Cher grand-père
Je t’écris cette lettre depuis la République des quatre grands fronts, le front de la rébellion, ceux du djihadisme, de la Transition et de l’ignorance. Ha Oui ! La République des 4 guerres. Des rebelles qui veulent la diviser, des présumés djihadistes qui la détruisent, des militaires qui l’étouffent devant l’inertie ignorante des autres. Pauvre République ! Pauvre Mali !
Ha oui ! Cher grand-père ! En 1960, nous avons posé la première pierre de la République avec une Armée républicaine, des leaders républicains et une gestion républicaine. Aucune ethnie n’était plus privilégiée que les autres. Aucune région n’était au devant. Kidal était comme Kayes. Et au nom de cette République, un enfant de Diola allait se battre à Labbézanga. Pour et au nom de la République. Seule la République. Des valeurs, des pouvoirs et des institutions
En 1992, nous bâtissons une République démocratique. Désormais, ce sont les élections qui portent au sommet de l’Etat et par mandat. Le pouvoir judiciaire n’était plus sous le joug politique et la politique passait par les voies tracées du législatif. Un grand chantier venait de naitre. La Laïcité, l’intégrité et la forme républicaine ont été sacralisées pour l’Armée et pour tous les Maliens. Tous !
Mais Hélas ! Aujourd’hui, au nord, une rébellion s’attaque à l’intégrité. Au centre le djihadisme s’en prend à la laïcité et au sud, l’Armée sensée républicaine écrase la forme républicaine. Le tout devant l’inertie ignorante de tout un chacun. Et chaque main levée contre cette gestion, est traitée d’apatride, de traite, de 5ème colonne et de pro-français.
Cher grand-père ! La question que se pose tout averti au regard distant et à la lecture objective. « Comment une Armée qui s’en prend à la forme républicaine, va-t-elle sauver la laïcité et l’intégrité d’une République » ? « Peut-on donner ce que l’on n’a pas » ? Le sens du « républicanisme démocratique ».
Cher grand-père ! Le Mali n’est pas qu’un récépissé onusien mais une République démocratique dont la sauvegarde incombe au monde entier. Et le Mali ne peut exister qu’en République, en Etat de droit et en démocratie. Et pour cela, il faut sauver la République d’abord. Un pouvoir central et concentré est la plus grande menace à l’existentialisme du Mali. Que bon nombre ne cessent de confondre à l’épopée manding et l’empire du Ghana.
Donnons-nous d’abord une République. Une République de valeur démocratique institutionnelle et d’Etat de Droit. Sinon dans ce tâtonnement où un seul Dieu, pardon un seul homme peut tout abroger et décider tout sur ‘’1 204 000 Km 2 ‘’, pardon entre Ségou et Kati, nous prenons trop de risque et d’insécurité politico-institutionnelle. L’absence accouche l’oubli. A bon entendeur ! Ma 124ème lettre. A mardi ! Inch’Allah !
Lettre de Koureichy
Source : Mali Tribune