100 Jours de la Primature Choguel : Vers une prolongation inévitable de la Transition !

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Choguel Kokalla Maiga
Choguel Kokalla Maiga

Après 100 jours de primature, la Transition seconde version Assimi-Choguel peine toujours à trouver ses marques. Entre radicalisation progressive d’une opposition politique rétive à tout compromis et absence de dialogue, la conduite du pays se déroule tant bien que mal sur fond d’insécurité en nette progression avec une armée à laquelle les terroristes taillent régulièrement des croupières !

Bien malin qui pourrait désigner un seul acte majeur comme un acquis des cent jours que l’ancien président du comité stratégique du M5-RFP, Choguel Maïga, vient de passer à la Primature malienne. Peut-on, réellement, dire qu’il est responsable si aucun des chapitres sur lesquels il s’est engagé, à la fois lors de la présentation de son Programme d’action du gouvernement que pendant différentes rencontres, n’a strictement été accompli ?

Mais il serait injuste de réduire la primature Choguel aux difficultés réelles auxquelles le successeur de Moctar Ouane a été confronté. Dont autant la classe politique hors organes de transition que partenaires du M5-RFP et même les militaires au pouvoir sont peu ou prou à l’origine.

Ni délai de grâce, ni préjugés favorables

De fait, Choguel n’a eu droit ni à un délai de grâce encore moins à des préjugés favorables. La situation d’immobilisme sur tous les engagements souscrits par les militaires excluait tout état de grâce. Aucun des chantiers convenus n’avait eu un début d’exécution, au-delà des effets d’annonce dont s’acquittait l’exécutif Moctar Ouane.

Aussi, entre cocasse et maladresse, l’accouchement de son gouvernement a été rendu difficile et l’analyse de la clé de répartition des portefeuilles démontre que le Premier ministre issu du M5-RFP a dû faire beaucoup de concessions et de compromis. Visiblement, la concurrence assez rude pour le choix de chef de gouvernement a empêché l’ancien coordinateur de la contestation populaire de s’adosser davantage à cette force hétéroclite qu’il avait pourtant réussi à conduire jusqu’à la chute du premier exécutif de la transition.

Absence d’inclusivité et la junte seule maîtresse à bord ?

Sur les 28 membres de ce gouvernement, selon plusieurs analystes, seuls 8 ministres relèvent du choix du Premier ministre et sont théoriquement censés représenter la classe politique. D’ailleurs, poursuivent-ils, sur ce nombre, peu occupent des portefeuilles importants, à part l’éducation, et aucun à des responsabilités susceptibles d’imprimer la marque des politiques dans la conduite de la Transition.

À la décharge du Premier ministre Maïga, les dichotomies irréductibles de l’échiquier ont eu un certain prolongement sur les relations au dialogue que Choguel a tenté de nouer au sein du landernau. Celles-ci remontent déjà au débauchage massif opéré au sein de l’opposition pour constituer en mars 2019 l’avant-dernier gouvernement et pour organiser le Dialogue national inclusif (DNI).

En déclarant donc ouvertement que la question de la date des élections est inscrite au menu des assises nationales de la refondation, qu’il entend organiser contre vents et marées, le Premier ministre Choguel Maïga a certes fait le choix de se défausser sur une tribune à qui les actuelles autorités compte bien filer ‘’le sale boulot’’ : le caractère ‘’populaire’’ d’un tel forum convient mieux à la prise de décision d’une rallonge de la période transitoire plutôt que par le fait d’autorités qui, autrement, se dédieraient de leurs engagements maintes fois assurés.

Mais c’est la situation qui l’a contrainte à s’y résoudre. Autant l’immobilisme caractéristique de la gestion Bah N’Daw-Moctar Ouane était déjà porteur des signes de rallonge, autant l’absence d’avancées concrètes sur l’ensemble des chantiers impartis à la Transition de 18 mois initialement retenus rendent inévitable la prolongation des délais, en repoussant les élections à… une autre date.

