Au Mali on est désormais à bout de souffle et de nerf, et bien malin qui pourra être l’homme providentiel qui viendra crever l’abcès pour dégourdir la léthargie, vu que le Premier ministre, bouclier de la transition, voit s’estomper l’effet miracle de ses discours ajouté au bouillonnement de ce qu’il reste d’une scène politique muselée.
En effet, depuis sa nomination tumultueuse à la primature, Dr Choguel K Maiga essuie sans cesse de véhémentes critiques venant de divers horizons, quoique son immense expérience de la politique à la malienne l’ait révélé sous les traits de porte-étendard de la transition à l’extérieur et de Don Quichotte assez audacieux pour faire exulter ses concitoyens à coups de diatribes en direction de l’Etat français.
Cependant si le Premier ministre, en fin politique, a avec maestria tiré son épingle d’un jeu qui s’annonçait plus qu’hostile, commence pour l’heure d’un esseulement inexorable comparable au sort de l’ex Premier ministre Soumeylou Boubèye Maiga en 2019. Lequel s’était également hasardé – peut être par suffisance et excès de zèle – à braver concomitamment une frange importante de la classe politique et le très influent imam de Badalabougou en la personne de l’imprévisible Mahmoud Dicko. La comparaison peut paraitre inappropriée mais, connaissant le pinacle de versatilité politique atteint au Mali, on ne doit pas être surpris de voir l’invraisemblable puzzle ayant évincé Boubèye Maiga se remettre en place pour faire rebelote contre le docteur Choguel, surtout que les fronts pullulent en même temps que l’épée Damoclès de la CEDEAO est suspendue sur sa tête. Sans compter l’acrimonie de l’imam Dicko, les tirs croisés d’acteurs du Mouvement démocratique et même de certaines hautes personnalités de la Transition, et pour couronner le tout celle de la France et de la communauté internationale qui ne digèrent toujours pas son outrecuidance.
En somme, la grande campagne de renversement du Premier ministre Maiga est ostentatoire et risque de se conclure par une probable disgrâce de la majorité d’un peuple affamé, qui continue tout de même de le porter à bout de bras.
Tout compte fait, la politique est juste une question de choix de cheminement et l’actuel Premier ministre a opté pour la défiance pour conquérir l’estime de ses compatriotes. Mais si la farouche lutte de ses détracteurs aboutissait le colonel Assimi Goita, à qui on ne tient pas beaucoup rigueur de la situation présente du pays, aura du pain sur la planche sans son bouclier miracle.
Ousmane Tiemoko Diakité
Source : Le Témoin