Le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga s’est fait trop d’ennemis qu’il est difficile à la gouvernance qu’il conduit durant cette transition rectificative de relever les défis auxquels le pays fait face.
L’histoire retiendra d’abord que le Premier ministre de Transition a été critiqué par certains acteurs politiques et cela leur a coûté des condamnations par la justice. Il s’agit en particulier d’Issa Kaou Djim et d’Oumar Mariko. Le premier, le désormais ex-membre du CNT, président du parti ACRT, vient de rallier le camp des contestataires de la prolongation de la transition. Il se fait déjà menaçant quant au respect du délai de la transition, scandant dans sa récente sortie le slogan «élection ou rien ». Avant de dénier toute légitimité au pouvoir de transition au-delà du 27 février, date précédemment prévue pour les élections générales.
Le second, Dr Oumar Mariko de SADI, pour une histoire de vocal, dans lequel il tient des propos peu amènes à l’endroit du Premier ministre, est en prison au grand mécontentement des anciens leaders de l’AEEM et d’une partie de la classe politique. Au même moment, relèvent certains observateurs, des griefs judiciaires peuvent aussi être faits sur des propos tenus par Dr Choguel Kokalla Maïga dans un autre message vocal, pour lequel il n’a même pas reçu aucune simple audition. Ce qui donne l’impression que la justice a des efforts à faire pour s’inscrire dans une certaine équité.
Par ailleurs, d’autres acteurs sociopolitiques sont à couteaux tirés avec le chef du gouvernement, qui a décidé ouvert une véritable boite de Pandore par sa méthode de gestion des affaires publiques. Il est alors accusé par des cadres comme Pr Clément Dembélé, Nouhoum Sarr et, entre autres, des partis et associations comme l’ADEMA, le CNID-Faso Yiriwa ton, le RPM, le MODEC, l’UDD, la CODEM, le PS Yelen Kura, le PARENA, YELEMA, l’ASMA et leurs leaders de vouloir mettre sous le boisseau les acquis démocratiques. On le dit en croisade contre les leaders du mouvement démocratique et leurs émanations. Or, les régimes politiques précédants cette transition, celui d’Alpha Oumar Konaré, ATT, IBK, sont tous, à des degrés divers, tributaires de ce mouvement démocratique, qui a garanti des libertés intouchables aux Maliens. Porter atteinte à ces acquis démocratiques ou vouloir restreindre leurs effets n’est-il pas suicidaire pour le chef du gouvernement de Transition ? Rien n’est moins sûr. Sous d’autres cieux, des ministres issus des états-majors susmentionnés, tels Pr Bréhima Kamena du CNID-Faso Yiriwa ton devrait quitter l’attelage gouvernemental ou menacer de le faire…
Par ailleurs, il n’est un secret pour personne que pour mieux juguler la crise sécuritaire, les forces vives du Mali doivent se donner la main. Comment le pourraient-elles dans un contexte où le Premier ministre est presque devenu un ennemi à abattre à certains acteurs politiques et non des moindres ? Comment le processus de paix peut-il être dynamisé quand on sait qu’il y a des accointances supposées ou avérées entre ces chapelles politiques et les mouvements signataires de l’Accord pour la paix issu du processus d’Alger ? Comment les assises nationales de la refondation peuvent-elles connaître le succès attendu avec de telles adversités dans le monde sociopolitique national ?
Toutes ces frustrations incitent les acteurs politiques concernés à se regrouper dans des sortes de replis identitaires pour « résister aux restaurateurs». Ce qui peut secouer la transition et ralentir les efforts d’avancement du pays vers une sortie du gouffre.
Enfin, quid de l’adversité internationale suscitée par le discours guerrier et populiste du Premier ministre hors des frontières nationales ? Trop de front que Choguel Kokalla Maïga a ouverts et qu’il peine à voir fermés. Toute chose qui complique le processus de la transition en cours, qui aura du mal à trouver le consensus nécessaire aux réformes politico-institutionnelles souhaitées. Ce qui est bien dommage !
Boubou SIDIBE
Source : Maliweb.net