Entre Nous : Des succès mais…

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Chronique du Mali
Chronique du Mali

La Direction des Informations et des relations publiques des Armées (DIRPA) publie régulièrement, depuis quelques semaines, le résumé des opérations militaires contre les groupes armés radicaux. Des images diffusées témoignent des coups portés à ces groupes. Des succès qui réconfortent et donnent de l’espoir. Déjà, depuis un certain temps, les groupes armés radicaux ne s’attaquaient plus qu’aux cibles moelles, comme on le dit dans le jargon militaire. Un signe interprété par les spécialistes en la matière, comme des périodes de grandes difficultés.

Pour la première fois, les FAMa sont mis en service un numéro d’appel gratuit afin de permettre aux populations de dénoncer des actes suspects liés au « terrorisme ». « Dans le cadre de la lutte contre le terrorisme au Mali, les FAMa vous offrent un Centre d’Appel avec 02 numéros d’appel gratuit à partir du mercredi 02 février 2022 à 09h 00. Ces numéros sont mis à disposition pour vous permettre de donner des informations sur les menaces sécuritaires, les renseignements sur les groupes armés terroristes, les contrebandes », peut-on lire dans un message posté sur la page Facebook des Forces armées maliennes.

Déjà, plusieurs numéros verts étaient en service au niveau de la Police et de la Gendarmerie nationale. L’initiative est-elle bonne ? Les populations civiles seront-elles considérées désormais comme des collaboratrices ? Les FAMa ne devraient-elles pas privilégier d’autres types de renseignement plus discrets ? Difficile d’y répondre. Une évidence, les groupes armés radicaux comme ceux qui endeuillent le Mali et le Sahel deviennent plus atroces dans leurs agissements quand ils sont acculés comme c’est le cas actuellement. Ils deviennent plus cruels dans leur mode opératoire. Et dans les jours à venir, il ne faut pas être surpris de les voir s’en prendre violemment aux populations civiles en représailles aux défaites qu’ils subissent afin de mieux choquer l’opinion publique. La barbarie de Songo dans la région de Bandiagara en est une illustration parfaite. C’est pourquoi, il faut se garder de certaines initiatives pouvant être perçues par les éléments des groupes armés radicaux comme une façon d’entraîner les populations civiles dans la lutte contre ce phénomène. Jusque-là, à la différence d’autres groupes, ceux qui sont au Mali s’en prennent rarement aux populations civiles. Ils excellent plus dans les assassinats ciblés de ceux qui sont considérés à leurs yeux comme des collaborateurs de l’Armée et des forces internationales. Ils se gardent toujours de revendiquer les tueries de masse perpétrées par leurs éléments aveuglés par le dessein de punir telle ou telle communauté en représailles aux choix d’alliance ou aux décisions de tel ou tel haut responsable.

Les jours à venir peuvent être sombres. Il faut rapidement réfléchir sur les nouvelles stratégies pour mieux contrer les groupes armés radicaux dans leur volonté de semer davantage la terreur au sein des populations. Aussi, les autorités politiques et militaires doivent se garder d’ouvrir d’autres fronts dans ce contexte d’isolement diplomatique du Mali. Quand un pays est en froid avec ses voisins, les dirigeants doivent s’abstenir de certaines aventures qui peuvent avoir des conséquences fâcheuses pour l’existence du pays. A l’état actuel et au regard de la situation diplomatique et les conséquences économiques certaines sur les caisses de l’Etat, il ne serait pas souhaitable d’entreprendre des options qui risqueront de briser la montée en puissance des FAMa comme ce fut le cas en mai 2014 avec les événements tragiques de Kidal, lesquels ont mis le Mali dans une posture difficile.

Les récentes victoires doivent inciter à plus de vigilance et de détermination. Car, la lutte contre cette forme de violence s’inscrit dans la durée avec des groupes qui se métamorphosent rapidement en adaptant leurs modes d’actions à l’évolution du terrain.  Les opérations militaires en cours porteront un coup dur mais ne mettront pas fin aux actes de violence.

Par Chiaka Doumbia

Source : Le Challenger

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