C’est la première fois, durant cette transition en cours, qu’un parti politique qualifie officiellement le Premier ministre de personnalité « clivante » et appelle à son limogeage par le chef de la Transition, en vue de son remplacement par un chef de gouvernement moins clivant et plus consensuel.
C’est le PARENA de Tiébilé Dramé, dont on connaît le courage et l’outrecuidance politiques, qui vient de publier un mémorandum plaidant pour un réajustement de la Transition en cours. Cela doit passer, selon le document du parti du bélier blanc, par la mise en place d’un nouveau gouvernement et d’un CNT plus consensuels pour rassembler davantage les Maliens autour d’une nouvelle feuille de route pour aller aux prochaines élections générales.
Cette récrimination contre le Premier ministre de transition traduit l’expression d’une crise de confiance à son égard paar rapport aux chantiers majeurs comme les « assises nationales de la refondation » et leur corollaire de réformes politico-institutionnelles à venir.
Pour plusieurs états-majors politiques, comme le PARENA, la CODEM, le RPM, l’UDD, ce n’est pas autorités de la transition de piloter des réformes devant changer la gouvernance du pays. Ce que le Premier ministre croit foncièrement comme étant son rôle premier. Ce qui fait que Dr Choguel Kokalla Maïga met tout en œuvre pour « refonder le Mali » et ceci, contre vents et marées. Et il faut dire que de nombreux Maliens croient dur comme fer que le Premier ministre est le favori pour redonner espoir au peuple malien. Or, le passé politique de « restaurateur » (ayant défendu la cause de feu le dictateur Moussa Traoré) semble susciter des doutes sur ses intentions refondatrices réelles du pays. Et, la détermination du chef du gouvernement à tenir nécessairement les « assises de la refondation », malgré l’impératif de respect le temps court de la transition, attise des appréhensions.
Cette situation pousse à considérer Choguel Maïga (non moins chef du parti politique MPR, qui avait aussi participé à la gouvernance IBK), comme un Premier ministre « clivant ». Et, comme son gouvernement n’ pas pu honorer l’engagement du respect du délai des 18 mois prévus à la transition, l’on en déduit qu’une prolongation de cette période ne doit être menée qu’avec un nouveau chef du gouvernement.
En outre, avec l’annonce de sanctions ciblées contre des dirigeants de la Transition, l’on se demande si des pressions ne pourraient pas être exercées sur le chef de la Transition pour la nomination d’un gouvernement plus inclusif. Le Colonel Assimi Goita pourra-t-il dans ce cas de figure préserver jalousement son Premier ministre de tout vent de contestation et de défiance ? Rien n’est moins sûr. Surtout que le chef de l’Etat peut être amené à assouplir sa défiance vis-à-vis de la CEDEAO et de la communauté internationale, qui peuvent reprocher au Premier ministre actuel des prises de positions trop critiques à son endroit. C’est pourquoi l’on finit paar se demander si les jours du Premier ministre Choguel Maïga sont comptés à la primature. Nul ne saurait le démentir.
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net