La première alerte (si on peut l’appeler ainsi) a été la prise d’otages de Boni. Pendant toute une journée des militaires mécontents ont retenu plusieurs hauts gradés (gendarmes et militaires) venus, disaient-ils, pourtant, leur apporter «le soutien des plus hautes autorités», auxquels ils exigeaient de refaire le trajet Boni-Sévaré par route.
Ils étaient venus, faut-il le rappeler, par les airs à bord d’un hélicoptère de l’armée. Les militaires furieux entendaient, disaient-ils, à travers ce geste, faire vivre à leurs chefs ce qu’ils vivent eux-mêmes au quotidien. Les mutins de quelques heures se plaignaient aussi du manque de soutien lors d’une attaque qui avait eu lieu, quelques jours auparavant, et au cours de laquelle ils avaient perdu plusieurs dizaines de leurs camarades.
Lors de cette embuscade, se plaignaient-ils les mutins de Boni, ils n’avaient eu aucun soutien aérien et «comment pouvaient-ils venir nous narguer avec un hélicoptère ici ?». Pendant plusieurs heures, on a craint le pire qui a été évité de justesse grâce à l’intervention de plusieurs médiateurs, dont la Minusma, qui n’a pu finalement récupérer les ex-otages que le lendemain et qu’elle a ensuite transportés à Bamako, via Sévaré.
À l’époque, pour ce qui concerne cette cérémonie, nous parlions (nous et plusieurs autres milliers de nos compatriotes) d’avertissement, d’alerte ; et de leçon à tirer d’un semblant de révolte à prendre très au sérieux. Apparemment, ces conseils (comme c’est souvent le cas) sont tombés dans l’oreille d’un sourd, et arriva la mutinerie devant la Maison centrale d’arrêt de Bamako où des policiers ont exigé et obtenu la libération d’un des leurs, quelques heures auparavant, mis sous mandat de dépôt.
Le deuxième avertissement, à notre avis. Cette fois-ci, l’Etat était totalement à terre et venait de perdre toute son autorité. Ce n’est qu’après moult négociations et garanties que le commandant, patron de la composante police de la Forsat, est retourné dans les liens de la justice0. Et, cette fois-ci, pas à la Maison d’Arrêt de Bamako, mais au Camp 1 !
Déjà, une autre capitulation de la part de l’Etat qui, disons-le tout net, s’affaiblit, chaque jour, un peu plus, et continuera ainsi tant que ceux en charge de la gestion du pays ne feront pas face à l’essentiel.
Makan Koné
Source : Nouvelle Libération