Quelques jours après le sommet extraordinaire de la Cedeao et de l’Uemoa, ayant imposé des sanctions économiques et financières au Mali, des milliers de Maliens ont investi la Place de l’Indépendance vendredi 14 janvier 2022. Ce, afin d’exprimer non seulement leur désapprobation, mais aussi d’apporter leur soutien aux autorités de la transition. Surtout pour la prolongation de ladite transition.
A l’appel du gouvernement, tel un baroud d’honneur, aussi bien à Bamako que dans toutes les grandes villes du Mali, des centaines de milliers de personnes ont manifesté au Mali pour exprimer leur fierté.Il s’agissait surtout de s’ériger contre les sanctions de la Cedeao, jugées illégales et inhumaines par l’ensemble du peuple malien et au-delà. En témoigne la présence des communautés d’autres pays africains aux différents meetings organisés un peu partout à travers le Mali. Ces manifestations populaires à travers le pays, appuyées par les appels au soutien du Mali, légitiment à plus d’un titre les autorités de la transition. Car, dans l’opinion populaire, sous le magistère du colonel Assimi Goïta, le Mali commence à se faire respecter dans le concert des nations.
Ce sursaut patriotique à l’allure nationaliste visait à envoyer un double message à la communauté internationale qui, estime-t-on, fait une lecture erronée de la situation du Mali. Il s’agissait de dénoncer les sanctions injustifiées contre le Mali et de prouver que le peuple est avec la transition en cours. Mieux, le peuple se montre favorable à la prolongation de la période transitoire, allant de 6 mois à 5 ans, conformément aux recommandations issues des Assises nationales tenues en décembre 2021. Afin de rétablir la sécurité sur toute l’étendue du territoire nationale d’une part et d’autre part engager les réformes nécessaires pour l’organisation des élections crédibles, apaisées et acceptées par tous.
Pour la circonstance, on pouvait constater le ressentiment des Maliens contre l’organisation sous-régionale et l’expression de la volonté collective à reconquérir une fierté perdue il y a des décennies. D’où les slogans hostiles aux dirigeants des pays de la Cedeao et une partie de la communauté internationale tels que « A bas la Cedeao. A bas la France. Vive l’armée malienne ; vive les autorités de la transition. La patrie ou la mort».
Pour la circonstance, le porte-parole du gouvernement, colonel Abdoulaye Maïga, réconforté par la mobilisation générale du pays, indiquera que la seule préoccupation de la transition demeure, outre la sécurisation du pays, le transfèrement du pouvoir aux civils dans les conditions transparentes et crédibles. «La tolérance et le silence ne sont pas synonymes de peur», a-t-il lancé. Avant d’annoncer les mesures gouvernementales permettant de minimiser au mieux d’éviter les impacts de ces sanctions sur la population.
Face à ces mesures extrêmes prises à l’encontre d’un Etat membre sans littoral et en guerre contre le terrorisme depuis une décennie qui, malgré tout, enregistre des progrès notables dans la sécurisation du territoire et dans le cadre du retour à l’ordre constitutionnel, le Gouvernement de la République Mali avait appelé l’ensemble de la population et de la diaspora à une mobilisation générale sur toute l’étendue du territoire national.D’où les manifestations de cevendredi 14 janvier 2022. Aussi, a-t-il élaboré un plan de riposte pour sauvegarder notre souveraineté et préserver l’intégrité de notre territoire national ;inviter l’ensemble des partenaires sociaux à une trêve afin de faire face aux défis de l’heure ; félicitéles Forces armées de défense et de Sécurité pour les résultats obtenus dans la lutte contre le terrorisme et la sécurisation du territoire et remercier l’ensemble des peuples africains pour leur soutien et leur solidarité.
Sur ces notes, le Gouvernement appelle la population à rester sereine et rassure que toutes les dispositions seront prises pour faire face aux effets des mesures édictées par la Cedeao et l’Uemoa. Des assurances qui ont été réitérées par le ministre de l’Administration territoriale, colonel Abdoulaye Maïga.
