Entre Nous : Trop de fronts !

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Chronique du Mali
Chronique du Mali

De la flambée des prix de certains produits de première nécessité au climat  social pollué par des revendications corporatistes en passant par des tensions politiques nées du non-respect du délai de 18 mois de la Transition sans oublier la situation sécuritaire, le Mali fait face à plusieurs fronts dont la gestion requiert plus d’intelligence mais aussi de ruse, pour ne pas compromettre les acquis précaires.

L’augmentation des prix de certains produits de première nécessité continue de plomber les ailes du gouvernement de Transition qui a pris certaines mesures. Le dernier Conseil des ministres, tenu le 10 novembre dernier sous la présidence du colonel Assimi Goïta, a entendu « une communication du Comité interministériel mis en place pour gérer la flambée des prix et la cherté de la vie ». « Le Conseil a pris acte des efforts du gouvernement et a décidé de subventionner certains produits de première nécessité, notamment le riz, le sucre et l’huile alimentaire », nous apprend le communiqué du Conseil des ministres publié par le secrétariat général du gouvernement. « Cette subvention se traduira par la réduction de la base taxable de 50% sur l’importation de : 300 mille tonnes de riz ;  60 mille tonnes de sucre ; 30 mille tonnes d’huile alimentaire. L’importation des quantités desdits produits est subordonnée entre autres : à la signature avec les importateurs d’un cahier de charge portant notamment sur le prix au détail et la disponibilité des produits concernés sur l’ensemble du territoire national ; au respect des quantités autorisées pour cette opération ; à la mise en place d’un mécanisme de suivi à travers des brigades de contrôle pour garantir l’efficacité de cette opération. La mise en œuvre de ces mesures permettra d’atténuer les effets de la flambée des prix des produits de première nécessité », précise le texte officiel.

Le climat social avec des revendications corporatistes est loin d’être apaisé. Les conducteurs de mototaxis, un secteur qui s’est développé à une vitesse exponentielle en dehors de tout contrôle des services étatiques, se plaignent aussi de l’insécurité, arguant qu’ils sont la cible d’attaques souvent meurtrières de la part des bandits. Ils ont effectué quelques mouvements d’humeurs avant de subir les foudres des gaz lacrymogènes. La synergie des syndicats de l’éducation du 15 octobre 2016 a entamé des négociations laborieuses avec le gouvernement autour du fameux Article 39. La récente grève de cinq jours du Syndicat national des Banques et Établissements financiers a relevé à l’opinion toutes les difficultés de l’équipe gouvernementale à contraindre le Syndicat et le Patronat des banques à trouver un compromis acceptable.

Des tensions politiques persistent avec le boycott des Assises nationales pour la Refondation par une frange non négligeable de la classe politique et de la société civile qui rejette toute idée de prorogation de la transition au-delà des 18 mois conformément à la Charte de la Transition.

La situation sécuritaire se dégrade dans plusieurs endroits du pays, livrés aux groupes armés radicaux. Le Cadre stratégique permanent (CSP) continue avec sa tournée de sensibilisation. Les chefs traditionnels de certaines communautés des régions de Kidal, Gao et Tombouctou étaient récemment en Italie.

Il y a un pourrissement de la situation interne qui risque de mettre le gouvernement de Transition sous sanction de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) dans une posture assez vulnérable. La marge de manœuvre de l’équipe exécutive de transition se rétrécit davantage. Trop de fronts par un Etat très fragile qui peut difficilement faire face au quasi-isolement diplomatique qui se dessine. Le Mali est à un moment très critique de son histoire.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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