Les Chefs d’Etats de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, CEDEAO, lors de leur sommet ordinaire, tenu à Accra au Ghana, sur les trois crises, à savoir le Mali, la Guinée et le Burkina Faso, n’ont pas voulu sanctionner davantage le Burkina à raison de l’humilité et de la bonne coopération du putschiste. Le lieutenant-colonel Damiba semble comprendre les enjeux et n’a pas voulu engager un bras de fer avec la Communauté sous régionale dont la moindre sanction pourrait étouffer son pays, enclavé, sans littoral et déjà fragilisé par la crise multidimensionnelle. Pour rappel le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba, après s’être montré plus coopératif et disposé à travailler pour une courte transition, a véritablement facilité la mission de la CEDEAO, qui n’aura d’autre choix que d’accompagner le Faso. Il aura en plus des organisations sous régionale, régionale le soutien de la communauté internationale.
Son homologue malien, le Colonel Assimi Goïta n’a pas eu cette chance, lui dont le pays est durement sanctionné par la CEDEAO et partiellement isolé diplomatiquement sur la scène internationale. Le Colonel, adulé par son peuple semble avoir le vent en poupe, mais pour combien de temps encore, surtout quand on sait que son peuple croupit sous le poids des sanctions, bien qu’elles soient illégales et illégitimes. La question que bon nombre d’observateurs et analystes de la scène politique malienne se posent est celle de savoir si le Colonel Assimi Goïta agit de bonne foi ou bien s’il est l’otage des hommes politiques aux agendas cachés. Comprendra -t-il très tôt qu’il est sur une mauvaise piste et qu’il faille se ressaisir rapidement avant qu’il ne soit trop tard. Les grandes prouesses enregistrées sur le terrain militaire risquent d’être une goutte d’eau dans l’océan si les sanctions devaient perdurer. Alors pour atténuer la souffrance de son peuple il doit très vite proposer un chronogramme raisonnable et acceptable par l’organisation sous régionale. Tout autre discours relèverait du populisme et de la boulimie du pouvoir.
Le héros du coup d’Etat du 18 Août 2020 et de la mémorable mobilisation de soutien du 14 janvier 2022 ne doit pas accepter d’être le bourreau de son peuple. Et tant qu’il continue à écouter les zélateurs et autres assoiffés du pouvoir, sa belle transition risque de terminer en queue de poisson
En somme il est bien beau de revendiquer sa souveraineté, il serait même logique de se battre pour son indépendance, mais le mieux est d’être réaliste et de savoir défendre les intérêts de son peuple. Cette leçon est en train d’être comprise par le Colonel putschiste du Burkina Faso, Paul Henri Sandaogo Damiba. C’est tout le contraire de son homologue malien le Colonel Assimi Goïta, qui semble se laisser manipuler par certains hommes politiques aux agendas cachés. Les discours à la fois belliqueux, emprunts d’arrogance, d’orgueil, et surtout va-t’en guerre, ne faciliteront jamais la tâche des autorités maliennes dans leurs négociations avec la CEDEAO. Le Lieutenant-Colonel Damiba semble s’inspirer des errements de la junte malienne pour non seulement se rendre à l’évidence qu’une sanction comme celles du Mali causerait plus de tort à son peuple que le régime qu’il a chassé du pouvoir, mais aussi et surtout qu’un isolement diplomatique nuirait davantage à son pauvre petit pays.
Youssouf Sissoko
Source : L’Alternance