Sommet de Montpellier : La résistance de la politique française en Afrique

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Le président Macron a participé au sommet de N’Djamena par visioconférence
Le président Macron a participé au sommet de N’Djamena par visioconférence

En pleine turbulence, la politique française en Afrique tente de maintenir le cap avec la génération montante. Initié par Emmanuel Macron, le nouveau sommet Afrique France, qui regroupe plus de 3.000 jeunes des 54 Etats africains et de la diaspora à Montpellier, sans les Chefs d’Etat, est une illustration parfaite, et un créneau idéal de recherche de soutiens potentiels sur un continent courtisé des puissances mondiales.

C’est ce vendredi 8 Octobre 2021, s’ouvre à Montpellier, une ville du sud de la France à 10 km de la Méditerranée, le nouveau sommet Afrique France, auquel prennent part plus de 3.000 jeunes, essentiellement des  entrepreneurs, des intellectuels, des chercheurs, des artistes, des sportifs, des créateurs, des influenceurs…, venus de toute l’Afrique et sa diaspora. Ce nouveau format du sommet Afrique France, traditionnellement avec les Chefs d’Etat, depuis 1973, est une rupture tournée vers les acteurs du changement et de la société civile, selon l’Elysée.

Un tournant décisif dans la relation entre la France et l’Afrique, instituée à la veille des indépendances à travers la Françafrique. Le nouveau format du sommet Afrique France, explique l’Elysée, vise à transformer la relation entre la France et l’Afrique.

Une transformation de relation profonde donc. Et Antoine Glaser a vu juste en paraphrasant, que la Françafrique devient l’Africafrance. Le dialogue que le sommet de Montpellier va nouer avec les jeunes africains, les acteurs de terrain, semble indiquer que la France se tournera désormais vers les jeunes, plutôt que les Chefs d’Etats. Pour redorer son blason en Afrique de plus en plus en déliquescence.

Le Commanditaire de nombreux coups d’Etat en Afrique francophone

Le rapport entre la France et l’Afrique a atteint son point culminant. Le résultat, selon des jeunes africains, qui sont plus exigeants, n’est pas au rendez-vous. La plupart de ceux-ci estiment que la France serait en train de s’enrichir sur le dos de l’Afrique, notamment les Etats francophones. Du point de vue des observateurs nationaux, la France serait commanditaire de nombreux coups d’Etat en Afrique francophone.

De 1960 à nos jours, tous les dirigeants qui ont opté pour la rupture avec le colonisateur ont été chassés du pouvoir, d’autres, tués.

On se rappelle qu’avant sa mort en 1984, le premier Président de la Guinée Conakry Sekou Touré avait déjoué plusieurs complots de déstabilisation de son pouvoir par les services secrets français.

Nous sommes en novembre 1968. Le Président Modibo Keita est renversé par un coup d’Etat au Mali. Le meneur du putsch est le capitaine Moussa Traoré, avant d’être, lui aussi renversé en mars 1991. Derrière ces coups d’Etat, au Mali, la main invisible de la France est citée.

En Octobre 1987, le Président de la révolution burkinabé, Thomas Sankara, est abattu lors d’un coup d’Etat, qui amène au pouvoir Blaise Compaoré, lui aussi, renversé à la suite des manifestations populaires, en 2014.

Outre ces coups d’Etat, les plus emblématiques dans ces pays qui en ont connu d’autres, les pays comme le Niger, le Gabon, le Togo…, ont tous connu de chamboulements à la tête de leurs pays, de près ou de loin, la France serait impliquée. Globalement, certains n’hésitent même pas à rappeler que l’instabilité en Afrique a pour cause la France.

Présente au Mali depuis 2013 à travers l’opération Serval, et après la force Barkhane à partir de 2014, la France est de retour dans ses anciennes colonies, sous couvert de la lutte contre le terrorisme. Basée au Tchad, la force Barkhane se déploie dans la bande sahélo-saharienne, au Mali, au Niger et au Burkina Faso.

Les exactions des populations civiles

Après huit ans de présence au Sahel, la situation sécuritaire qui avait nécessité l’arrivée de la force française Barkhane, reste la même. Pour certains, elle a même été empirée. La preuve, si au Mali, l’ennemi à combattre, le terrorisme, était, jadis, à Kidal et dans ses environs, il s’est, aujourd’hui, étendu et diversifié. Les groupes armés terroristes ou djihadistes secouent une bonne partie du pays. Le centre du Mali est devenu un véritable eldorado de narcoterrorisme.

Le phénomène des milices, créé pour contrer les exactions des populations civiles perpétrées par des groupes armés non identifiés, est un élément nouveau, qui explique la détérioration de la situation sécuritaire dans cette partie de notre pays. Cette réalité du terrain crève les yeux. Le Président français Emmanuel Macron doit le savoir.

Malgré la présence de Barkhane, plus de 600 civils ont été tués dans la région du Sahel depuis le depuis de l’année 2021. D’après ceux qui contestent la présence de l’armée française au Sahel, l’opération Barkhane est l’un des principaux facteurs d’un processus qui renforce non pas la paix, mais le chaos dans la région.

Bref, l’image de la France au Sahel est plus que jamais écornée. La jeunesse est la principale instigatrice de ce climat dégradant entre la France et l’Afrique.  C’est pourquoi, certains observateurs sont convaincus que, le sommet de Montpellier présage un nouveau départ, sans totalement changer de méthode, mais avec d’autres acteurs, les jeunes du continent, notamment. Parviendront-ils à reconquérir leur place d’antan ? Rien n’est moins sûr.

Il faut dire aussi que les critères qui ont prévalu aux choix des participants au sommet de Montpellier suscitent de commentaires. Au Mali, la plus grande organisation de la jeunesse (le CNJ) et le bureau national des organisations de la société civile n’ont pas été invités. Les participants pour représenter le Mali ont été favorisés grâce à leur courage à défendre la politique française au Mali en souffrance, soutient-on, du côté du CNJ.

Les entreprises françaises en perte de vitesse

Le sommet de Montpellier n’est pas un fait au hasard. Selon LA CROIX, Emmanuel Macron veut impulser une nouvelle diplomatie économique en Afrique, pour redynamiser les entreprises françaises en perte de vitesse.

« La part de marché de la France en Afrique a décru de 11 % en 2003 à 5 % en 2017, alors que la Chine par exemple est passée de 3 % en 2001 à 18 % en 2017. Les pays européens ne sont pas en reste. L’Allemagne s’est glissée devant la France en matière de commerce extérieure avec l’Afrique », relevait le journal La CROIX en 2018.

Autour de cinq grandes thématiques à savoir : l’engagement citoyen, l’entreprenariat et l’innovation, l’enseignement supérieur et la recherche, la culture et le sport, la rencontre de Montpellier du vendredi 8 octobre du mois en cours, avec les représentants de la jeunesse africaine et de sa diaspora, est perçue inéluctablement pour laver l’image de la France en Afrique, reconquérir la confiance de la génération montante, pour repartir comme au départ. Et voilà, toute la politique de Macron.

Ousmane Morba

Source : L’Observatoire

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