Les fameuses Assises Nationales de Refondations (ANR) ont enfin démarré le samedi 11 décembre 2021. D’abord au niveau communal, mais elles doivent se poursuivre, ensuite, aux niveaux régional et national jusqu’au 30 courant.
Selon les autorités de la Transition, les ANR visent à poser l’ossature du nouveau Mali ou le « Mali Kura ». Pour ce faire, la parole sera donnée à toutes les couches socio-professionnelles et dans toutes les contrées du pays. Dans son adresse à la Nation du jeudi 9 décembre, le Chef de l’Etat a martelé que « les ANR de l’Etat du Mali constitueront un moment privilégié d’examen collectif de conscience et de prospective, un évènement précurseur du processus de renaissance de notre pays ».
Certes, les Assises Nationales de Refondation visent des objectifs louables car ce pays a fortement besoin de réformes politiques et institutionnelles majeures, mais en réalité, les ANR serviront aussi à proroger la Transition et donc de maintenir les autorités actuelles sur place. C’est un secret de polichinelle, l’élection présidentielle prévue à la date du 22 février n’aura pas lieu. Pour certains politiques, les Colonels ont eu goût du pouvoir ! Il faut donc trouver un mécanisme pour légitimer la prorogation de la Transition. Ils estiment que les militaires ne se sont jamais inscrits dans une démarche d’organisation d’élections et ils ont été renforcés dans cette posture par l’arrivée de Choguel Magἲa à la primature.
La subordination de l’organisation de l’élection présidentielle à la tenue des Assises Nationales de Refondation et la dernière adresse du président de la Transition sont révélatrices de cette volonté. En effet, dans son adresse à la Nation, le Colonel Assimi Goïta a signifié que : « Les ANR {…] sont une aubaine pour instaurer entre toutes les filles et tous les fils de ce pays un dialogue franc, direct et fécond afin d’atténuer les querelles infécondes qui tendent à miner le processus de Transition en cours et nuire à l’espoir de la renaissance du peuple Malien… »
Ainsi, on le constate bien, il s’agit là de parler, non seulement de reformes, mais aussi de la Transition en cours durant les ANR, de faire en sorte que la Transition puisse se poursuivre sans opposition majeure, mais le pari n’est pas gagné d’avance, car les autorités n’ont pas réussi à trouver le consensus autour de l’organisation des ANR, ni au niveau national, ni au niveau international. Donc, ce ne sont pas les recommandations qui feront l’unanimité.
En outre, en dépit des contestations internes, des sanctions ciblées et des menaces de sanctions supplémentaires de la Communauté Internationale, les autorités maintiennent leur cap. Alors les ANR sont-elles une fin en soi ou jute un moyen ? Non, les ANR ne sont pas une fin en soi, c’est juste l’un des moyens pour poser les jalons de la Refondation. D’autres assises de ce genre ont eu lieu sous le régime déchu d’IBK, notamment le Dialogue National Inclusif (DNI) dont les recommandations ont été mises sous les placards.
Nous espérons que ce ne sera pas le cas pour celles qui sont en cours, sinon les critiques des ANR auront raison sur les autorités et leurs laudateurs. Et nous aurions perdu du temps inutilement pour des ANR qui n’auraient pour seul objectif que de maintenir au pouvoir des hommes en treillis et leurs suppôts civils.
Bouakary Ouattara
Source : Le Pélican