Les plus hautes autorités de la Transition insistent sur leur volonté de poser de nouvelles bases du fonctionnement institutionnel du Mali. Seulement, le projet ne semble pas enchanter de nombreux acteurs sociopolitiques.
Dans son adresse à la nation du 22 septembre 2012, le président de la Transition, le Colonel Assimi Goïta, avait mis un accent particulier sur la tenue prochaine d’assises nationales de la refondation, dont découleront les réformes profondes de l’Etat malien. En clair, le chef de l’Etat annonçait que le processus de « refondation » du Mali est irréversible et qu’il sera, avec son Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga, les maitres d’œuvre de ce chantier.
Or, il apparaît clairement aujourd’hui que les forces vives du Mali ne s’entendent ni sur la pertinence, ni sur l’opportunité des changements fondamentaux à apporter au fonctionnement de l’Etat et au quotidien des populations. C’est ainsi que de nombreux responsables politiques annoncent qu’ils ne participeront même pas aux assises censées discuter des réformes politiques et institutionnelles à entreprendre.
En effet, pour une soixantaine de formations politiques, dont la plupart sont de l’ancienne majorité présidentielle, et de nombreuses organisations de la société civile, les seules sujets pressants de cette transition demeurent l’(amélioration de la sécurité et la tenue des élections générales. Celles-ci sont prévues pour fin-février 2022, mais au jour d’aujourd’hui, les préparatifs peinent à démarrer. Et le Premier ministre a clairement déclaré, récemment, qu’il faut désormais envisager une prolongation de cette période transition.
C’est donc la guéguerre ainsi ouverte entre les acteurs sociopolitiques comme les partis RPM, ADEMA-PASJ, le PARENA, l’UDD, la CODEM, YELEMA, etc, qui rejettent la tenue des assises de la refondation qualifiées d’inopportunes et s’inscrivent dans le respect du délai des 18 mois préalablement défini pour la transition. Et, il est évident que les millions de militants de ces partis politiques pourraient rejeter le chantier des enformes envisagées par les autorités. Ce qui, de toute vraisemblance, impactera négativement l’adoption populaire souhaitable à ces innovations.
En clair, lorsque de nombreux acteurs politiques viendraient à boycotter les assises censées poser les bases de la refondation, le caractère exécutoire des résolutions issues du forum pourrait poser problème. Surtout que le pays vit aujourd’hui dans un contexte de manque de légitimité issue des urnes pour les décideurs du jour. Comment des décisions prises par une frange non assez représentative du peuple malien pourraient être acceptées et traduites en lois de la République, dans un contexte aussi volatile que celui du moment ? Cette question mérite d’être posée surtout que l’organe chargé de légiférer actuellement, de façon provisoire, le Conseil national de Transition avait été contesté dans sa mise en place. Même l’actuel Premier ministre, Dr Choguel Kokalla Maïga avait désapprouvé la procédure et modalités de création du CNT, dont il avait déploré le manque criard de légitimité. Comment de tels législateurs pourraient finir par prendre la lourde responsabilité de traduire en textes de lois des décisions issues d’assises non consensuelles ?
Il urge que le chef de la Transition mette tout en œuvre pour faire en sorte que tout quiproquo soit levé avant d’amorcer de quelconques réformes devant engager la vie de tous les Maliens. Et, le plus tôt sera le mieux. Sinon, le Colonel Assimi Goïta prendra seul le risque de vouloir refonder l’Etat malien sans l’adhésion du peuple.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net