puisse venir jouer pleinement son rôle de défense et de sécurité. Voila pourquoi nous sommes réunis ici en tant que fils, notables, autorités religieuses, bonnes volontés, élus locaux, élus municipaux, tous ceux qui se sont joints à nous ont le même objectif : c’est dénoncer l’insécurité grandissante à Djenné et endiguer le phénomène à travers un maillage sécuritaire. Nous pensons que cette marche aura son écho favorable et que les résultats ne tarderont pas à venir », a souligné Me Baber Gano.

Aguibou Sogodogo, envoyé spécial à Djenné

Source : Le Républicain

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