Opposition irréductible au PM

Le fétichisme des dates et l’intransigeance à maintenir le terme de février 2022 jurent déjà avec les échéanciers du chronogramme publié le 15 avril 2021 dernier, certainement avec quelque précipitation et davantage pour rassurer la communauté internationale, par le jeune lieutenant-colonel Abdoulaye Maïga, le ministre de l’Administration. Si nul, pour l’heure, parmi les politiques d’envergure, n’assume et n’accompagne les religieux, dont le Chérif de Nioro dans son appel à une prolongation de la Transition, personne n’est pour autant dupe.

Le réalisme commande soit de réduire de façon drastique la voilure des chantiers transitoires, en renonçant aux ambitions de réformes et à la quasi-totalité des élections à l’exclusion de la seule présidentielle, où c’est théoriquement l’ensemble du peuple qui s’exprime pour conférer la légitimité. Soit de proroger les délais de la Transition pour tenir, en partie seulement, les engagements souscrits face à la communauté internationale et les partenaires d’appui !

Car l’agenda de la Transition paraissait déjà surchargé dès son avènement ! Et il revient au Premier ministre actuel d’assumer la responsabilité de faire des propositions, de préférence avec l’adhésion d’une partie significative de la classe politique. Un rendez-vous raté en diverses occasions, les sensibilités étant quelque peu échaudées par ce que celles-ci considèrent comme «l’absence d’un cadre formel de concertation entre les partis politiques et le Gouvernement autour de la conduite de la transition politique au Mali qui n’est inclusive ni participative». En somme, l’opposition politique formelle accuse le Premier ministre Maïga de passage en force sur nombre de décisions présentées en faits accomplis.

Toutefois, là aussi, le Premier ministre n’a guère eu le choix d’autant qu’en face de lui, l’opposition de fait ne lui a guère facilité la tâche, refusant tout compromis. Cette partie de la classe politique est regroupée au sein du Directoire du cadre d’échanges des partis et regroupements de partis politiques pour une transition réussie au Mali et comprend l’ensemble des partis politiques ayant cheminé dans la dernière ligne droite avec le défunt régime.

De toute évidence, la seule opposition à l’actuel Premier ministre, visiblement pour des querelles doctrinaires remontant à l’aube de la démocratie, semble être le ciment de cette confrontation, car elle fait l’économie de ses propres contradictions. Elle paraît d’autant plus irréductible que sur des dossiers importants, on aura remarqué la multiplication des volte-face comme sur l’organe unique de gestion des élections.

Plusieurs membres de ce regroupement d’opposition avaient rejeté les conclusions des rencontres organisées par le ministre de l’Administration, en optant pour l’organe unique qui était une des recommandations du DNI, avant de revenir cette fois à la charge en annonçant rejeter cet instrument au profit de l’initiative du département de l’Administration.

En substance, dans son dernier communiqué en date du 13 septembre dernier, le Cadre réaffirme son rejet de «l’Organe Unique de Gestion des Elections (OUGE), préconisé par le Gouvernement en lieu et place de l’Organe Unique et Indépendant de Gestion des Elections (OUIGE), recommandé par le Dialogue National Inclusif, pour sa non-pertinence dans le temps restant de la Transition et demandons de s’en tenir aux conclusions de l’atelier de relecture de la loi électorale organisé par le Ministère de l’Administration Territoriale et de la Décentralisation, les 29 et 30 juin». La querelle, en plus donc du temps, se  résume à un seul mot : ‘’Indépendant’’…

Choguel, le coupable idéal

Choguel devrait donc avoir le dos large ! Militaires irresponsables sur le terrain de la guerre contre l’insécurité et le terrorisme, tout comme opposition politique de fait avec un certain cynisme engagée d’abord à durablement décrédibiliser un opposant, ne cesseront de lui charger la barque des tous les échecs pour tenter d’en tirer les dividendes. Tous ont, d’une façon ou d’une autre, un compte à solder avec lui.

L’ancien président du comité stratégique du M5 n’a jamais ménagé les uns pour avoir ‘’volé’’ la victoire du peuple qui a fait chuter IBK, et les autres dont son mouvement a fini par chasser le régime du pouvoir.

 Moussa Touré   

Source : Nouvelle Libération

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