Pays à vocation agricole, le Mali ambitionne de reconquérir et surtout de préserver son titre de premier producteur africain de coton. Cependant, l’utilisation abusive des pesticides chimiques et le changement climatique appauvrissent les terres et font chuter à la longue le rendement agricole annuel.
« Les nouvelles innovations visent à améliorer le bilan carbone de certaines cultures », a expliqué le Professeur Mamy Soumaré, coordinateur de la composante Recherche et développement du projet d’Appui à la transition Agro-écologique en zone cotonnière du Mali (AgrECO). A Bougouni, dans le village de Faragouaran et dans les villages de Farako et de Finkolo dans le cercle de Sikasso, l’équipe du chercheur Soumaré a présenté ses innovations agricoles aux paysans et aux chercheurs d’autres centres de l’Institut d’Economie rurale (IER).
« Au-delà de l’intérêt porté à l’alimentation du bétail, les plantes fourragères utilisées séquestrent le carbone et fortifient le sol », a indiqué le Professeur Mamy Soumaré. Parmi les plantes, il y a le Mucuna déjà approuvé dans le cadre du Projet d’appui au secteur de l’Energie (PASE II). Aussi appelé pois mascate, le Mucuna est une plante grimpante capable de produire 6 tonnes de fanes séchées par hectare.
Grace aux performances du Mucuna, le projet AgrECO, financé en partie par l’Agence française de Développement (AFD) pour quatre ans, a introduit de nouvelles espèces notamment le Brachiaria et le stylosanthes hamata. « Le Mucuna absorbe l’azote et le diffuse au sol », a détaillé Amadou Traoré, chercheur agronome du projet agrECo. Quant au Brachiaria, il permet, selon l’agronome, d’éviter l’érosion du sol, et de garder l’humidité du sol et séquestrer le carbone.
Dans un champ de maïs, ces herbes sont cultivées pour améliorer le rendement. La technique consiste à semer le maïs en premier en laissant de petits espaces entre les semences. Ces espaces serviront à la culture du Mucuna et du Brachiaria. « L’impact de ces deux plantes sont visibles à l’œil nu sur le maïs. Elles augmentent la biomasse des tiges du maïs, et change la qualité du maïs », s’est réjoui le chercheur Amadou Traoré.
L’écimage du coton
Si la culture des herbes permet de fertiliser le sol, ce n’est pourtant pas la seule innovation agricole prônée par les chercheurs de l’IER. L’écimage du coton, une pratique ancienne est aujourd’hui remise au gout du jour par l’équipe du professeur Soumaré. L’écimage est pratiqué sur de nouvelles variétés de cotonnier. Cela améliore le rendement sans que le paysan ait besoin de recourir à la quantité habituelle de pesticide.
La réalisation de l’écimage consiste à supprimer le bourgeon apical de la tige principale du cotonnier. Autrement dit, il s’agit de couper la tête du cotonnier. L’écimage se pratique manuellement au 65e du semi en pinçant l’extrémité encore très tendre de cette tige principale. Le chercheur Seybou Maïga est spécialiste de cette technique, selon lui, l’écimage est fait pour éviter aux insectes de s’attaquer aux cotonniers. Il met terme à la croissance du cotonnier en retour accroît les branches fructifères et donne beaucoup de plus coton par rapport à la culture standard pratiquée par de la Compagnie malienne pour le développement du Textile (CMDT).
A Faragouaran, Salif Bagayoko est un paysan qui a expérimenté la technique de l’écimage. Les cotonniers écimés, explique-t-il, ont des capsules plus gros que ceux non écimés. De plus, le traitement du cotonnier six fois par saison est réduit de moitié avec la pratique de l’écimage.
L’écimage existe depuis 1926 en Afrique. Il permet d’augmenter le cotonnier de 8 capsules à 23 capsules. Il doit se faire au 65 ème jours après avoir semé ou 10 jours après l’apparition de la première fleur.
Le projet a mis en place un volet d’accompagnement des chercheurs. 10 docteurs seront formés sur la problématique des zones cotonnières et 20 titulaires de Master indépendamment des stagiaires reçues.
Le projet est financé par le AFD (agence française pour le développement) avec une subvention de 18 millions et Demi en global. Pour les chercheurs c’est 5,25 millions d’euros, en plus l’IER et le CIRAD contribuent en nature et en équipement. Et le gouvernement du Mali contribue avec 1,2 millions d’euros tout ça pour le côté recherche.
Mamadou TOGOLA
Source : Maliweb.net