Mali- France : Rompre avec les anciennes pratiques

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Entre Bamako et Paris un nouveau système de relations va lentement et sûrement émerger et qui va se substituer à celui qui s’est instauré depuis six décennies. Mais ce nouveau système ne s’établira solidement que s’il tient compte des vues et des intérêts du Mali et ne survivra que si ce dernier sent qu’il a quelque chose à y gagner.

Le nouveau système de relations devra – conformément à la législation internationale – respecter la souveraineté et l’égalité de tous les Etats, qu’ils grands ou petits, riches ou pauvres. Toutes les formes surannées de néo-colonialisme, de paternalisme ou de tutelle doivent être proscrites. En clair, le Mali doit être pleinement libre de déterminer son propre système politique, économique et social, sans aucune contrainte extérieure, pas même des institutions de Breton Wood (Fonds monétaire international et Banque mondiale).

Simultanément un système de complète égalité implique chaque partie se reconnait autant d’obligations que de droits. A l’obligation pour le partenaire d’accompagner les efforts de développement du Mali correspond pour ce dernier d’employer les ressources à l’amélioration des conditions de vie de l’ensemble de la population et non d’une minorité privilégiée.

Non aux diktats

Aussi est-il de l’intérêt légitime du partenaire que le Mali progresse en mobilisant les énergies par les réformes politiques et institutionnelles. Les discussions sont possibles. Les partenaires sont prompts à chercher à influencer la politique intérieure par la persuasion mutuelle, mais les diktats sont de plus en plus inacceptables.

Les investissements étrangers constituent un domaine particulièrement sensible où les droits et les obligations des uns et des autres doivent être soigneusement équilibrés. Il appartient au Mali de déterminer dans quelles conditions il accepte des investissements étrangers.

La France ne peut occulter que les bisbilles actuelles sont le résultat des échecs de la coopération par le passé, qu’elle porte une part de responsabilité dans ces échecs, et que seule une politique pondérée peut sauvegarder les chances d’une coopération dans l’avenir. Si on ne remédiait pas aux causes des frictions, les chances d’un nouveau départ seraient effectivement minces. Le Mali a suffisamment de blé à moudre – meilleure répartition des richesses, réduction du chômage, accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’eau potable, à l’électricité, entre autres, que d’avoir chaque fois à lutter contre la rébellion touarègue soutenue par Paris. Si Paris lorgne le sous-sol malien, les négociations sont possibles. Mais, instrumentaliser des gens pour faire main basse sur des ressources minières et pétrolières n’est pas de nature à entretenir d’excellents liens de coopération.

Georges François Traoré

Source : L’Informateur

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