« Notre gouvernement mène des actions concrètes sur le terrain. Et comme décidé aux assises nationales, la sécurité de tous les Maliens est aujourd’hui la priorité des autorités du Mali. Au moment où l’armée est entrain d’enregistrer des résultats encourageants sur le terrain qui se soldent par l’arrestation de plusieurs terroristes, nous avons constaté que les chefs d’Etat de la Cedeao ont décidé de sanctionner notre pays.
Sous le leadership du chef de l’Etat, nous avons préparé une stratégie de riposte. Toujours nous donnons une chance au dialogue avec la Cedeao. Nous continuerons à rassurer ceux qui partagent le soutien des objectifs de la transition tout en continuant à poursuivre des stratégies afin de convaincre ceux qui hésitent à nous rejoindre. Nous-nous réjouissons de la solidarité africaine et d’outre-mer dont nous bénéficions contre les sanctions de la Cedeao », a déclaré le porte-parole du gouvernement devant les milliers de manifestants à la Place de l’Indépendance.
Pour sa part, le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga qui a transmis les salutations du président Assimi Goïta a affirmé qu’il est important que la communauté internationale comprenne le peuple malien. « Aujourd’hui, le monde entier voit où se trouve la légitimité populaire. Qu’on nous restitue notre indépendance et notre dignité.Dans une certaine mesure, le destin de l’Afrique se joue au Mali aujourd’hui. C’est pourquoi les peuples africains, partout, soutiennent la lutte du peuple malien. Il ne faut pas qu’elle se trompe de peuple. Il ne faut pas se tromper d’époque, il ne faut pas se tromper de combat ». Car, parmi les terroristes capturés figurent des ressortissants des pays de la Cedeao. Ce qui prouve à suffisance qu’il y a des cellules dormantes dans ces pays. Il faudra faire face à cette situation, avant que ces cellules ne s’activent. Pour le Premier ministre, ce combat doit être celui de la Cedeao.
Dans un discours guerrier, le Premier ministre a expliqué les enjeux du moment, surtout la détermination des Maliens à s’assumer. Choguel K. Maïga a rappelé que notre peuple est vaillant. Avant de préciser :« Si le colonisateur a occupé certains pays en 6 mois, il lui a fallu 38 ans de guerre pour pouvoir occuper notre territoire par les armes. C’est pourquoi nous n’avons peur que de Dieu et du peuple malien ».
Et d’ajouter : «En 6 mois, nous avons mieux équipé l’armée malienne plus qu’il ne l’a jamais été pendant les vingt dernières années. Il en est de même pour le nombre de terroristes neutralisés et de bases détruites par nos forces de défense», se félicitera-t-il.
Ce fut l’occasion pour le chef de gouvernement de remercier les Maliens de leur soutien à la transition, mais surtout la Guinée et l’Algérie pour leur engagement à nos côtés. Il a également remercié nos partenaires militaires comme la Chine et la Russie pour avoir opposé leur véto lors du dernier sommet de l’ONU sur la situation dans notre pays. Une motion de remerciement a été adressée à la Guinée Conakry qui, bien que sous l’effet de suspension de la Cedeao, a refusé d’appliquer les mesures illégales et illégitimes de l’organisation sous-régionale en maintenantses frontières ouvertes avec le Mali.Partant, poursuivra Choguel Kokalla Maïga, le plan de riposte pour la sauvegarde de la souveraineté a déjà été adopté et a demandé aux Maliens d’être rassurés.
Une opportunité pour lui de féliciterla vaillante armée malienne qui ne cesse de faire des exploits ces derniers temps sur le terrain. Et de demander aux Maliens de faire entièrement confiance en cette transition qui travaille à redonner au Mali ses valeurs d’antan.
Ainsi, annoncera-t-il qu’à l’issue d’un conseil spécial de défense nationale tenu le 14 janvier 2021, il a été décidé d’élaborer une stratégie pour rentrer en résistance contre l’humiliation la Cedeao veut faire subir au Mali à travers ses mesures illégales et illégitimes.
Oumar KONATE
Source : La Preuve